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Superbe roman de Zola. Magnifique, édifiant et révoltant tout à la fois. On y trouve le thème du bouc émissaire, mais aussi des portraits qui, pour n'être pas dessinés au vitriol, n'en sont pas moins gênants car on ne peut manquer d'y voir, par ci par là, nos propres défauts portés à une exacerbation qui au pire nous embarrassera, et au mieux nous avertira des pentes où il ne faut pas glisser. La mesquinerie, l'avarice, la calomnie sont réunies dans un seul personnage, que je ne nommerai pas - je vous laisse l'identifier - et dont il faut se garder. "Never complain, never explain" est la devise de la famille royale d'Angleterre, on ferait bien de l'adopter quand on flaire de telles personnes, et elles pullulent hélas... D'autres personnages, à la langue trop bien pendue, au langage ordurier, attisent des querelles, des jalousies, des rivalités, et au milieu se glissent ni vu ni connu, des profiteurs et des fainéants, vivant aux crochets de ceux qui se tuent au travail pour amasser un magot ou au moins finir leur vie sans privation. Il y a tant de choses dans ce roman... Il y a les Halles aussi, et toute la documentation, le vocabulaire, que Zola a recueillis pour peindre ce tableau tout en contrastes : la chair et le métal, le parfum des fleurs et la forte senteur des fromages et des poissons, la fraîcheur et le pourrissement, la douceur sucrée des fruits et la mise à mort des animaux, la coquetterie proprette des marchandes et les tourments de leurs âmes perverties, les sourires et les insultes... Quand on arrive à la fin, on est près de suffoquer et le dénouement terrible pour les uns, remettra en place pour les autres un équilibre fondé sur les compromis et l'idolâtrie de la chair. C'est le troisième Rougon-Macquart que je lis, en suivant l'ordre de parution des romans, mais Zola conseillait de lire la saga dans un ordre différent. Vous le trouverez facilement sur wikipédia ou ailleurs. je vais rectifier mon parcours en lisant par la suite "Son Excellence Eugène Rougon" .
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