Dans l'Enigme, de Paul Hervieu, le marquis de Neste prononce cette phrase : C'est par nous, amis fervents et respectueux de la vie, c'est par nous, pécheurs, qui dans la créature humaine soutenons notre sœur de faiblesse, c'est par nous que finira le règne de Gain. »
Et nul autant que Brieux ne serait en droit de s'attribuer cette parole.
Idéal sublime pour un écrivain !
Le génie consiste à créer. Des hommes tels que Brieux, tels que ses frères d'armes, font mieux que de créer une œuvre d'art : c'est toute une vie, une vie nouvelle qui, sous l'effort de leur plume, surgit.
L'on se demande comment ils peuvent arriver à leur but. Mais c'est que, si le théâtre doit reproduire la vie, il agit à son tour, par réaction, profondément sur elle.
Jamais, à aucune époque, on ne s'est tant passionné pour les œuvres théâtrales. Jamais, par conséquent, ces œuvres n'ont été à même d'exercer une telle action.
Et à quoi servirait en effet l'œuvre du littérateur si personne ne la lisait ?
La fonction de l'Art, son utilité humaine, est d'élever jusqu'à sa hauteur ceux à qui il s'adresse. C'est, parmi ses autres attributs, un de ses plus justes, de ses plus grands, que de lutter contre une société hypocrite et mal faite, contre des idées étroites acceptées sans contrôle, contre un code inique et rigoureux, pour réaliser les espérances confuses de l'âme humaine.
Du reste , toute formule — celle de l'Art pour l'Art — est une arme de combat et de réaction contre une fausse pratique. C'est un plaidoyer, mais ce ne peut pas être un programme. C'est une épée, mais ce ne peut pas être un outil.