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Critique de Eve-Yeshe


Leila raconte sa vie de tous les jours, ses émotions ce qu'elle pense dans un carnet que lui a offert Antoine. Tous deux se sont connus à Pôle Emploi, se sont rapprochés au cours de jeux de rôles, et sont devenus amants. Tous les deux sont des estropiés de la vie et pourtant, Antoine n'a que dix-huit ans et Leila vingt-et-un.

Leila est mariée à Alex, vigile violent verbalement et physiquement. Il était son coach au volley et il l'a embrassée, harcelée, mise dans son lit et épousée quand elle s'est retrouvée enceinte, au grand dam de ses parents. Mais monsieur avait des principes, on n'avorte pas c'est un meurtre, mais cela ne le dérange pas d'être gros pervers, doublé d'un pédophile.

Comment Leila aurait-elle pu échapper à son emprise, alors que son père a toujours fait régner la terreur à la maison, violent avec sa femme, tyran avec ses filles, à tel point que la grande soeur de Leila a fui la maison sans jamais donner de nouvelles. Elle sent bien qu'il y a quelque chose d'opaque dans cette fuite mais préfère occulter.

Elle n'a jamais le droit de sortir le dimanche, même pour promener son fils Gabi, car Alex est vautré sur le canapé à regarder les matches de foot en picolant.

De son côté, Antoine qui a des parents aimants, chez lesquels il squatte, a complètement perdu pied, car un jour « il a pris une vie sans le vouloir » mais ça le hante et il est devenu marginal, carburant au haschich.

Mais, Alex les a surpris, on ne sait pas trop comment, vu qu'il bombarde Leila de messages pour la surveiller et frappe violemment Antoine, hurlant qu'il va faire la peau à « sa pute d'épouse » et c'est la cavale. Fuite dans le Sud, la mer, son décor somptueux, dans une maison appartenant à la famille, où ils se retrouvent nez à nez avec la soeur d'Antoine avec laquelle il est fâché : Lise qui veut en finir avec la vie…

Olivier Adam nous propose une belle histoire, qui fait parfois penser à « Thelma et Louise », avec des personnages cabossés par la vie, par leurs manques affectifs et leurs actes passés qui les rattrapent et qui vont être dans l'obligation de prendre leur vie en mains et sortir de l'adulescence en ce qui concerne Antoine, ou devenus adulte trop tôt pour Leila qui, répétant un scenario familial se retrouve sous l'emprise d'un pervers. On les voit évoluer, prendre conscience de leur capacité de résilience.

Tout acte a ses conséquences exprimant très bien la loi de causalité et tout de découle ou s'inscrit dans la continuité des traumatismes antérieurs ; cela soulève une question : comment réagir en face d'un pervers, violent, pour éviter que cela se termine par un féminicide ?

L'idée de faire écrire Leila dans son carnet est très intéressante car on se rend compte qu'elle est sincère, lucide, se posant les bonnes questions. Elle est sans concession vis-à-vis d'elle-même et des autres, mais elle garde les pieds sur terre devant tous ces évènements qui s'enchaîne sur le mode loi de Murphy dite de « l'emmerdement maximum ».

J'aime bien Olivier Adam pour son côté sombre, mélancolique, souvent blasé dans ses romans et qui aborde le désir de mourir, la mort intérieure qui précède la mort physique avec beaucoup de justesse et de sensibilité. J'ai lu plusieurs de ses romans et la plupart m'ont plu, je dois dire, pour ce côté noir. Là, il s'agit d'un roman pour adultes jeunes mais qui peut toucher tous les publics.

J'ai vraiment apprécié ce roman, j'ai essayé de le faire durer car j'ai retrouvé ce qui m'avait plu dans « Les falaises » ou « Les lisières » mais une fois plongée dedans, ce fut difficile…

Un grand merci à Babelio et aux éditions Robert Laffont pour m'avoir permis grâce à cette opération masse critique jeunesse, de lire ce roman et de retrouver l'auteur que j'avais un peu délaissé ces derniers temps. Olivier Adam fait partie comme Philippe Besson, Philippe Claudel, Serge Joncour ou Jean-Philippe Blondel (entre autres et pour ne parler que des hommes et que ceux que j'ai oubliés me pardonnent!) des auteurs que j'aime retrouver sans être une groupie : quand je n'aime pas je le dis, je ne cire pas les pompes…

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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