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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Vingt ans, c'est le temps écoulé entre l'assassinat du père de l'auteur le 25 août 1987 et l'écriture du livre en sa mémoire.

L' ouvrage décrit un homme exceptionnel tant dans sa vie privée : homme chaleureux et aimant, bon époux et bon père de famille (cinq fille et un garçon) que dans sa vie publique, homme engagé, généreux, médecin spécialiste de santé publique.
L'histoire se passe à Medellin en Colombie. le catholicisme s'impose dans la vie quotidienne puis sera débordé par la violence politique, maffieuse, et les assassinats.

Cet ouvrage comporte des pages intéressantes sur les activités de son père, plaisantes quant il évoque le quotidien de la famille, et les très nombreux grand-parents, oncles, tantes, cousins (souvent membre du clergé ou religieux), d'autres sensibles quant il raconte la mort de sa soeur Martha, et l'assassinat de son père, enfin atterrantes quand il décrit les tortures subies par les détenus politiques, syndicaux et corporatifs.

Bel hommage à un père aimé et aimant.
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Dans cet ouvrage, Héctor Abad Faciolince se souvient de son amour inconditionnel pour son père, lâchement assassiné en Colombie dans les années 1980.
D'un côté, nous avons le volet individuel, personnel, intime, la souffrance de perdre un père, un mari, un frère, un ami.
On ne peut que penser à nos propres morts, de maladie, d'accident, de vieillesse, et essayer d'imaginer l'excès de souffrance causé par une mort criminelle.
De l'autre côté, nous avons le volet public, l'engagement politique, le personnage public, la douleur de perdre un homme bon, naïf, engagé pour le bien commun.
Qu'il est décourageant d'assister au massacre des « bons », parce qu'ils sont pacifistes, parce que les « mauvais , eux, n'hésitent pas à les tuer.
Toutes ces vies fracassées, tous ces destins qui auraient pu changer le monde, tous ces points d'interrogation sur un avenir dans lequel ils n'auraient pas été assassinés.
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Seul garçon au milieu de cinq soeurs plus une tante, une grand-mère, une mère, des bonnes et une bonne soeur, l'auteur n'a eu que son père vénéré comme présence masculine dès son entrée dans la vie et on se dit que ça l'a construit et influé sur sa personnalité ouverte, généreuse et intelligente, d'autant que son père était un idéaliste, humaniste, altruiste donc, et bien sûr bon et bienveillant.

Tout en nous racontant son père, médecin, homme engagé contre la misère et l'injustice, Héctor Abad dit beaucoup sur la nature humaine dans son ensemble. Il dresse un panorama de la Colombie des années 60 à 80 et la violence extrême qui y régnait et en fit un temps le pays le plus violent du monde avec entre autre ses escadrons de la mort, ainsi qu'un portrait de sa famille qui est tout sauf ordinaire. C'est foisonnant de personnages tous plus étonnants les uns que les autres. Un père "libéral idéologique, mais conservateur dans la vieille conception patriarcal du mariage", une mère féministe avant la lettre, une famille maternelle très religieuse dans laquelle on trouve deux curés rebelles et un autre extrêmement réactionnaire, sans oublier un archevêque et toutes sortes d'autres représentants de L'Église, et le côté paternel assez peu conventionnel.

J'ai adoré la vision narquoise de la bigoterie ambiante de cette époque dans cet endroit du monde que nous offre l'auteur - la réflexion contre l'aveuglement, l'ouverture d'esprit contre l'intolérance - tout cela observé avec humour.

L'auteur fait presque la description d'un père parfait. Presque !.. Heureusement l'homme a quelques défauts…

Ce livre est tout simplement passionnant, instructif et plein d'amour. Malgré quelques longueurs à mon goût, il offre de grands moments d'émotions et une édifiante page d'histoire de la Colombie.

Ce récit est un cri d'amour et un magnifique hommage rendu à un père adoré, mort assassiné parce qu'il était un homme bon et engagé contre l'injustice et la corruption.
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
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Une belle découverte, que cet auteur colombien dont je n'avais jusqu'ici parcouru que quelques pages de l'éloge de la paresse, en version originale. Dans L'oubli que nous serons, Hector Abad nous livre les souvenirs d'un amour inconditionnel, celui du père, qu'une mort dramatique, un assassinat, a rendu si douloureux qu'il lui aura fallu vingt ans pour poser des mots sur cette histoire familiale personnelle, retranscrire des tranches de vie gravées dans sa mémoire que l'écrivain voulait libérées du ressentiment, de la haine, de l'idéalisation affective, de la mythification inhérentes aux fins dramatiques, de la distorsion du temps qui passe. Mais, ce travail marque aussi la volonté de prolonger l'existence de l'être aimé, de lutter avec un roman contre la disparition qui deviendrait irrémédiable à mesure que s'éteindraient tous les gens qui l'avaient connu. C'est aussi en filigrane, le portrait de la Colombie, un pays gangréné par la violence politique ou maffieuse durant des décennies qui s'est engagé il y a quelques années dans un processus de pacification, mais le chemin est encore long. Ce fut un bon et beau moment de lecture, même s'il s'agit d'une traduction, le résultat dénote d'une langue originelle riche et soutenue.
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Hector Abad est Colombien. Son pére était un médecin reconnu et il nous livre ici son histoire. Celle du pére et du fils, en même temps...



