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EAN : 9782491689926
238 pages
Éditions IL EST MIDI (06/10/2022)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Olano Jardel, un jeune garçon vivant en plein cœur des favelas brésiliennes, a l’âge de dix ans lorsqu’il entend son ami, Alex, le surdoué du village, parler du langage universel. Expatrié en France, il ne cessera jamais d'y songer. Barrière de la langue, deuil, obligation familiale, voyages incessants, ni même son amour pour la belle Lucia Mendes ne l'arrêteront jamais dans sa quête obstinée: celle de trouver le langage universel qui rassemble tous les Hommes.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Nous suivons Olano, issu des quartiers défavorisés d'une ville du Brésil, de son enfance à un âge avancé, à travers sa quête du mythique langage universel qui permettrait de réunir tous les hommes, ce langage dont Dieu nous a privé, selon la Bible, quand l'Homme a voulu construire la tour de Babel pour atteindre les cieux. le sens, les mots, le langage, ce qui peut réconcilier les hommes, Olano le découvrira à travers les expériences de sa vie. Tout est langage dans le vocabulaire et le récit, que ce soit dans la musique, le chant, le silence, les pierres, les recherches, l'archéologie, la linguistique, la solitude, l'amitié et l'amour. Et si, tout simplement ce langage universel était à chercher partout autour de nous, en nous ouvrant davantage aux autres et au monde qui nous entoure ? C'est aussi l'histoire d'une famille, celle d'Olano, dans ses secrets de famille, ses drames et ses amours. J'ai eu l'impression d'être avec Olano et ses amis lors des passages de son enfance au Brésil. C'est de là que lui vient son surnom, "souris blanche", car il est blond à la peau blanche. C'est durant cette période aussi qu'il fera la rencontre décisive d'Alex, qui, le premier, lui parlera du langage universel.
Ce roman est pour moi, avant tout, une quête spirituelle et une quête de soi, un hymne à la paix et au rassemblement des hommes d'où qu'ils viennent.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Malgré l’heure matinale, le marché fourmillait déjà de monde. Une petite foule suivait du regard les travaux des pécheurs. Les curieux voyaient certains hommes s’agiter en donnant des ordres dans le langage des marins, les hommes obéissaient en se hâtant. Les daurades brillaient comme des lames d’argent à la lumière du matin, attirant ainsi la foule tels des moustiques. Tout autour, il y avait des urubus aux yeux vifs, à l’affût du premier morceau de viande morte. D’autres installaient déjà leurs baraques, charrettes, carrioles. Il y avait là du sucré comme du salé : des acarajés, des abaras, de petits gâteaux au manioc, des beignets au crabe, aux crevettes, du couscous au maïs et au lait de coco, et toutes sortes d’épices possibles et imaginables. Il y avait là aussi, au milieu de tous ces hommes, une femme qui était aimée, respectée et crainte par tous ou presque : Dona Cheirosa. Et si, comme dans le livre de l’Ecclésiaste, on dit qu’il y a un temps pour tout, chez Dona Cheirosa, on dit qu’il y a un remède à tout. Elle vendait des fioles pour bénir, des flacons pour maudire, ainsi que des herbes aux vertus médicinales. Dans sa boutique, on pouvait aussi, disait-on, trouver tout ce que le cœur désire : certains venaient pour avoir bonne fortune, d’autres pour se délivrer d’un péché, d’autres encore pour gagner le cœur de quelqu’un. Hélas, même les meilleurs cœurs sont quelquefois bien égoïstes…
— Tiens, tiens, voilà la caverne des superstitions, fit Marcos qui était lui-même superstitieux, mais n’osait le dire à personne.
Voyant que Souris-blanche fixait un flacon dont l’inscription s’intitulait « Attraction de l’amour », Dona Cheirosa se faufila et se glissa au milieu d’eux, comme si elle eut été un serpent, avec un petit flacon en verre de la même couleur que celui que le jeune garçon avait fixé.
— Alors, mon fils bien aimé, tu as trouvé ce qu’il te faut, je vois… fit Dona Cheirosa d’une voix rauque.
Elle ouvrit le petit flacon et le fit sentir au jeune garçon. Il y avait comme une douce odeur de rose aux huiles essentielles – ce qu’il trouva très agréable.
— J’ai aussi, poursuivit la vieille : « Viens jusqu’à moi » ; « Pleure dans mes pieds » ; « Va chercher qui est loin » ; « Fais vouloir qui ne me veut pas »…
— Va chercher qui est loin… ? répéta le jeune garçon.
Marcos n’était pas resté longtemps à l’école, mais le bougre savait que la langue d’un commerçant était tout sucre tant qu’il n’avait pas reçu son content.
— Alors, mon beau garçon aux cheveux d’or… Que veux-tu acheter, alors ?
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Aucun d’entre eux ne parlait comme les enfants de Jurunas, ses camarades de jeu. « C’est étonnant, pensa-t-il, voilà qu’ils se mettent à parler comme les grandes personnes d’ici… » Voilà qu’il commençait à s’ennuyer également en leur présence. Il avait envie de faire quelque chose qui sortait de l’ordinaire, quelque chose de spectaculaire, une folie, comme lorsque son ami Alex fit un saut périlleux. Il avait l’impression que s’il restait encore une heure dans ces lieux, il allait se changer en statue de sel et se figer lui aussi dans la masse, comme tous les autres.
(…)
— Pourquoi avoir une piscine si ce n’est que pour la regarder ? demanda Olano.
— Quoi ? La piscine, dis-tu ?
— Cap ou pas cap de faire un plongeon avec moi ? demanda Olano d’un air extrêmement sérieux, si bien qu’il déstabilisa Thomas.
