Cent millions pour Al Qaida

Le prestige, la richesse, la respectabilité…comme tout cela semble loin ! Quand il était l’un de ces grands banquiers qui gouvernent l’Europe, quand il siégeait au conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, quand il conseillait le président de la république maltaise, il habitait une magnifique maison, le palais Borg, en plein cœur de la Valette. Désormais, il est l’hôte d’une simple petite demeure de quelques pièces avec vue sur la mer, mais ça lui suffit. Une salle de séjour, deux chambres pour lui et Mère, un minuscule bureau dans lequel il a le plus grand mal à loger son immense carcasse de deux mètres et deux cents kilos ; que demander de plus ? Les pêcheurs alentour lui fournissent le poisson frais dont il se régale, un paysan lui vend les légumes que Mère cuisine pour lui, son salaire de professeur d’université couvre tous ses besoins. Mais que son existence d’avant était donc futile !

Pourquoi ce métier de banquier, qui est conceptuellement si simple, conduit-il à des catastrophes ? On ne peut en effet affirmer que ce métier soit difficile à comprendre : il suffit pour l’exercer de trouver des ressources financières et de les prêter un peu plus cher que le prix de leur collecte. Un collégien titulaire du brevet saurait faire cela. Mais apparemment, c’était trop difficile pour toutes les banques qui ont fait faillite, depuis la Danat Bank en Allemagne lorsque Hitler est arrivé au pouvoir, en passant par la banque Lehman Brothers en 2008 qui a déclenché une crise historique, jusqu’à Fox Goldenberg il y a quelques mois et les centaines d’autres qui ont été balayées par le vent de l’histoire !

Pour bâtir sa célébrité, la banque d’investissement Fox Goldenberg a inventé les subprimes, elle a créé la plupart des innovations financières qui ont permis de propager les facteurs de crise, tels les miasmes d’une épidémie de peste, dans les bilans des banques du monde entier, elle a placé des hommes issus de ses rangs à la tête des plus puissantes institutions de la planète, les banques centrales, les autorités de supervision, les ministères des finances, elle a été de tous les deals qui ont défrayé l’actualité et ont érigé le capitalisme financier en modèle de développement des sociétés occidentales.

Il n’existe pas à Malte de personnalité plus voyante que Martina Micaleff ! Ancienne reine de beauté de l’île, à cinquante ans elle s’est arrondie d’une bonne quinzaine de kilos depuis sa flamboyante jeunesse, mais la répartition de cette surcharge pondérale sur l’ensemble de sa personne s’est opérée dans une certaine harmonie. Appétissante ; voilà le qualificatif qui la décrit au mieux. D’autant qu’elle arbore habituellement des jupes très courtes, des chemisiers trop petits d’au moins deux tailles et une crinière blonde qu’elle ébouriffe savamment à tout instant.

La vieille voiture qu’il a achetée est en panne ; évidemment, c’est une Renault ! Faites confiance aux Français pour construire des automobiles qui marchent : c’est peine perdue ! Avant, il avait un chauffeur pour parer à ce genre d’inconvénients, et une Jaguar qui ne tombait jamais en carafe. Maintenant, en guise de solution de secours, il a un vieux vélo.