En fait, à travers ce livre, c'est aussi un état de la situation en Colombie qu'il donne. Et aussi une étude de situations politiques. Car Hector Abad Sr a été assassiné alors que son fils avait 28 ans. Et ce pére, il l'aimait profondément, autant que son pére l'aimait lui. Alors il nous dresse un portrait de sa vie, de ses combats, et son envie de faire évoluer le systéme colombien. L'écriture est simple, elle relate simplement des événements, avec une façon distanciée d'en parler. On sent qu'il a eu le temps de réfléchir sur le sujet, qu'il ne dresse juste un portrait flatteur de son pére, mais qu'il en souligne les bons côtés, évoquant rapidement les mauvais, rappelant qu'ils sont aussi une partie de lui. Sans faire dans le sentimentalisme exacerbé, il parvient à offrir une oeuvre trés touchante.



Et pour ce qui est du côté politique, c'est toute la peur qui l'accompagne dans ces états où les révolutions, où les combats, se terminent souvent en assassinat. Ce livre est un témoin de cette époque, et de ce monde. Et il fait bon le lire pour s'en faire aussi une idée !
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« Je crois que la seule raison pour laquelle j'ai pu continuer à écrire toutes ces années, et à envoyer mes écrits à l'impression, c'est que je sais que mon père aurait aimé, plus que quiconque, lire toutes ces pages de moi qu'il ne put lire. Qu'il ne lira jamais. C'est un des paradoxes les plus triste de ma vie : presque tout ce que j'ai écrit, je l'ai écrit pour quelqu'un qui ne peut pas me lire, et ce livre même n'est rien d'autre que la lettre adressée à une ombre. »

Chaque famille a ses drames et ses failles : le bonheur, on le sait, est un sentiment fugace. Bien trop souvent nous n'en avons conscience seulement de façon rétrospective.

L'écrivain colombien Héctor Abad, né en 1958, dans cette magnifique autobiographie, entend rendre justice à la mémoire de son père, assassiné en 1987 par des paramilitaires et à Marta, une de ses cinq soeurs morte prématurément d'un cancer au début des années 1970.

Ils avaient en commun une grande générosité et des talents divers. le père, professeur de médecine, sans cesse en lutte pour éradiquer les maladies de la misère, à commencer par celles causées par l'absence d'eau potable, avait la réputation d'être un extrémiste de gauche, alors que la vérité était bien plus nuancée. Il menait une existence confortable, était proche politiquement du libéralisme. Mais au final il a payé au prix fort son action en faveur des déshérités.

J'ai rarement lu un témoignage d'amour filial si bien mené. Il est sûrement à la mesure de l'adoration que lui portait son père. Pourtant Héctor Abad ne prétend pas avoir totalement cerné toutes les facettes de cet homme bon. Et d'ailleurs, il laisse volontairement des zones d'ombre à ce qu'il sait. Ce récit est très émouvant, drôle aussi parfois, mais un peu triste au fond : il démontre qu'on n'en a jamais vraiment fini avec la disparition de ceux que nous aimons.

(Je ne remercie pas les éditions folio Gallimard. Mon exemplaire a été imprimé en dépit du bon sens : la pagination est complètement délirante. Et il y a cent bonnes pages répétées pour rien à deux endroits différents et un sommaire qui ne correspond à rien. En fin de compte je pense avoir lu la totalité du livre. Mais probablement pas dans l'ordre voulu par l'auteur…)
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La Colombie, Medellin... Des mots qui font venir des images bien diverses : de Pablo Escobar et les cartels de drogues, en passant par Ingrid Betancur et les Farcs, les sicarios ou bien Shakira. Il y a des images de gloire ou d'effroi pour tout le monde.
Pour Héctor Abad , c'est autre chose encore. Loin des images glacées ou sensationnelles des médias, l'auteur a vécu de très près et dans toutes ses dimensions les maux dont souffre la Colombie à travers l'itinéraire de son père médecin bourgeois et militant pour les plus défavorisés qui sera assassiné.

