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EAN : 9789947212349
190 pages
ANEP (30/11/-1)
4/5   1 notes
Résumé :
« La nuit coloniale peut se lire aussi comme une critique la plus radicale et la plus fondée du colonialisme français en Algérie, car faite par un homme qui en a connu les multiples facettes de l'extérieur et de l'intérieur. En ces temps où le « révisionnaire historique « semble refleurir de l'autre côté de la méditerranée, cette piste de lecture me semble la plus féconde »
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le général de Gaulle prétend découvrir, à son tour, des assises historiques à la prétendue politique d’assimilation. « Depuis que le monde est monde, a-t-il déclaré récemment, il n’y a jamais eu d’unité ni, à plus forte raison, de souveraineté en Algérie ».

Le général de Gaulle est dans l’erreur. Il est fort possible que son opinion fasse autorité auprès de certains Français. Pour nous, Algériens, elle est sans fondement.

On ne peut cacher indéfiniment à un peuple et son histoire. Il finit par la connaître et par l’écrire lui-même. Comme les Français ont écrit la leur.

En 1830, l’Algérie était un État souverain. Pourquoi le nier ? Le fait que la France l’ait détruit prouve la puissance de la France, mais non pas l’inexistence de l’État algérien.

Cet État, aux limites actuelles, remontait à 1515. Il n’était ni moins bien ni mieux organisé que beaucoup d’autres État. Il menait une vie nationale et internationale reconnue par de nombreux pays européens (la France, l’Angleterre, les États-Unis, la Hollande). Il avait signé avec eux différents traités. Militairement, il disposait d’une armée régulière de quinze mille hommes environ et d’une flotte de plus de soixante navires.

Ses frontières, bien définies à l’est comme à l’ouest, étaient reconnues de tous, aussi bien de la France que des États voisins. C’est au dey d’Alger que la Chambre de Commerce de Marseille s’est adressée pour créer le bastion de la Calle. Cette frontière de l’est est demeurée celle de la colonie française.

Pour la frontière de l’ouest, il suffit de rappeler le conflit qui surgit entre la France et le Maroc quand, en 1844, l’émir Abd el-Kader la franchit. On ne viole pas une frontière qui n’existe pas. Cette frontière algéro-marocaine est restée la même jusqu’à nos jours.

Vers 1790, le savant français de Paradis apporta son témoignage :

« Alger donne son nom à toute la Régence. Elle est le siège du gouvernement et le centre des forces de l’État.

Il n’a jamais existé d’État plus économe des fonds publics que le gouvernement d’Alger. Le trésor de l’État est ménagé avec un scrupule inconcevable. » (pp. 41-42)
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Si j’avais à écrire l’histoire de la colonisation française en Algérie, je la ferais commencer au lendemain de la défaite de l’Empire. C’est Waterloo qui explique, le mieux, Sidi Ferruch.

On rattache l’expédition de 1830 à un prétendu coup d’éventail donné par le dey Hussein à l’aventurier Duval, consul de France. Les préparatifs de cette expédition étaient, en réalité, antérieurs à cet « incident ». Donc, s’il n’avait pas existé, il aurait été créé de toutes pièces pour justifier l’agression.

Les raisons sérieuses de la conquête de l’Algérie son ailleurs. Depuis le Moyen Âge, quatre puissances européennes se disputaient la maîtrise des mers, les comptoirs commerciaux et les colonies : la France, l’Angleterre, l’Espagne et le Portugal.

Les trois dernières avaient fini par fonder des empires de peuplement et d’expression. Elles finirent par faire souche. On parlait espagnol et portugais en Amérique du Sud et dans une partie de l’Asie. On parlait anglais en Amérique du Nord et aux Indes.

La France, en revanche, multiplia les insuccès.

Après s’être installés en Asie, dans les deux Amériques, en Afrique, les Français furent contraints de céder les plus importantes de leurs possessions. Depuis les défaites de Louis XV et la perte du Canada (1763), depuis la révolte et l’indépendance de Saint-Domingue, depuis la vente de Louisiane aux États-Unis (1803), depuis enfin le second traité de Paris (1814), la France n’avait pratiquement plus d’empire colonial. Ses possessions d’outre-mer étaient passées en d’autres mains. Du grand domaine, il ne lui restait plus que quelques îles.

Face à l’expansion et à la prospérité commerciale de la bourgeoisie européenne, celle de la France ne pouvait demeurer dans un cadre réduit par ces échecs successifs. Les nombreuses rivalités qui opposaient entre elles des puissances européennes expliquent à elles seules les actes « colonialistes » du capitalisme français.

La pensée dominante de ce capitalisme fut la reconstitution d’un grand empire et la création de colonies qui seraient non seulement de vastes marchés de consommation et une source de matières premières nécessaires à son industrie, mais aussi des « terres d’expression et de race françaises ».

La bourgeoisie française jeta donc son dévolu sur l’Algérie et le Maghreb arabe, sans se préoccuper, outre mesure, des conditions démographiques et humaines de l’Afrique du Nord. Sans se préoccuper surtout de sa civilisation et de sa haute personnalité. (pp. 39-40)
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L’« Algérie française » ? Cette expression est à elle seule une insulte au bon sens. Dix millions d’Algériens, relégués au dernier rang d’une société qui se veut moderne et civilisée ; huit cent mille Européens recrutés un peu partout, pour occuper les places, les fonctions d’autorité et user les richesses d’un pays qui n’a jamais cessé d’être un pays arabe : voilà l’image la plus exacte de l’Algérie dite « française ».

Quand nous revendiquions des écoles, on nous disait qu’elles n’étaient pas pour nous et que nous étions inéducables. Le colonialisme s’est employé à détruire notre culture arabe sans pour autant nous enseigner la sienne. Il nous a fermé la porte des grandes écoles et de la technique, pour nos accuser ensuite de manquer d’aptitudes. La vérité est qu’en six ans, le FLN a formé plus de techniciens parmi les Algériens que la France n’en a formé en un siècle. (p. 27)
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Vidéo de Ferhat Abbas
Un jour l'heure des modérés va sonner et les idées de Ferhat Abbas vont inéluctablement triompher mais ce jour là nous serons peut être plus de ce monde.
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