Extrait de "Le Déchronologue" de Stéphane Beauverger lu par Jean Christophe Lebert. Parution le 29 avril 2020.
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Une erreur s’analyse. Une bêtise se répare.
Laissons aux brutes les tâches discutables, et contentons-nous d'en discuter.
C'est une vérité cruelle de notre gagne-pain, garçon : le talent et l'expérience s'affûtent surtout à la meule du hasard.
La malchance n'est qu'un autre nom pour l'inaptitude, objecta Pakal. L'homme véritablement libre apprend à plier le destin à sa volonté.
Cependant, avec vos leçons et vos récits, je dois bien admettre que la fatalité demeure plus concrète en mer qu'ailleurs.
Dans une prison, cohabitent deux sortes de prisonniers, ceux qu'on enferme et ceux qui les gardent.
les trônes ont ceci de commun avec les baquets d'aisance que leurs usagers les souillent dès qu'ils s'y posent.
Je vis plusieurs rosaires et quelques bouquets de fleurs sauvages liés à une petite croix fraîchement plantés à deux pas de l'endroit. Les vivants aiment narguer les morts en se rassurant d'être encore ici-bas.
Après plusieurs jours d'hésitation, je laissai donc le Baptiste à ses tatillonnes inquiétudes de précautionneux munitionnaire et décidai de m'octroyer quelques jours de détente à terre parmi les ivrognes et les catins, avec l'espoir de leur dérober un peu de nonchalance.
Ce tremblement serein des charpentes sous le vent. J’aime ce bruit. Il me rappelle que nos lieux de vie sont vivants, à leur façon ; qu’ils demeurent, malgré leurs perfectionnements, ce qu’ils n’ont jamais cessé d’être in fine : des coquilles, des abris, des remparts contre l’hostilité du monde. Même quand celui-ci est apaisé.
Les Espagnols sont fous, Villon. Ils n'ont d'oreille que pour leur dieu mort. N'ont d'yeux que pour ce qu'ils comprennent. Et ils ne veulent rien comprendre de ce qui ne leur ressemble pas. Ils ne méritent pas de vivre sur ces terres qu'ils ont volées!
À recevoir un cadeau excessif, on peut perdre le plaisir d'en prendre possession.