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4.16/5 (sur 16 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Berlin , le 10/12/1894
Mort(e) à : Auschwitz , le 02/03/1943
Biographie :

Gertrud Kolmar, née Gertrud Käthe Chodziesner le 10 décembre 1894 à Berlin et morte le 2 mars 1943 à Auschwitz, est un écrivain allemand. Elle composa 450 poèmes sauvés par des correspondances avec sa sœur Hilde. Elle prit comme pseudonyme Gertrud Kolmar en référence au nom de la ville natale de son père en Poméranie, Chodziez, Kolmar en allemand. Walter Benjamin son cousin germain aimait ses textes à l'égal de ceux de Baudelaire.

Née dans une famille de la bourgeoisie juive assimilée, elle parlait et enseignait le français et l'anglais. Elle exerçait le métier de préceptrice auprès d'enfants handicapés. Elle poursuivit des études d'interprète à Dijon.

La vaste correspondance que Gertrud Kolmar a entretenue avec sa soeur Hilde, réfugiée en Suisse, est un document exceptionnel sur l'époque. C'est également à Hilde et à son mari, le libraire Peter Wenzel, qui fut l'un des premiers à reconnaître le caractère unique de l'oeuvre poétique (qui comporte 450 poèmes publiés) de Gertrud Kolmar qu'elle adressera tous ses textes, les sauvegardant pour la postérité de la destruction nazie.
Ses soeurs et ses frères, émigrés à l'étranger, entreprennent des démarches pour lui faire quitter à son tour l'Allemagne. Mais elle n'entend pas laisser son père seul aux prises avec le régime nazi. Elle s'en occupera jusqu'en septembre 1942, date à laquelle le veil homme sera déporté. Contrainte dès 1941 au travail forcé dans une usine de cartonnage, elle fut arrêtée sur son lieu de travail le 27 février 1943 et déportée en mars 1943 par le convoi numéro 32 dit "Osttransport", transport vers l'Est, à Auschwitz où décède le 2 mars 1943. L'état allemand la proclama officiellement morte le 2 mai 1951.
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Source : Wikipédia et http://www.christianbourgois-editeur.com et http://www.espritsnomades.com
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
La Danseuse I
     
Je suis le vent d’Est: m’entendez-vous me battre avec les faîtes?
Je suis le ténébreux : me sentez-vous aspirer les marais ?
Je suis le ciel : avec le Grand Chariot.
La terre : avec calcédoine et rubis.
Les pas, puissants et mesurés,
Je n’en ai encore oublié aucun,
Pas toutes les couleurs : vert montagne et carmin.
     
Je fais onduler mon cou comme un cygne.
     
La joie se mire dans son ploiement
Et lui sourit au visage,
Son voile répand des sourcelettes qui se blottissent
Dans cette source plus calme, l’ample lumière
Qu’apportent ses sourcils,
Les ailes du manteau de deuil
Qui surplombent un lys à ruban d’or.
     
Je me projette en un saut comme un poisson.
     
Il bondit autour de sa mort : je fais de même ;
Poussière de la route dans mes ouïes meurtries,
Je me cogne moi-même en une détente à la porte du royaume
Qui éternellement bruisse de feuillage caduc et chenu,
Où de petites peines s’entrelacent au tourment
En une constellation à la combustion laide, mèches effrangées
Qui cherchent convulsivement leur proie.
     
Je porte cette mienne chevelure en terre.
     
Je suis l’arbre de l’humble plainte. Saule.
Je suis la chose qui baisse : lame de faux et pichet.
Je suis l’humain — même si je disjoins mon âme de moi,
Qui suis navire plein de voiles blanches avec la poitrine pour proue.
Elle attend, elle que j’ai répudiée,
Son dernier instant, celui-ci,
Et fait retour en une profonde inspiration.
     
Traduit de l’allemand par Fernand Cambon | ‘Portrait de Femme’, Deuxième Espace, pp. 75-77
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Coquillage d’or
     
Coquillage d’or s’efface tremblant dans la mer
Sous l’étoile flamboyante,
D’espiègles vaguelettes vert bouteille s’assemblent câlines
En un noyau chantant.
     
