- Cette décision t'appartient en ton âme et conscience, je ne serai pas déloyal vis-à-vis de ta décision.
- Qu'est-ce que tu fais si je me maintiens ? Et si je pars ?
- Dans le premier cas, ça devient compliqué...
- Je serais prêt à me retirer, mais Sarko s'oppose à ta candidature. Je suis le seul à pouvoir empêcher l'explosion du parti (...)
Tout était fait dans le but de rassurer et d'apaiser les membres. Décodage biologique, yoga, enseignement collectif, cours de survie; méditation, introspection, le rythme était digne d'un sportif. Son alimentation aussi avait été modifiée. Repas équilibrés pris à heure fixe, très peu de protéines d'origine animale, jamais d'alcool. Et pour l'aider à s'habituer à ce nouvel équilibre vital, on lui donnait un médicament à base de plantes qui l'aidait à dormir, ainsi que des vitamines au petit déjeuner. Parmi les règles qu'elle devait s'obliger à respecter : interdiction de se masturber (elle n'en avait plus envie, le sexe lui faisait horreur !), de manger en cachette, de boire de l'alcool dans un bar, de lire la presse, de regarder la télévision ou de consulter Internet. Si elle voulait un livre, les milliers d'ouvrages de la bibliothèque étaient à sa disposition. On lui avait aussi déconseillé d'appeler des proches ou des amis. Pas de risque de ce côté-là, elle avait jeté son portable avant de quitter le France.
C'était une décision difficile. Elle y avait pensé pendant le week-end, mais depuis le reception de ce sms révoltant qui avai agi comme un déclencheur, elle avait choisi de passer à l'acte et de se fier à son intuition.Avec un père mou et débauché, elle ne pouvait plus attendre. Ce n'était qu'un juge sans envergure ni pouvoir. Dieu que l'image du justicier super-héros de son enfance était loin!
Son obsectif était simple: infiltrer la secte sous une fausse identité, mener son enquête et retrouver Blandine.
Entre-temps, il [François Fillon] appelle Nicolas Sarkozy pour lui dire aussi qu’il se maintiendra malgré sa mise en examen.
Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.
Albert Einstein
Vénissieux, banlieue sud de Lyon, le 15 novembre
«Fous le camp ou j'appelle les flics !» gueule le patron.
Honteux, Francis Véry se tasse devant le comptoir, incapable de réagir ou de s'excuser à nouveau ; les mots ne sortent plus, ses yeux ne lâchent pas le ticket de caisse : trois euros cinquante. Le prix d'un demi qu'il ne peut régler. La dèche, à un point jamais atteint ! Même aux heures les plus sombres de son deuxième licenciement.
Puis, réalisant que le taulier va le jeter dehors manu militari, il recule vers la sortie sous le regard alcoolisé des derniers clients, trébuche sur le rebord du paillasson, ouvre la porte vitrée d'un geste maladroit et sort, oubliant sa casquette sur le bar.
La société française s’est insidieusement judiciarisée avec l’irrésistible ascension du juge constitutionnel, administratif, défenseur des droits, celui de l’audiovisuel, de l’informatique et des libertés, de la Bourse, du juge européen, international… Nous avons assisté au démembrement du pouvoir politique par le politique au profit d’instances qui n’ont d’autres légitimité que leur nomination. Le pouvoir politique s’est défaussé sur ces instances qui l’empêchent aujourd’hui d’agir, ou pire, agissent à sa place. C’est la souveraineté politique, et donc populaire, qui est en jeu. Il va falloir du courage pour restaurer la souveraineté issue du suffrage universel.
Il est seul dans la rue et avance lourdement, sans même prendre la peine d'éviter les flaques. À quoi bon ? L'eau glacée ruisselle sur ses cheveux et s'infiltre dans son cou, glisse le long de son dos et de ses jambes pour finir dans ses chaussures. Il grelotte des pieds à la tête et se mouche plusieurs fois avec les doigts, dans un geste qui, quelques heures plus tôt, lui aurait fait horreur. Le trajet lui semble interminable et il ne parvient pas à chasser de son esprit torturé l'enchaînement fatal qui a fait de lui un moins que rien.
Rien de ce qu'elle voyait ou entendait ne semblait de nature à aliéner les individus, ni à les entraîner à vivre hors de la société.
Au contraire. Il était question de liberté, d'amour, de spiritualité, d'épanouissement, de responsabilité à l'égard de son prochain, de progrès individuel et collectif et la conclusion enthousiaste de l'acteur Tim Cross ne laissait aucun doute quant à la pureté des intentions d'Ernst Blake.
Là, il ouvre en grand la fenêtre principale, celle qui donne sur les monts du Pilât; d'habitude, il aime les contempler, surtout lorsque le soleil couchant les nimbe de ses rayons rouge orangé. Mais cette nuit, le brouillard a cédé la place à des bourrasques de pluie qui s'engouffrent et lui fouettent le visage ; un froid de cimetière envahit la pièce, happant dans un tourbillon humide et glacé le voilage en nylon blanc.