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Critique de Alfaric


Préparez vos mouchoirs à l'avance, car comparés au "Rainbow" réalisé par le duo George Abe et Masasumi Kakizaki on peut dire qu'"Oliver Twist" de Charles Dickens, "La Petite Princesse" de Frances H. Burnett, "Sans Famille" d'Hector Malot et "Les Misérables" de Victor Hugo (sur lequel on lorgne un peu mine de rien, bien que la saison 1 ressemble furieusement à une version manga de "Prison Break" ^^) au rang de Oui-Oui au pays des Bisounours ! (par précaution, prévoyez 1 paquet pour 1 chapitre…)
C'est violent, tant physiquement que moralement, et c'est d'autant plus éprouvant pour les lecteurs que des millions de gens ont subi le même calvaire que les personnages et qu'il est fort à parier que des millions d'autres le subissent encore actuellement…
On nous dépeint donc le Japon des années 1950, puissante émergente renvoyée de force dans le tiers-mondisme à grand coup de bombardements intensifs ayant allègrement passé la frontière entre actes de guerres et crimes de guerres (voire de crimes contre l'humanité : remember Hiroshima et Nagazaki, mais aussi la Bataille d'Okinawa dont je vous reparlerais dans ma rétrospective de la série dark fantasy "Claymore"), où une génération entière est livrée à la misère à cause de leurs aînés qui ont déclaré une guerre qu'ils n'auraient jamais pu gagner (toute ça au nom de la race supérieure, de la destinée manifeste, du nouvel ordre mondial et autres conneries du même genre)… MDM
Le scénariste George Abe puise dans ses propres souvenirs pour construire une saga chorale qui flirte avec la chronique sociale, le témoignage voire la biographie, car la narration fait la part belle à un narrateur omniscient qui interpelle fréquemment les lecteurs pour commenter l'action, et on voit vite qu'il s'incarne successivement dans ses sept personnages et que la frontière entre leurs histoires et sa propre histoire est parfois bien ténue…
Nous suivons donc un groupe de jeunes laissés pour compte de la société, qui vont se rassembler et se reconstruire autour de Rokurôta Sakuragi, rapidement surnommé Anchan par ses protégés, qui va leur apprendre l'estime de soi, l'estime des autres, le « un pour tous et tous pour un » ainsi que le courage de faire face à tous les maux de la société… donc une formidable histoire d'amitié, une ode à la liberté, à l'égalité et à la fraternité où le pathos de "Saint Seiya" rencontre le sens de l'abnégation d'"Ashita no Joe" : c'est du lourd !
Ce manga signe la rencontre entre George Abe, senior dur à cuire adepte du gekida, et le dessinateur virtuose Masasumi Kakizaki, junior dandy fan de Séries B et d'Heavy Metal (qui a la même méthode de travail que Tite Kubo l'auteur du shonen à succès "Bleach" : à chaque chapitre correspond un morceau de musique qui colore le ton et le rythme dudit chapitre qui va hériter de son nom). Notons que ce denier s'éclate, un peu trop d'ailleurs ^^, à filer des trognes de cauchemar à une galerie de pervers et de psychopathes qui ne dépareilleraient absolument pas dans une franchise horrifique hollywoodienne de la grande époque… du coup, "Rainbow" c'est aussi l'histoire d'amitié entre le scénariste et le dessinateur, et force est de constater qu'il faut plisser les yeux pour voir les différences entre le chef-d'oeuvre du duo et les séries réalisées par le dessinateur en solo…


pour le tome 19 :
https://www.babelio.com/livres/Abe-Rainbow-Tome-19/318573/critiques/1340261
pour le tome 20 :
https://www.babelio.com/livres/Abe-Rainbow-Tome-20/340196/critiques/1340966
pour le tome 21 :
https://www.babelio.com/livres/Abe-Rainbow-Tome-21/374403/critiques/1341456
pour le tome 22 :
https://www.babelio.com/livres/Abe-Rainbow-tome-22/682831/critiques/1341901

Après le tome 20, les auteurs auraient dû entamer une 4e époque du manga… Car en racontant sa propre histoire portée par morceau par morceau par les membres de la cellule 6 du bloc 2 de la maison de redressement de Shonan, George Abe voulait raconter celle du Japon tout entière, mais les éditeurs en ont décidé autrement (maudits soient-ils eux et leurs successeurs pour 13 générations !) et il a fallu improviser une conclusion bien plus tôt que prévu… Et quelle conclusion : rhââ lovely !
Énorme coup de coeur pour la série toute entière, donc merci George Abe et Masasumi Kanzaki de m'avoir offert tant d'émotions : j'ai ri, j'ai tremblé et j'ai pleuré, donc je ne vous oublierai jamais ! Est-ce un hasard si "Rainbow" se termine là où commence "Ashita no Joe" ? Non, absolument pas, comme le prouve cette magnifique reprise du légendaire counter strike du manga culte ! L'histoire racontée par le manga se termine prématurément en 1968 : la même année, IRL le manga "Ashita no Joe" a tellement secoué le Japon que pour sauver sa peau le gouvernement le fit arrêter, et quelques années plus tard un petit film de la même veine appelé "Rocky" est entrée dans le coeur de l'humanité toute entière… (n'en déplaisent aux gros rageux élitistes qui méprisent de tout leur fiel les masses stalloniennes, car les mêmes causes produisent les mêmes effets : nous sommes humains et nous sommes légion, donc les forces obscures de la crevardise ne passeront pas !)


Challenge Pavés 2016-2017
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