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4,09

sur 612 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lu dans la collection Babel d'Actes Sud sous le titre « tout s'effondre » dans une traduction de Pierre Girard.
Une superbe mise en lumière de la façon dont notre culture « universelle », sous couvert de religion, a supplanté celles qui l'ont précédée, en l'espèce celle des Ibo du Nigéria. Ce roman écrit à la façon d'un conte africain, dans un langage simple et chaleureux, mais lucide sur les pratiques ancestrales, est plus démonstratif qu'un essai savant sur l'altérité sociétale. Si vous aimez la lecture pour découvrir d'autres façons de penser, ne le manquez surtout pas. C'est passionnant, émouvant, très agréable à lire et surtout cela interroge sur notre capacité à accepter la différence.
(Merci à Nastasia-B dont la critique enthousiaste m' a fait découvrir ce livre.).
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Chinua Achebe est un écrivain nigérian. Il raconte une histoire terrible dans une afrique précoloniale. Les moeurs, les codes, les coutumes, les dieux y sont d'une étrangeté absolue et d'une grande cruauté. C'est un monde qui se trouve confronté brutalement à l'arrivée des colonisateurs qui imposent leur religion, leurs tribunaux, leur vision folle et fourbe des rapports humains. le début du livre est assez difficile à lire car il y a beaucoup de répétitions et les noms des personnages est assez compliqué à retenir mais ensuite le récit prend son envol. On pénètre dans la mentalité des fermiers d'umofia, des rapports familiaux, des drames qui se jouent. Ce livre a une force incroyable et laisse une empreinte durable.
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J'ai eu envie de lire ce roman (presque un témoignage) après avoir découvert le commentaire enthousiaste de MaggyM.
J'aimerais trouver les mots pour vous entraîner vers ce livre à cheval entre le roman et le témoignage, Nous sommes en Afrique, au Nigeria. Avant que tout ne s'effondre, c'est-à-dire avant l'arrivée des Blancs colonisateurs et missionnaires. L'auteur va raconter la vie d'un clan, ses rites, sa culture, ses codes, la vie quotidienne (repas, relations avec les autres clans...), ses fêtes religieuses. C'est passionnant de découvrir comment était l'Afrique qu'on qualifiait de "primitive".... Cette partie représente les 2/3 du livre. Je me suis attachée aux personnages, j'ai aimé découvrir et apprendre les rites pratiqués...
.
Et puis arrivent les colons, mais pire encore les missionnaires, avec leur nouvelle religion qui affronte les anciens rites. Tout s'effondre alors. En moins d'1/3 du livre, le clan, ses rites, ses habitudes, est détruit. C'en est impressionnant, triste, décourageant. Je ne m'attendais pas à une telle rapidité. Les dernières pages sont bouleversantes : on voit vraiment un monde disparaître sous nos yeux. Au nom de la "civilisation" !
Un roman exceptionnel. Je remercie MaggyM qui m'a permis de le découvrir . Je m'empresse de le conseiller autour de moi !
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Le monde des nigérians à commencé à s'effondrer à l'arrivée des missionnaires blancs. C'est le monde d'avant et ce moment de bascule que Chinua Achebe nous raconte dans son roman.

C'est à travers le parcours de Okwonkwo, jeune homme ambitieux, qui veut à tout prix réussir mieux que son père dont il a honte, que le lecteur vivra la vie au quotidien d'un village ibo. Grâce à une narration simple sans être simpliste, émaillée de proverbes, dictons et autres sentences du cru, l'auteur déroule tous les aspects de la vie des villageois. Les tâches de chaque jour, la culture, la justice, la religion, l'éducation des enfants, les relations matrimoniales,.... tout sera passé en revue décrivant ainsi un tableau particulièrement clair de cette période pré-coloniale.

L'homme blanc, son Dieu, sa culture britannique et sa certitude de supériorité arriveront un peu après la moitié du roman. Chinua Achebe, toujours dans un style rappelant fortement la tradition orale, parvient à mettre le doigt sur toutes ces petites choses qui vont commencer à effriter l'équilibre dans lequel vivent ces villageois, finissant par provoquer l'effondrement d'une civilisation. Jusqu'à une conclusion particulièrement amère.

Cette lecture était vraiment intéressante et poignante. Fluide, ce roman se lit finalement très vite et nous fait passer par tout un tas d'émotions qui se succèdent et s'interchangent de page en page. Une vraie immersion dans la culture nigériane et sa littérature, une petite pépite dans son genre.


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Magnifique roman qui n'a pas pris une ride pour peu qu'on le transpose dans un autre pays.

Tout y est dit : la vie simple et sage d'un village, de ses maîtres et croyances, un monde fait de rites et de traditions.
Et l'arrivée des colonisateurs, ceux-là mêmes qui vont imposer leurs lois au mépris de toute empathie, de toute humanité.
Cela débute par les missions d'évangélisation, mais cela est bientôt d'une autre époque. C'est principalement la prise de pouvoir par les autorités étrangères qui heurte.