Car leur animation est chanson taciturne,
Rire qui s’insinue sans bruit,
Âme qui s’enfuit tendre et flottante
En son esquif scintillant.
     
Le cristal rêve-t-il, rien enchaîné,
Derrière le rideau rose ?
La langue du visage spumeux l’a-t-elle capturé,
La musique des dauphins le porte-t-elle?
     
Comme souffrance qui s’estompe papillotante dans le souvenir
Il oscille avec les marées
Ou comme cette félicité
De ne jamais se laisser approcher.
     
Si je plonge mes bras, lourds de la chevelure d’algue,
Si je lève mes mains ruisselantes,
Coquillage d’or parcourt tremblant la mer,
S’abîme et sombre dans les profondeurs.
     
     
Traduit de l’allemand par Fernand Cambon | ‘Rêves de bêtes’, p. 191
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Je n'ai jamais été aimée. L'ami de Susanna, que j'avais à peine entrevu, que je ne cessais de revoir depuis cette nuit-là, c'était le beau jeune homme des livres. Il était ce grand jeune homme grec, mince, aux cheveux bouclés ; dans sa voix le nom de l'aimée n'était que braise. Je ne savais rien. Mais la plus belle des filles ne pouvait appartenir qu'à un homme beau. Et voilà que la plus belle fille aimait cet homme pas très grand, trapu, âgé d'au moins trente ans, qu'elle aimait ces cheveux plats et clairsemés sur cette tête au crâne bombé, et ces traits sans finesse, au type sémitique prononcé. Et il prononçait le nom magique et sa voix ne tremblait pas, et sa politesse tranquille formait un mur insurmontable, impénétrable. Je ne savais rien. Je n'avais jamais aimé.
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Elle était arrivée dans le tramway couverte d'un duvet blanc, comme plumeuse ; maintenant qu'elle en descendait, il ne neigeait plus. Un délicat drap pur et sans tache était étendu sur toute la rue ; elle était la première à l'user, à le salir avec ses chaussures. Le chemin s'éclairait de lui-même avec l'éclat voilé des cygnes. Quand elle longea la Grazietta, les ramures poudrées du jardin avait des lueurs, des résonances cristallines. Quant au ciel, il mûrissait, métamorphosé en un sombre vert pomme. La lune de glace baignait dans le brouillard. (page 141)
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… je sais que l’être humain éprouve ce qui arrive à ce chevalier du conte des «Trois plumes». Comme le petit cheval lui conseille à chaque fois : »Ne ramasse pas la plume», il laisse où elles sont la première et la deuxième plume qu’il rencontre. Mais à la troisième, il ne résiste plus, met pied à terre et la ramasse malgré l’avertissement du petit cheval. Ainsi devient-il roi. » Mais s’il n’avait pas ramassé la troisième plume, il en aurait trouvé une quatrième au sommet de la montagne et serait devenu un puissant empereur. » Il est rare que quelqu’un attende la quatrième plume. La plupart des gens n’arrivent même pas à la troisième; il leur faut immédiatement ramasser la première ou au moins la deuxième plume qu’ils aperçoivent, de peur de ne plus en découvrir d’autre s’ils passaient outre. Et très souvent, c’est bien ce qui arrive, et on ne saurait donner à celui qui a laissé par terre la première plume l’espérance certaine de la deuxième, et encore moins des suivantes.

264 - [p. 150-151]
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Il y a des mots qu'on peut prendre dans la main. Et certains qui ont une odeur... Par exemple, "poêle à frire". Je n'aime pas dire "poêle à frire", la pièce est aussitôt pleine de fumée grasse.
- Et qu'est-ce que tu dis alors ?
Elle réfléchit. "Je dis "rose"." Et je vis le mouvement, je vis le souffle de ses lèvres fleurir comme un bourgeon qui s'ouvre, doucement, avec des feuilles à la respiration sourde, et une odeur merveilleuse. Rose. (p. 14)
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24 novembre 1940 : Dans son Serpent à plumes, Lawrence dit : » Et il lui arrivait parfois de se demander si l’Amérique n’était pas le grand continent de la mort, en face d’une Europe, d’une Asie et même d’une Afrique positives. N’était-elle pas le grand chaudron où les hommes des divers continents positifs étaient refondus, non en vue d’une nouvelle création, mais dans l’uniformité de la mort ? N’était-elle pas le grand continent de l’anéantissement et tous ses peuples, les exécuteurs de la destruction mystique ? Le continent qui détruisait ce que les autres continents avaient bâti. Le continent dont l’esprit luttait à seuls fin de crever les yeux dans le visage de Dieu ? Etait-ce ça, l’Amérique ? »

