Citations sur Sisters (31)
Si j’étais toi, poursuit Matt, je n’essaierais pas de me demander pourquoi ils n’ont pas voulu de moi, mais plutôt :
qu’est ce qui a fait que, après avoir été tes parents pendant trois ans, ils n’ont plus été capables de l’être?
Ils s'étaient retrouvés piégés avec moi, comme un chaton qu'on trouve au fond du jardin et dont on ne veut pas, mais qu'on n'a pas le cœur de laisser mourir de faim. alors vous le prenez, et vous faites semblant d'aimer les chats, sait-on jamais ? A force, peut-être que ça finira pas prendre pour de bon.
Mais quand elle revenue à la maison,ils ont compris qu'ils ne pouvaient pas vous élever toutes les deux.Ils ont essayé,mais c'était impossible.ils s'en finalement rendu compte.El avait besoin d'attentions bien particulières.
_Je dis:on est sœurs,tu sais.Tu n'as pas à te cacher.Je sais à quoi tu ressembles,sans tes vêtements.Je connais les citatrices sur tes hanches Je sais que ton nombril ressort,au lieu de former un trou.Tu devrais m'accepter,au lieu de me repousser.Je sais plein de choses sur toi.
Je me demande ce qu'El cache vraiment sous les apparences.En surface,elle est tout l'inverse de moi.
Au fond de moi, je sais pourquoi je suis venue. Pour découvrir la vérité que personne n’a osé me dire. Ni El, ni tante Jemima. Je suis venue parce que j’ai besoin de savoir pourquoi. J’ai toujours eu besoin de le savoir. Pourquoi est-ce qu’il a fallu que je quitte cette maison et ma famille, pour aller vivre avec tante Jemima qui ne voulait pas de moi ? Pourquoi ont-ils gardé El, et pas moi ? Et qu’est-ce que j’ai bien pu leur faire pour que, aujourd’hui, après toutes ces années, ils soient si impatients de me voir partir ? Je suis venu chercher une partie de moi que j’ai perdue, qui m’a toujours manqué, et dont je sais que je ne peux la trouver qu’ici et nulle part ailleurs.
Tout ce temps perdu. Je sens déjà El se répandre dans les fissures de mon être, comme un poison qui me remplit, qui me complète. Sa coupe de cheveux impeccable, qui fend l’air à chaque pas, comme un coup de couteau, me donne envie de pleurer. Il n’y a qu’une personne au monde que j’ai le droit d’être, c’est Moi, la petite fille abandonnée, telle que j’étais dès ma naissance.
La solitude me pesait et, malgré les excellentes raisons qui m’avaient poussée à la fuir à l’âge de dix-huit ans, la savoir à ma recherche me faisait du bien. Alors j’ai commencé à la tester en augmentant la difficulté. Fausses pistes. Culs-de-sac. Je la mettais à l’épreuve. Ce cache-cache était une drogue et j’étais entrée en dépendance. Oh, être désirée… Quelle jouissance cela procure ! Malheureusement, il n’y avait qu’une chose plus pénible que son absence, c’était sa présence.
Il a dit que « ça va aller, maintenant que tu as dit ce que tu avais sur le cœur ». Comme s’il suffisait d’en parler pour que tout redevienne comme avant. Et que le chien mort, avec sa boîte crânienne enfoncée, revienne courir entre nos jambes, la langue pendue, joyeux comme tout.
Ce dont je suis certaine, c’est qu’elle ne m’a gratifiée d’aucune recommandation de dernière minute. Pas de « sois sage » ; pas de baiser d’adieu furtif sur la joue pour me remonter le moral. Elle n’a rien dit, rien fait. Je me serais souvenue de cela, je crois.
Elle a claqué la porte et la voiture m’a emmenée, le plus banalement du monde. J’aurais voulu me retourner pour la voir disparaître, mais j’étais tellement engoncée dans mes vêtements que j’en ai été incapable. Et malgré tout, je savais que quelque chose de définitif avait eu lieu. On m’avait donnée. Abandonnée. Jetée.