J'utilise rarement le "je" dans ne critique mais là, je me lâche ! Comment peut-on imposer sa loi de telle manière à un peuple qui ne demande rien, si ce n'est de vivre selon des préceptes ancestraux qui leur conviennent tout à fait ?

Battre, emprisonner dans tous les sens du terme un peuple innocent sous couvert d'une dictature de couleur, de pensée, cela reste et restera inadmissible.

Je relirai donc sans doute ce magnifique texte à la lueur de l'une ou l'autre actualité mondiale.
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La vie dans un village africain avant et après que les missionnaires blancs ne soient arrivés. Ce livre décrit la vie d'un homme attaché aux traditions de son peuple dont l'univers est soudain bouleversé par l'arrivée de missionnaires qui chamboulent toutes les règles en convaincant les moins influents de la communauté.
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Je suis presque tombée amoureuse du héros, Okonkwo, fils d'un inutile paresseux, et qui se fait lui même, par sa propre ténacité ; il se forge, il veut s'en sortir et être reconnu comme le meilleur de son clan, comme un seigneur. Sa vie est « un combat acharné contre la pauvreté et l'infortune » Non, il n'a pas eu de chance, il a conquis sa chance à force, il a combattu pour devenir riche et puissant et il a réussi.
C'est un homme.
Avec plusieurs femmes.
Il est colérique aussi.
Avec ses champs d'ignames et de manioc.
Et ses nombreux enfants.
Mais voilà : son fils Nwoye n'est pas aussi combatif que lui, il ressemble à une femme, et fait penser à la faiblesse de son grand père.
Bien sûr, Achebe a pour but de conter au plus près sa culture, avec par exemple la polygamie, la division du travail familial,(chaque épouse a son propre logis, elles envoient chacune un pot de nourriture à leurs mari commun, il visite l'une ou l'autre à son gré), la signification mystique du nom des enfants et la suprématie incontestée des hommes sur les femmes.
(Rappelons nous l'Europe à cette époque, où Jane Eyre a été écrit soi disant par un homme)
Dans ce village nigérian de la fin du XIX siècle : la vie quotidienne, les mariages, les amitiés, les enterrements, les castes, le tout est réglé par les injonctions des esprits et par la coutume qui s'en remet souvent au monde supérieur des dieux.

Achebe nous plonge dans les contes qui se racontent le soir devant le feu, les proverbes animaliers et parsème, comme des herbes rares, les mots obi( case) , et chi : le chi , c'est l'âme, le Dieu personnel que chacun possède et qui le guide. Et plein d'autres mots igbos que nous comprenons intuitivement .
Achebe, tu es vraiment malin.

Le surnaturel est toujours présent dans la culture Igbo (en particulier), il s'agit non pas d'obéir à des croyances ancestrales médiévales, mais de souder l'accord entre les individus, le clan et les dieux.


Parmi les rites, celui d'abandonner les jumeaux à leur naissance, car ils portent malheur. Certains enfants reviennent sur terre avec un esprit maléfique, il s'agit de se débarrasser d'eux.
Chinua Achebe, merveilleux conteur, fait oeuvre d'anthropologue, et une babeliote Nastasia . B, souligne ce témoignage unique en son genre, écrit en 1958, soit avant l'indépendance du Nigéria. Je la cite, elle parle mieux que moi :

« Imaginez le bonheur que serait le fait de pouvoir lire de la main d'un Aztèque l'arrivée des Espagnols ou bien l'implantation de l'Islam en Asie centrale vue par un Ouzbek d'alors. Eh bien c'est ça qu'il nous offre, rien de moins. Ça et, évidemment, comment cela s'est terminé, d'où son titre.
La quatrième de couverture cite un proverbe africain qui colle merveilleusement au propos du livre et qui m'évoque immanquablement La Guerre Des Gaules de César : « Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, l'histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur. »

En tant que chef, Okonkwo recueille le fils d'un village ennemi, qui devient son fils adoptif et meilleur ami de son fils. Par excès de virilité mal placée, il se croit obligé d'écouter l'Oracle et tue cet adolescent.
Péripéties multiples font qu'après un exil de sept ans, il revient dans son village et le voit envahi par des missionnaires.
Le sabre et le goupillon, le goupillon en premier.
Il arrive, l'homme blanc, personne ne comprend ce qu'il dit et il ne comprend pas ce qu'on lui dit, de plus, parfois pour arrondir les angles, parfois dans l'ignorance où il est du langage particulier du village d'Umuofia, sud est du Nigeria, l'interprète ne traduit pas vraiment.
Avec une subtilité remarquable, dans ce livre culte de la littérature africaine, Achebe
fait allusion au massacre des prophètes de Baal, revendiqué par le second missionnaire, pour qui noir c'est noir et le noir doit être éliminé ou converti, aussi simple que ça. Des massacres au nom de la religion ont eu lieu partout, et pour lui, le missionnaire, ces massacres sont des modèles à suivre. (En fait, des menaces)