265 - [p. 142]
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16-10-1938 à Hilde : J’apprends la cuisine comme toi ton anglais et ton espagnol, sans savoir non plus si je mettrai jamais à profit mes connaissances. Mais outre que la compétence n’a jamais nui à personne, le simple sentiment de la posséder est à lui seul un vrai réconfort. Quand j’ai moi-même commencé à apprendre les langues, je ne me doutais évidemment pas qu’elles seraient un jour un « atout ». Pourtant, si je me trouve aujourd'hui dans de meilleures dispositions spirituelles que bien des gens dont la situation n’est par ailleurs plus mauvaise que la mienne, je le dois sans doute en partie à la conscience et à l’assurance de pouvoir me faire comprendre où que j’aille, immédiatement ou du moins assez vite. Naturellement, comme je l’ai dit, ce n’est pas seulement cette conscience qui me tient debout…

276 - [p. 43]
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18 novembre 1912 : … dimanche dernier j’étais si « rompue » que l’après-midi, après avoir nettoyé ma chambre et lavé mes bas, j’ai fait une chose que je ne m’étais pas permise depuis longtemps : absolument rien. J’ai fait ce que je faisais si souvent à Finkenkrug, je me suis assise sur le sofa et j’ai éteint la lumière. Et j’ai réfléchi dans le noir… Et j’ai appliqué - ce que je parviens beaucoup plus rarement à la lumière -- à toute chose, à tous les événements la mesure de l’éternité… et bien des choses qui nous paraissent importantes, qui nous obsèdent, nous irritent, y compris nos chères personnes, se sont effondrées… » Les peuples meurent, pour que dieu vive », ce mot de Saint-Just m’est venu à l’esprit.

253 - [p. 266]
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22.II.1940 - " Mon amie, mon enfant, comme il est beau / Que nous ne nous comprenions pas. » a écrit Max Brod dans un poème. Les hommes d'aujourd'hui, ou je préférerais dire les hommes du moment, se comprennent très peu les uns les autres, sans que pourtant cela soit beau. Leurs soucis, le plus souvent bien réels, mais aussi purement fictifs quelquefois, ont développé en eux une sorte d’égoïsme du sentiment qui produit l’effet suivant : ils se mettent aussitôt à parler à autrui de leurs malheurs ou même simplement de leurs expériences, et des malheurs et des expériences de leurs parents et amis -- et l’autre fait sans doute exactement pareil, il attend seulement que monsieur X, ait fini son rapport sur son fils de Rio pour confirmer, compléter ou contredire les informations qu’il vient d’entendre en exposant les infortunes d’une nièce qui vit également à Rio, et se mettre ensuite immédiatement à parler pendant des heures de sa sœur de Buenos Aires. J’ai parfois carrément l’impression d’ « incontinence » -- les gens ne peuvent garder leurs affaires pour eux. Tu me pardonneras ce mot pas très joli, mais je crois que c’est celui qui convient. J’ai peut-être le cœur dur, je reproche aux gens de tâcher de se soulager les uns les autres en se faisait part de leur fardeau… Si seulement c’était ça -- mais ça ne l’est pas. Chacun marche si courbé sur son propre ballot qu’il voit à peine celui d’autrui et pense encore moins à le lui ôter -- il y a deux personnes qui sont en train de parler et pas une qui écoute. Je reconnais qu’il m’arrive aussi de « hurler avec les loups », simplement parce qu’il est tout à fait inutile de prendre un autre ton. Après coup, je suis toujours accablée et heureuse de me retrouver seule.

273 - [p. 107]
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