- Et en quoi est-ce mieux de parler football ou d'art plutôt que des gens ? lui ai-je demandé, non sans raison.
- Parce qu'en général, ça revient à parler de soi. C'est juste du narcissisme. Nous avons le devoir de nous ouvrir au monde, de nous interroger sur l'univers, de voir plus loin que le bout de notre nez.
- Pourquoi dit-on purée de pois cassés et pas purée de pommes de terre cassées, par exemple ?
- Qui mange encore de la purée de pois cassés ?
- ... C'est un truc bizarre, la douleur.
- Comment ça ?
- Eh bien au moment où tu la vis, elle est tout ce que tu es. (...) Et une fois la douleur partie, tout de suite après je veux dire, pas des années plus tard, il n'en reste plus rien, juste les mots qu'on utilise pour la décrire.
chapitre : 1
Alice n'avait jamais parlé du garçon mort. Malgré son désir lancinant, elle n'avait jamais senti la douceur de son abondante chevelure noire, frôlant leurs deux visages avec un charme sensuel et désinvolte. Elle n'avait jamais senti ses lèvres pleines au dessin slave, qui faisaient si facilement la moue - non pas la moue de l'enfant gâté ou de l'adolescent renfrogné, mais le petit 'oh', la moue de pur étonnement, de surprise à l'arrivée fulgurante de la mort.