Ce qui est vrai de notre histoire politique l’est davantage de l’histoire des arts dans la partie de l’Amérique qu’on nommait autrefois la Nouvelle-France. Nous savons que, dès le milieu du XVIIe siècle, il y avait ici des peintres, des sculpteurs et des architectes de talent ; que l’École des arts et métiers de Saint-Joachim a formé ‘des artisans estimables; que la tradition française s’est perpétuée au Canada durant tout le XVIIIe siècle et qu’elle connut un regain d’activité vers 1820, après la vente de la collection Desjardins; que nos artistes du siècle dernier sont allés, pour la plupart, former leur goût auprès des maîtres européens; que de nos jours une école de peinture se forme. lentement à Montréal sous des influences diverses; que nos architectes et nos sculpteurs s’éveillent à l’art contemporain. Nous savons tout cela; et pourtant nous ne savons presque rien.
Car les détails nous échappent.
Sainte-Anne-de-Beaupré n’est pas seulement un sanctuaire où chaque année les fidèles accourent pour soulager leurs tares physiques ou morales. C’est aussi un sanctuaire d’art. On y peut voir de la peinture, de la bonne et de la médiocre, d’autant plus intéressante qu’elle jette un peu de clarté sur nos origines artistiques.
Notre histoire artistique offre plusieurs exemples d’ecclésiastiques-peintres.
Le premier est l’abbé Hugues Pommier arrivé à Québec en 1664, professeur au Séminaire jusqu’en 1669, victime de la verve hargneuse et quelque peu injuste de son confrère Bertrand de Latour. En 1690, on rencontre au même séminaire un jeune Bordelais de talents variés, Jacques Leblond de Latour, à la fois architecte, sculpteur et peintre, mort curé de la Baie-Saint-Paul en 1715.