Certains textes nous laissent en plan, comme une vague d'humanité dans la tronche. À se demander si l'auteur n'est pas plus "humain" que nous. Cela doit être là son art. L'argument de la pièce est simple. Un jour,
Jeanne, mère de deux enfants, ne va pas travailler, elle part et se réfugie dans une chambre d'hôtel. Ce n'est plus possible. le texte est constitué de scènes de dialogues avec son mari Éloi (par téléphone) et des monologues de
Jeanne ou alors quelques scènes où elle se découvre à travers un autre quotidien. Sa rencontre avec
Lou Reed (une jeune femme vivant à l'hôtel) et un vieux monsieur qui l'abrite de la pluie. C'est très poétique, très profond et tellement déroutant. Parfois, on frise de mystico-fantastique et pourtant, c'est bien là tout le problème, nos sociétés nient que l'on peut un jour se retrouver "ailleurs" tout en étant là... le mari se montre d'une touchante compréhension et cependant se voit démonté par ce qui arrive à sa femme (sans mâcher ses mots) et quelque part, n'est-ce pas ce qui lui pend au nez ? Ce "burn out" d'humanité est très fort, il nous questionne, nous invite à nous reconnecter avec l'essentiel. La fin est très belle, très douce, elle invite à la lumière, l'espoir, rejoindre une autre rive. Après ce texte puissant, je vais faire une petite pause de texte théâtral. J'adorerais le voir jouer. Je me demande comment la mise en scène peut rendre touchant et vivant ces longues scènes au téléphone. C'est tout le défi et l'intérêt d'un texte de théâtre. Vive le théâtre libre !