Roger Lenglet et Chantal Perrin : la maladie de Lyme.
À la question de savoir si la corruption existe chez les élus et les décideurs des collectivités, les intéressés répondent par des phrases rassurantes ou par des contorsions du genre : " Par le passé, des pratiques ont certainement existé, mais on peut considérer que ces pratiques ont quasiment disparu aujourd'hui... ", " Il y a toujours des brebis galeuses partout, mais je serais très surpris que ça existe vraiment à grande échelle ", " C'est devenu plus transparent qu'autrefois, on est plus surveillés, il y a moins de naïveté ", " Qu'entendez-vous par corruption, c'est vaste, la corruption... Où est-ce que ça commence et où ça s'arrête ? Si vous me demandez si des sociétés assouplissent des responsables politiques en leur glissant des enveloppes, je vous réponds que c'est possible, on en entend parler, mais on ne vit tout de même pas en Sicile. Si en revanche vous m'interrogez sur le lobbying, oui, il existe, c'est un peu l'expression de la démocratie, la volonté de persuader l'élu peut passer par des procédés parfois un peu limites, mais je n'ai jamais assisté à des enrichissements personnels "...
En un mot, la corruption est un phénomène qui n'a plus cours et, surtout, qu'il n'est jamais utile de soulever.
" La corruption est une dimension systématique liée au processus de privatisation ", peut-on lire dans un rapport de l'Internationale de services publics (ISP) consacré récemment à l'évaluation des avantages et des inconvénients de la gestion publique et privée du secteur de l'eau. Le propos est intéressant si on le compare aux paroles d'élus.
Une hécatombe sur fond de spéculation, telle est la formule qui peut resumer la situation dans laquelle les autorités se sont laissées enfermer. Nos responsables sont tombés dans le double piège de la marchandisation des maladies du cerveau et de la paralysie de la prévention pour satisfaire à la bonne santé des grandes entreprises. L'hypocrisie, les bas calculs et l'ignorance ont fait le reste.
Notre société moderne est devenue neurotoxique.
Nous savons aujourd’hui qu’il sera plus difficile à relever que celui de la révolution pasteurienne. Contre ceux qui le traitaient de paranoïaque et se refusaient à croire que des microbes invisibles étaient une menace omniprésente, Louis Pasteur a redéfini la médecine moderne et la prévention autour des notions de bactéries et de virus. Peu d’esprits étaient alors capables d’en évaluer les enjeux. C’est l’un des grands paradoxes de l’histoire de la santé publique que de devoir maintenant affronter les monstres économiques qui sont nés de cette révolution et s’en sont nourris.
Le pouvoir et les avantages précieux qu’il apporte permettent en effet au Président d’envisager sa future sortie avec un sourire radieux, même si la fin de règne est toujours vécue comme une perte douloureuse… On ne lâche pas sans regret un pouvoir qui permet non seulement de s’enivrer de son exercice et d’en tirer mille bénéfices (y compris sur le plan narcissique) mais aussi d’en faire profiter les proches, les amis et un vaste réseau de personnalités qui, après avoir rendu des services à « la République », généralement en faisant preuve d’une obéissance zélée, piaffent pour avoir leur récompense sous la forme d’une place enviable ou d’un « lot de consolation ».
La porosité entre le pouvoir politique et l’affairisme qui s’est développé autour des maladies neurodégénératives nous semble d’un cynisme sans borne. Le monde des décideurs politiques et économiques n’a-t-il tiré aucune leçon des scandales sanitaires qui ont éclaté au cours des dernières décennies ? En creusant la manière dont les autorités gèrent le dossier des maladies neurodégénératives, nous allons découvrir que les relations de l’Elysée avec le monde des laboratoires pharmaceutiques conditionnent littéralement la politique de santé publique mise en œuvre en France mais aussi en partie au niveau international.
Où que l’on se tourne dans notre République, se recaser est devenu un exercice permanent, une véritable obsession chez les politiques, les hauts fonctionnaires et les dirigeants d’entreprises publiques ou privées. Nous avons pu observer pire : le recasage n’obéit pas simplement à un système de nomination fait de lois et de règlements, mais à une culture. C’est-à-dire à un savoir qui se transmet au fil des générations qui se succèdent dans les allées du pouvoir.
Dans son milieu naturel, la tique grimpe généralement en haut des herbes et peut y rester accrochée durant des semaines en attendant qu’un animal passe. Rongeurs, oiseaux et cervidés sont ses proies les plus fréquentes, mais un chien ou un homme font aussi bien l’affaire. Pour ce vampire pas plus gros qu’une tête d’épingle, tous sont bons à sucer puisqu’ils contiennent du sang.
Parfois, un masque peut en cacher un autre. Le tour est ancien, surtout dans le monde des affaires et des lobbyistes. Mais la porosité de la santé publique face à l’affairisme et au lobbying permet à certains de l’employer pour se jouer des médecins, des autorités de santé et des patients.
Tout commence par un moment de bonheur. Une joyeuse promenade en forêt pour cueillir des brins de muguet au printemps ou des champignons à l’automne, parfois même un simple pique-nique sur une pelouse d’autoroute sur la route des vacances. Et c’est la rencontre qu’on n’attendait pas…
Au début, on ne ressent rien, pas le moindre trouble. Celle qui entre dans notre vie est à peine visible, d’autant qu’elle est encore le plus souvent à l’état de nymphe. Perchée en haut d’une herbe, la tique nous attend depuis des heures, voire des semaines, les pinces ouvertes pour s’accrocher à nous au premier frôlement. Elle cherche alors notre peau et, au moindre bâillement de chemise ou de pantalon, elle s’introduit doucement, avec une préférence pour les zones du corps tendres et chaudes.
La maladie de Lyme est une porte qui ouvre sur une immense ménagerie. Mais visiter un zoo est une distraction sans danger, on y observe des animaux derrière des barreaux et des vitres. Or, ce n’est pas du tout le cas avec ces animalcules infectieux. Leur liberté d’aller et venir, de nous contaminer en passant par la salive anesthésiante que crache la tique en plongeant son rostre dans notre chair sans prévenir appelle une image plus sauvage…
En réalité, il s’agit d’une jungle. Une jungle débordant de prédateurs à flagelles, à ventouses, armés de piques ou de filaments empoisonnés. Un monde encore largement inexploré, invisible à l’œil nu mais omniprésent.