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EAN : 9782919174225
256 pages
Au-delà du raisonnable (26/03/2015)
4.1/5   5 notes
Résumé :
Surnommée la Pistolera par la presse des années 70, Antonia la jeune activiste et ses camarades des Brigades mettent tous les carabiniers d’Italie sur les dents. Contrainte de fuir son pays, la jeune fille se jette dans une carrière d’humanitaire au sein d’une congrégation religieuse. Mais la traque qu'organisent les deux officiers italiens qui la pistent est faite pour durer toujours. Dans sa cavale éffrénée, Antonia est tiraillée entre la force inaltérable de ses ... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Antonia, surnommée La Pistolera, fait partie des Brigades Rouges italiennes. Son surnom vient de ses actions pour les Brigades : tirer dans les jambes de leurs cibles. Lutte armée mais pas lutte à mort, Antonia fait partie de ces êtres humains capables d'un engagement total mais pas jusqu'au-boutiste dans une lutte aussi politique que sociologique, économique, autant morale que violente. En 1974, sous le feu des projecteurs de la police qui ressert les mailles de ses filets sur les membres des Brigades, Antonia décide de fuir. Ce verbe sera son leitmotiv, scandé inlassablement comme un mantra protecteur, rapidement rejoint par un second motto : vivre.

A partir de là, le destin d'Antonia va dramatiquement changer. Avec l'aide de la Congrégation dans laquelle son cousin Anselme officie, elle part en mission humanitaire en Ethiopie, pour y enseigner. Partie pour fuir son passé et son présent, Antonia se construit un futur : dans les bras de Jordi d'abord, autre exilé qui a fui le franquisme, au contact de la population défavorisée d'une Afrique Noire minée par les rivalités ethniques, entretenues voir attisées par les puissances occidentales au premier rang desquelles les Etats-Unis. Ces guerres ethniques provoqueront le départ d'Ethiopie d'Antonia et de la Congrégation, au début des années 80, vers le Rwanda. Là encore, les tensions ethniques rattraperont Antonia jusqu'au paroxysme tragique du début des années 1990.

Il y a beaucoup de choses dans ce roman. Il y a tout d'abord la trajectoire d'Antonia. Il y a ensuite la trame politico-sociétale rencontrée par Antonia à chaque point de chute, que ce soit en Italie avec les accointances entre le pouvoir en place et les groupuscules fascisants au détriment de la frange ouvrière du pays, que ce soit en Ethiopie ou au Rwanda, ou en Amérique Latine à travers des personnages secondaires, avec pour points communs les manipulations opérées par les pouvoirs en place (sur l'information, sur sa présentation et son détournement), toujours fomentées avec l'aide, l'appui ou la simple condescendance de puissances extérieurs (Etats-Unis pour l'Amérique Latine et l'Europe, la France au Rwanda, etc…). Toute la force du livre de Gildas Girodeau est de parvenir à éclairer le lecteur sur ces sujets avec le recul nécessaire pour ne pas prendre parti à la place du lecteur et faire son « exposé » le plus clairement et le plus simplement possible.

Il y a donc aussi Antonia, au milieu de tout cela. Personnage central du livre, Gildas Girodeau, plutôt que d'en faire une passionaria atteinte de folie idéologique et meurtrière, en fait une victime autant qu'une coupable. Antonia, dans sa fuite, ne part à la recherche d'aucune rédemption parce qu'elle ne regrette pas son passé. Elle est simplement contrainte d'en changer. C'est ce changement qui favorisera par contre son évolution personnelle : son combat reste le même, seules ses méthodes changent ; elle abandonne la lutte armée pour une lutte intellectuelle, basée sur l'éducation de plus faibles pour leur donner les moyens de lutter eux-mêmes. A travers le personnage d'Antonia, Gildas Girodeau nous interroge sur le fait de savoir si, finalement, la fin justifie ou non les moyens. Antonia se pose la question discrètement, indirectement tout au long du livre, se remettant en cause constamment au contact des autres personnes qu'elle croise à chaque étape et le lecteur pourra se faire une idée lui-même à ce sujet à travers le destin d'Antonia, lié à tout jamais au sort des plus démunis, des laissés pour compte, des défavorisés, des minorités.

Gildas Girodeau, à travers une écriture limpide et lumineuse, braque le faisceau de son style sur une partie du tableau des manigances politiciennes qui sous-tendent le monde géopolitique depuis des décennies, sans que rien n'ait vraiment jamais changé, sans que l'humanité dans son ensemble n'ait rien appris de ses errements passés.