L'Oubli que nous serons (vers empruntés à Borges et retrouvé dans les poches du Docteur Abad) est un livre tout simplement magistral, comme une symphonie où chaque mot tombe juste et résonne chez le lecteur. C'est aussi bien une histoire familiale, que l'histoire d'une transgression, d'un engagement, qu'un portrait de la Colombie et des tournants qu'elle a pris au XXème siècle. D'abord au moment des révolutions du contient, pris entre l'étau des traditions politiques de la vieille Europe et la religion catholique, t plus "récemment" quand les élites conservatrices en col blanc ont chargé l'armée de l'Etat et les guérilleros d'enlever, torturer et tuer toute personne gênante - qu'on aurait pu soupçonner, même très vaguement de penser différemment et donc d'être, potentiellement, un dangereux opposants. Avec ou sans preuve, tant que le soupçon même de menace est éradiqué qu'importe.
Et grâce à ce roman, ces faits historiques ou faits divers deviennent palpables, à travers les destins des voisins du quartier, des collègues ou de la famille Abad. Certaines pages, certains chapitres même, sont tout simplement à couper le souffle et devraient être lu dans les établissements scolaires pour remplacer les blablas bien pensants sur les grandes idées à la mode comme "la violence", "la tolérance", "les inégalités", etc etc

La grande force de cet ouvrage est double : en dehors de sa qualité d'écriture et "informative" disons, l'autre prouve qu'écrire, dénoncer et sensibilser par l'écriture est un acte de résistance, et qu'en faisant revivre des souvenirs d'une personne sur le papier, la littérature a le pouvoir incroyable de pouvoir suspendre le temps.

Une lecture très forte, aussi poignante que touchante.


Challenge multi-défis 2019
Challenge Globe-trotteurs
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J'ai lû ce livre pour me plonger dans l'univers passé de Medellin alors que j'y étais de passage pour un mois! C'est réussi, c'est impressionnant de voir l'évolution de la ville et du quartier de Laureles et de comprendre à quel point les clivages politiques étaient importants et impactaient la vie quotidienne.
L'auteur nous partage l'amour réciproque intense entre un père et son fils. Père que l'on finis aussi par aimé de par son humanisme, son modèle éducatif et ses très beaux écris (la dernière lettre citée dans le livre à son fils alors qu'il étudiait en Italie est magnifique!). On ressent énormément que ce livre est un hommage d'abord à son père mais aussi aux personnes bienveillantes de son entourage qui ont été à un moment donné bons avec lui, sa famille (et souvent aussi pour la société) et qui sont toujours nommées. Un certains nombre ont d'ailleurs aussi été assinés. J'y trouve aussi un réglement de compte avec les personnes malveillantes qui sont également nommées. Quand on ne connaît pas cet univers, ce n'est pas toujours très agréable cet enchaînement de nom propre inconnus bien qu'on comprenne que c'est une envie de l'auteur pour écrire ce qu'il s'est réellement passé.
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Véritable plaidoyer contre la terreur politique, comme l'écrit Vargas Llosa dans la préface, le livre autobiographique de Victor Abad est un travail de mémoire familiale pour cet écrivain distrait qui dit tout oublier, mais aussi un travail de mémoire collective pour les colombiens.
C'est donc le destin d'un peuple et d'une nation livrée à une violence institutionnalisée, gravé dans celui d'une famille, l'assassinat jamais élucidé d'un père par des sicaires, parce qu'être un humaniste dans la tradition des Lumières en 1987, en Colombie, relève du scandale : un homme debout est un homme dangereux. C'est enfin un hommage rendu à l'écriture, cette expression qui, ici, invite la mémoire pour construire une oeuvre et placer les ombres absentes et aimées côté soleil.
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Hector Abad nous transporte en Colombie, à Medellin au coeur de sa famille à laquelle nous nous attachons rapidement.
C'est un livre sur l'amour filial mais c'est aussi un livre sur la violence politique colombienne des années 70-80.
Hector Abad nous décrit avec un très grand talent la maladie puis la mort d'une de ses soeurs et l'assassinat de son père. Ces deux drames dans l'existence d'Hector Abad sont des temps forts dans ce livre puisqu'il y aura un avant et un après et l'on ressent avec lui la tragédie de ces "événements".
Je terminerai cette critique en le citant : " Nous vivons une époque violente, et cette violence naît du sentiment d'inégalité. Nous pourrions avoir beaucoup moins de violence si toutes les richesses, y compris la science, la technologie et la morale - ces grandes créations humaines - ,étaient mieux réparties sur terre. C'est le grand défi qui se présente à nous aujourd'hui, pas seulement à nous, mais à l'humanité."
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