UTOPIE NOCTURNE
C'est un rêve fou, voir enfin la guêpière,
Etouffer de ses dentelles, la rapière,
Faire un vœu, derrière un miroir sans tain,
Dessiner la paix de la pointe d'un fusain,
Recouvrir le monde, d'un beau drap de velours,
Pour abriter l'éclosion des fruits de l'amour,
Rêver de clouer au pilori, la guerre,
Condamnée pour frénésie meurtrière,
Entraîner dans la farandole, tout humain
Qui s'abandonne et offre sa main.
Chanter à l’unisson, la même fredaine
Dont la mélodie fait fuir la triste haine.
Chacun dans son coin, rêve de cet idéal.
Aucun n'ose affronter le démon du mal,
Qui se nourrit du sacrifice de la vie,
Que l'on fait brûler sur le bûcher des envies.
Il est temps de s'éveiller, le jour se lève.
Le songe s'efface car la nuit s'achève.
J'entrouvre la porte de ma réalité
Le réveil sonne, le monde n'a pas changé.
PHÉNIX DE L'OBSCURANTISME
Le monde se couvre d'une couverture,
Qui calfeutre toute forme d'ouverture.
Les esprits se voilent d'un tissu de vertu,
Sûrs de détenir la vérité absolue.
Partout, on bâillonne les mots de liberté
Car ils ne sont plus bienvenus dans la Cité.
Des frontières d'Occident à celles d'Orient,
« penser » expose à l'infamie du carcan.
« Vingt et unième siècle » sera religieux
Ou ne sera point, disait Malraux, sous les cieux.
Hélas ce siècle l'est devenu beaucoup trop.
A cause de cela, des gens vont au tombeau.
Dans le pays des lettres et des lumières,
Surgissent les fanatiques des prières,
Mais leur cœur est assombri par tous les démons,
Qui règnent, victorieux, suppôts du dieu Mammon.
L'hypocrisie de tous ces charlatans maudits
Clouent la raison et le bon sens au pilori.
Ils veulent imposer la pensée unique,
Alors que leur mode de vie est inique.
A ces idées reçues, il faut tordre le cou.
Je me refuse à plier mes deux genoux
Pour clamer victoire à l'intolérance.
Les droits de l'homme sont les fils de la France.