Après les premiers missionnaires, arrive un gouvernement au nom de la reine Victoria, des magasins et une école, un hôpital. C'est tranquille, cette invasion, pas agressive, mais inexorable.
La pacification de ces primitifs est mise en place.
Et comme nommer est à la fois une incantation et une promesse, le christianisme naissant rebaptise à tour de bras.
Nwoye , perturbé par son vécu sanglant, devenu chrétien , s'appellera désormais Isaac, celui qu'Abraham a failli tuer sur ordre divin. Les sacrifices humains ont souvent, malheureusement, existé, y compris dans la Bible. Et il accepte de s'appeler comme un enfant que l'on va sacrifier, alors qu'il a terriblement souffert du meurtre de son meilleur ami. Il va, de plus, faire doublement souffrir son père, comme si il acceptait le sort de son ami à sa place et faisait revivre le tourment de notre magnifique, merveilleux, héroïque Okonkwo.

Je vous dis, presque amoureuse je suis.
Incompréhension, accueil, escalade, invasion, manque de vigilance devant cette invasion (prônant de quitter père et mère, l'horreur pour les villageois!) puis conversions pour des raisons multiples.
Et dérapage vers le fanatisme d'un nouveau chrétien plus croyant que les croyants.

Voilà, le fanatisme inutile, voilà.

Et la réponse, déjà prête, la répression.

Magnifique livre, inoubliable Okonkwo.

Le titre originel : le monde s'effondre" a été changé pour « Tout s'effondre » après l'épuisement du premier titre. le monde, ou le tout, ne sera jamais plus le même.
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Un magnifique texte qui nous offre une vision véritable et beaucoup plus nuancée sur la colonisation, bien loin des débats tranchés sur le sujet. Et qui nous interpelle inévitablement sur notre vision du monde et la question de l'Autre.
La pierre angulaire de ce roman est le paradoxe de l'intersubjectivité, à savoir que ce qui nous lie est aussi puissant que fragile. Puissant du fait de la force des tabous, rites, et croyances des populations pré-coloniales du Niger, qui ont donné à la vie et aux événements un caractère profondément immuable. Mais très fragile dans le même temps, car il est déconcertant de constater avec quelle rapidité un tel système séculaire a pu s'effondrer face à l'inattendu, un cygne noir, l'arrivée des missionnaires et des colons européens.
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C'est la critique de Ladybirdy qui m'a donné envie de lire ce livre. Je suis depuis longtemps intéressée par l'histoire de l'Afrique et plus particulièrement par l'histoire précoloniale.

Publié en 1958, le roman a été traduit en français pour la première fois en 1966 (sous le titre le monde s'effondre), puis il a été réédité chez Actes Sud en 2013 (sous un nouveau titre) à l'occasion du décès de l'auteur.

« A la fois roman historique et récit de critique sociale et politique, ce livre raconte le déclin et la chute de l'Afrique précoloniale sous la pression impérialiste occidentale.» (Tirthankar Chanda)

Dans la majeure partie du roman, on suit le parcours d'Okonkwo dans son village du Bas-Niger à la fin du XIXe siècle. Comme n'importe où dans le monde et à n'importe quelle époque, la vie n'y est pas parfaite mais poursuit son chemin.

On y découvre comment s'organise la vie de famille, l'importance de la culture de l'igname (le foufou d'igname est délicieux ^_^ ), les croyances, les règles de la vie en communauté, …

Et puis les premiers missionnaires arrivent pour imposer leur « vraie » religion sans même essayer de comprendre (et certainement pas de respecter) la culture et les croyances des natifs.

« Le Blanc est très habile. Il est arrivé avec sa religion, tranquillement et paisiblement. On s'est amusé de toutes ses sottises et on lui a permis de rester. Maintenant il a conquis nos frères et notre clan ne peut plus rien faire. Il a posé un couteau sur les choses qui nous tenaient ensemble et on s'est écroulés. »

La suite de l'histoire on la connaît… « … ce qui est bon pour certains est une abomination pour les autres. »

Excellent roman que je recommande à mon tour.


Challenge livre historique 2020
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Un livre clair et beau qui nous dépeint lentement, comme une balade les traditions d'un clan Ibo, dont on connaît dès la lecture du titre une destinée tragique, une disparition certaine.
De ces traditions racontées par Chinua Achebe, on comprend la transmission ancestrale du mysticisme, de l'organisation sociale, et aussi la brutalité dans certaines règles... Et puis tout ceci se heurte à l'arrivée des missionnaires prêts à balayer tout ça. On se dit que tout ce qui arrive on le connait déjà, ces prémices de colonisation et l'on oscille entre contemplation d'une civilisation disparue et regret de l'histoire tragique sous toutes ses formes. Et pourtant les dernières pages du récit arrivent et laissent un indéfinissable malaise, une forme d'amertume née du talent de l'écrivain.
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