KARA
Kara petit nœud de rien du tout
deux mains serrées au sein des glissements
Petit ruban de terre sur les cheveux
sur les fourrures des monts et des vaux
Drap tendu qui sèche entre les
Gorges sur les bras de la première pluie
Karapitale des bois
de l’âge que j’avais quand je serai vieux
Où les rennes tordent un cri
les yeux à l’égyptienne
Pincée de cordes de cornes
à tue-tête avec le rien
Mon grand Nord qui dort la gueule ouverte
sur toi petit piège chaud
Lasso assis sur la carte
blanche de l’espace étalé
Karasciure de neige dans la
menuiserie des arbres
Du bois dont on fait les fleurs
les racines hautes et les ramures basses
Entre racines et racines
un renne qui traîne un renne
Qui mange un doigt de lichen
dépassant de l’hiver
//Christian Dotremont (1922-1979)