Bianca eut un sourire : enfin, elle entendait quelque chose qui sortait de l’ordinaire, et la soirée s’annonçait à présent pour elle plus intéressante.
Soudain, il lança un regard communicateur à Thomas, il y avait un soupçon d’ironie dans ce coup d’œil. Puis il s’élança aussitôt en direction de la piscine. Plein de fougue, il se sentit voler. Il pouvait sentir les regards étonnés de toutes ces statues de sel se demandant : « Pourquoi court-il cet enfant, il est fou ? » Il avait envie de fuir ce monde mondain et cet ordre établi par les Hommes ; plonger était pour lui la seule échappatoire. Lorsqu’il fut arrivé à la bordure, il fit un saut si haut qu’il semblait avoir des ressorts sur ses chaussures. Avec un large sourire sur son visage, il sentit ses vêtements voler au vent et fut aussitôt submergé par l’eau.
Lorsqu’il sortit la tête de l’eau, il pouvait entendre les offuscations s’élever jusqu’à lui. Quel outrage ! s’amuser ici ? De toute évidence, sa démarche était inconvenante, telles les gelées du printemps.
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— Pardon de te demander ça, intervint Olano. Mais c’est quoi, un oncologue ?
— J’étais un spécialiste des maladies cancéreuses et de leurs traitements…
Olano se sentit stupide. Il ne voyait en Jacques qu’un clochard. Maintenant, il se rendait compte que derrière le clochard, il y avait une vie et bien plus : un savoir.
— Tu sais ce qu’on dit, mon garçon : « Ça n’arrive pas qu’aux autres. » C’est bien vrai, mon gars. Un jour, le malheur s’abat sur toi, il te tombe dessus comme un gros camion ! Inarrêtable ! Même la main du bon Dieu ne peut rien y faire, hélas. Bon, j’ai assez causé… À ton tour.
Olano était songeur, il nota que Jacques avait un vocabulaire riche avec quelques petites notes populaires. Il conclut que ce jargon populaire qui tombait au milieu d’une phrase faisait sans doute tache chez n’importe qui, mais pas chez Jacques. Cela faisait partie du personnage. « Cet homme s’est échappé de son milieu naturel et a adapté son langage par habitus1. Nous ne sommes pas si différents… ».

Il avait pris un impondérable moment avant de répondre. Il y avait beaucoup de choses à emmagasiner dans ce qu’il venait d’entendre. En outre, sa conscience venait de lui rappeler qu’il n’avait jamais écouté sa femme aussi longtemps que cet homme. Il se sentait stupide et en avait honte. Il s’accusa d’être un mauvais mari, un mauvais amant et un mauvais père. Après un long soupir, il dit enfin :
— Je crains de devoir boire un peu plus pour te dire ce que j’ai à dire…
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Quelques semaines plus tard, après avoir posté une lettre à sa femme, Olano était toujours à Belém, en plein milieu d’un bouchon. Le trafic était dense ce jour-là ; bien plus que d’habitude. Les pots d’échappement crachaient des fumées noires, les klaxons s’entendaient par dizaines : non pas pour signaler un danger, mais plutôt pour signaler une manœuvre : « Je m’engage, toi, tu attends ; je vais par là, imbécile, bouge de là ! Avance ton tas de ferraille ! » Ces Brésiliens du nord étaient bizarrement dotés d’une très grande patience quand ils étaient à pied, étrangement, très pressés en revanche en voiture. Olano était dans l’un des taxis parmi tant d’autres. Il était d’une humeur monotone malgré le brouhaha de dehors. Il regardait ces gens sans les juger. Il les voyait s’agiter, les bras en l’air, par les fenêtres de leurs voitures, pour signaler une direction, la plupart des voitures ne disposaient pas de clignotant. D’autres faisaient des gestes grossiers. Soudain, un bus passa au rouge, et le chauffeur de taxi manqua de peu la collision.
— Dites donc, conduire ici, c’est tout un art, dit Olano.
— Oh oui, Monsieur, vous n’imaginez même pas. Mais ça s’apprend, c’est comme un langage. Il faut s’habituer.
Ce mot « langage » frappa Olano dans son esprit :
« Décidément, je l’entends partout, ce mot, c’est toute ma vie. »
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Non loin de là, des enfants jouaient dans les rues avec des pétards, les chiens errants se disputaient un morceau d’os, et certaines femmes étaient déjà en cuisine. Au milieu de ce tumulte, Olano regardait son oncle se vanter, rire de la mort, la mort d’un être qu’il avait bien connu jadis et qui allait être père. Sa tristesse était si grande qu’il ne sentait pas de colère, juste une envie d’attirer l’attention de son oncle, de le réveiller peut-être de sa folie. Il attrapa une bouteille de bière et la balança sur la table où il y avait ses hommes. Ils se levèrent de stupeur, tout le brouhaha s’était évaporé d’un seul coup.
— Bordel, mais qui est le fils de pute qui a fait ça ! s’écria Basilio.
— Excuse-moi, le gorille, c’est mon oncle que je visais, lança Olano.
— Mais tu veux mourir ou quoi, gamin ? fit l’autre. Voyant l’air moqueur d’Olano, le visage de Basilio prit une expression terrible et laide. Il regarda Marcos comme s’il attendait une autorisation, mais celui-ci fit un geste d’apaisement.
— Alors, mon oncle, tu ne vas pas me tuer ? Après tout, une vie, ce n’est rien ici, d’après ce que j’ai compris.
— Mêle-toi de tes affaires, j’ai rendu un grand service à cette ville ! Tout le monde ici le sait, cette merde de Vousdécidez devait mourir !
— Il allait être père ! rétorqua le jeune homme.
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