Tout débute avec le récit d'une narratrice se remémorant les meilleures vacances de son enfance, quand elle est partie seule avec son père au bord de la mer et que, tous les soirs, celui-ci lui racontait une histoire ; le tout est accompagné d'images sobres qui occupent toute la place offerte par des doubles pages au format italien, le texte étant réduit à de brèves phrases accolées en bas de page.
Mais très vite un second récit s'enchâsse au premier, c'est l'histoire qui est contée chaque soir, l'histoire de
la reine Gisèle. le texte va alors prendre beaucoup plus d'ampleur, et sera accompagné d'images plus petites et plus nombreuses. Soir après soir, nous allons découvrir au côtés de la jeune narratrice l'aventure de l'égocentrique Gisèle et des korrigans, ces animaux intelligents et généreux qu'elle va peu à peu tenter de réduire à l'esclavage.
Cette histoire au schéma narratif complexe permet de partager un bon moment entre adulte et enfant en découvrant une façon de raconter différente et en introduisant la notion de mise en abyme. Les deux histoires enchâssées n'ont -à priori- aucun liens sinon la proximité de la mer et l'image de cette corniche qui revient chaque soir. C'est bien deux messages qui nous sont délivrés : Gisèle nous montre que les mauvaises actions ont souvent des conséquences néfastes, et la jeune narratrice que parfois histoire et réalité sont plus proches qu'on ne le croit…
Un bel album, finement élaboré, qui joue avec les codes du récit traditionnel et parvient à livrer deux histoires imbriquées, mais de façon si intelligente et bien marquée que le jeune lecteur/spectateur de ces récits sait toujours où il en est.