Le collier de rubis

En tant que passionné de la littérature populaire fasciculaire policière des deux premiers tiers du siècle dernier, j'ai un intérêt tout particulier pour la collection « le Roman Policier » des éditions Ferenczi, une collection qui entre 1916 et 1923 a proposé plus de 200 fascicules (majoritairement de 32 pages) aux lecteurs avant de renouer avec eux, au travers d'une seconde série de la même collection, entre 1926 et 1927 à l'aide de 39 autres titres…

Pourquoi cette collection en particulier ?

Déjà parce qu'il s'agit d'une des toutes premières collections fasciculaires policières françaises.

Ensuite, parce que des auteurs majeurs de la littérature populaire fasciculaire y ont participé : Marcel Priollet, Rodolphe Bringer, H. R. Woestyn, Félix Léonnec, Henry de Golen, Georges Grison, Paul Dargens, Jean Petithuguenin, Marcel Vigier… jusqu'à des auteurs belges comme Georges Simenon ou, moins connus, Marcel Idiers.

Et c'est de ce dernier dont il est question dans le titre du jour puisque « le collier de rubis », un fascicule de 32 pages publié en 1927, dans la seconde série, donc, de la collection « le Roman Policier », est signé Marcel Idiers.

Que dire de cet auteur à qui l'on doit la très bonne série « L'Homme au Stylo » ? Pas grand-chose si ce n'est que sa période de production s'étend, en gros, entre 1920 et 1950 et qu'il signa de nombreux récits policiers, aventures, jeunesse et sentimentaux de divers pseudonymes dont SREIDI, Robert Pedro ou Jean Fabien…

Lors Harthington est follement épris de la belle danseuse Mabel Lovelly à laquelle il passe tous ses caprices et qu'il couvre d'argent et de bijou dont, notamment, un collier de rubis si cher qu'il a embauché un détective à plein temps pour surveiller la jeune femme et, surtout, le joyau…

Mais William Sharpe, bien que détective, n'en est pas moins homme et, à Monte-Carlo, où sont descendus Lord Harthingtone et miss Lovelly, il fait connaissance avec la comtesse russe Sonia dont il est tombé éperdument amoureux.

Malheureusement, celle-ci est poursuivie par la Police Rouge de son Pays et demande à Sharp de l'aider, le jour venu, à passer la frontière italienne pour échapper à ses tyrans.

Celui-ci, en gentleman accepte sans se douter des problèmes qui vont lui tomber dessus…

Marcel Idiers nous convie donc à un récit d'aventures sentimentales et policières ou tous les hommes sont près à des folies pour les beaux yeux d'une femme.

En mélangeant ses deux genres de prédilection, Idiers n'échappe pas à la règle des fascicules policiers de l'époque qui versent souvent pour ne pas dire toujours dans les récits sentimentaux.

Ces bluettes fleur bleue où les hommes sont prêts à tout pour un baiser peuvent faire sourire de nos jours, mais elles ne sont pas dénuées du charme du passé, d'une certaine nostalgie et du « c'était mieux » avant que chaque génération ressasse devant les affres du présent.

Bref.

Marcel Idiers se révèle donc à l'aise dans ce mélange des genres d'autant plus qu'il aborde un autre sujet très à la mode à l'époque, celui des réfugiés politiques russes, un thème récurrent dans les fascicules policiers du premier tiers du XXe siècle.

Si l'ensemble est plaisant et si le lecteur sent venir un peu la mystification à laquelle le détective anglais se prête sans s'en rendre compte, c'est dans la toute dernière partie du récit que celui-ci prend tout son attrait avec l'apparition d'un fantasque et débonnaire détective marseillais qui ajoute à l'ensemble une touche d'humour assez plaisante.

Dommage que ce personnage apparaisse tardivement et, donc, si peu, car il est absolument le personnage le plus intéressant de l'histoire.

Malgré tout, on arrive au point final le sourire aux lèvres après avoir vu son intérêt maintenu jusque-là par un récit assez plaisant, sans temps morts et sans excès de mièvreries, ce qui n'est pas toujours le cas dans les fascicules de l'époque ni même dans les écrits de Marcel Idiers.

Au final, un récit plaisant à lire tout du long, mais qui devient très plaisant dans sa dernière partie avec l'apparition d'un personnage fantasque…