Il nous a paru qu'avant d'initier le lecteur à l'aride se servir des musées, il convenait de lui dire tout d'abord ce qu'ils sont.
Des lieux admirables d'irrémédiable désordre. Des assemblages d'objets dont la destination initiale, toujours intéressante et souvent utile à connaître, est négligée, dissimulée, démentie et effacée par cette destitution de personnalité qui résulte de la mise générale à l'alignement et celte unique atmosphère commune que des génies très différents ne respirent pas tous avec le même bonheur.
Or, personne, quand le Louvre fut construit, ne se doutait qu'un jour ce palais des rois deviendrait celui des artistes, et l'histoire de cette transformation — dont plus loin on trouvera un résumé rapide — a le hasard pour principal auteur. Quant à l'enrichissement de ce lieu de paix et de splendeur, la violence en fut pour une grande part le principal acteur, et c'est par des chemins noyés de sang et de larmes que beaucoup des merveilles assemblées dans cette retraite dorée y sont parvenues.