Cet « Antonia » est un livre magnifique par sa puissance évocatrice, par l'humanité qui s'en dégage malgré tout, par son utilité éducatrice, par la beauté de son écriture aussi tout simplement. Un grand coup de coeur de ce premier semestre 2015 !

Une relation facebookienne a posté ceci récemment qui correspond assez bien à l'impression laissée par « Antonia » (Dieu que j'aimerai parfois arriver à m'exprimer aussi intelligemment) :
Ai adoré ces mots hier soir sur le trottoir de Charybde du critique littéraire d'un grand quotidien : "Le plus intéressant en parlant d'une oeuvre, c'est quand même d'essayer de dégager la simplicité dans l'apparemment complexe et de montrer la profondeur du travail dans l'apparemment simple..." (en substance).

Lien : http://wp.me/p2X8E2-rS
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J'ai reçu le roman "Antonia" dans le cadre de l'opération masse critique. Merci à Babelio et aux éditions "au-delà du raisonnable" qui m'ont permis de découvrir un livre sur lequel je ne me serais probablement pas arrêtée mais dont j'ai apprécié la lecture.
Antonia que l'on surnomme "la pistolera" est une jeune activiste vivement recherchée en Italie. Menacée d'une condamnation qui la tiendrait enfermée en prison jusqu'à la fin de ses jours, elle n'a d'autre solution que de fuir son pays. Elle peut compter sur l'aide de plusieurs personnes dont son très proche cousin, Anselme, pour se faire oublier. Elle finit par intégrer une mission religieuse qui mène des actions dans plusieurs pays d'Afrique. Elle reconstruit sa vie loin de chez elle et loin de ses idéaux. Mais elle est rattrapée par le passé et par les guerres qui tiraillent le continent. Elle se reconstruit comme elle le peut tout en faisant face à la folie humaine.
J'ai aimé ce roman et je me suis laissée entraîner dans le parcours de cette jeune femme qui vit et vibre pour ses convictions.
Par contre, j'ai trouvé que les "promesses" du quatrième de couverture n'étaient pas tout à fait tenues. Je n'ai par exemple pas retrouvé la "cavale effrénée".
Cette lecture reste néanmoins une bonne surprise.





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Ah, Monsieur Gildas, merci, merci.
Il faut un sacré talent pour ranimer la mémoire du lecteur et redonner vie à des événements pas si anciens, mais déjà étouffés par le flot continu d'une actualité toujours plus profuse.
Mais Gildas Girodeau ne l'entend pas de cette oreille. Vous n'oublierez pas, il vous le rend impossible, la douloureuse situation de bien des jeunes Italiens. Ayant choisi la lutte politique certains ont sombré, sans le vouloir vraiment, dans la lutte armée.
Antonia fait partie de ceux-là. Surnommée « La Pistolera », athée, très engagée politiquement, son réseau étant démantelé par la police, elle est amenée à fuir l'Italie et les années de plomb. C'est une congrégation religieuse qui l'accueille, grâce à l'entremise d'un cousin, amour d'enfance, devenu éminence grise au Vatican, chargé de la diplomatie et engagé auprès de la théologie de la libération en Amérique du Sud .
Dans un premier temps, quittant la violence dialectique et physique de la politique, Antonia va se retrouver en Érythrée et en Somalie, alphabétisant les femmes, enseignant les enfants. Mais Antonia n'est pas née pour la paix. le conflit armé qui naît entraîne les habituelles exactions, la congrégation est obligée de fuir, et le maniement des armes que la jeune femme n'a pas oublié va lui être utile. Alors elle part vers le Rwanda. Terre de paix… jusqu'en 92.
La guerre est partout en Afrique. Comme une maladie endémique, un virus contre lequel on ne peut rien sauf se désespérer. Ou bien ?
Faut-il ignorer que la guerre est parfois un moyen bien commode pour les pays occidentaux qui n'hésitent pas à transposer sur le continent africain des rivalités économiques et politiques nées ailleurs ?
Antonia le sait bien, mais ce n'est pas cela qui va l'arrêter.

la suite sur le blode de Jeanne Desaubry
Lien : http://jeanne.desaubry.over-..
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Interview de Gildas Girodeau par Nicolas Caudevill
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