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Adonis de son vrai nom Ali Ahmed Saïd Esber, Syrien établi en France, considéré comme un des plus grands poètes arabe et Houria Abdelouahed, psychanalyste, maître de conférences à l'Université Paris-Diderot nous proposent un livre d'entretien sur l'Islam, le Coran et le monde arabe. Ils abordent des sujets tels que la place de la femme, la violence, la radicalisation, le printemps arabe mais aussi la poésie et l'art dans le monde de l'Islam. Un livre de dialogue qui va susciter surement de vives polémiques.
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Renversant. L'analyse que propose le poète syrien sur la violence en islam est des plus percutantes. Rien ne trouve grâce aux yeux d'Adonis, ni les gouvernements qui se réclament arabo-musulmans, ni d'ailleurs le "printemps arabe". Adonis observe dans ce livre d'entretien que la violence est intrinsèque à la naissance de l'islam. "Il est né en tant que pouvoir, analyse-t-il. Et cette violence a accompagné le fondement du premier califat".
L'intellectuel n'y va pas de main morte pour dénoncer les carcans de la religion. le propos est au vitriol et l'argumentaire bien élaboré.
Extrait de ses réponses.
Révolution arabe. «Une révolution est censée refléter le niveau des révolutionnaires… Ce qui s'est passé au nom de la révolution dans les pays arabes prouve que la grande majorité de la société arabe est dominée par l'ignorance, l'analphabétisme et l'obscurantisme religieux. Une révolution qui bascule dans l'obscurantisme n'a rien d'une véritable révolution».
L'islam tribu. "Pour ce qui est de l'histoire, les Arabes n'arrivent pas à penser objectivement le premier état dit arabo-musulman qui a été fondé sur le pouvoir et l'appartenance à la tribu. Qui dit tribu, dit absence de l'idée de pluralité. Quraysh, la tribu de Mahomet qui a exercé, après le décès de ce dernier, le califat, est une famille qui a fondé un Etat. Depuis Saqîfa (Lieu se trouvant au nord-ouest de la mosquée de Médine où se réunirent les musulmans après le décès de Mohamet, afin de choisir le nouveau chef de la communauté musulmane, )… le pouvoir est devenu une propriété de la tribu. Depuis, l'histoire est liée au pouvoir de la tribu".
Daech. "Je vois en Daech la fin de l'islam. C'est un prolongement certes. Mais c'est également la fin. Actuellement, sur le plan intellectuel, l'islam n'a rien à dire. Ni élan, ni vision pour changer le monde, ni pensée, ni art, ni science. Cette répétition est le signe même de la fin".
Régression. "La régression est générale. Et ceux qui essaient de trouver au sein de l'islam un autre islam n'y parviendront jamais. L'islam régnant ne reconnaît pas ce qui est en contradiction avec lui (...) L'islam refuse et bannit ce qui est en contradiction avec ses thèses ; ceci témoigne d'une grande intolérance. Il ne reconnaît pas l'égalité entre les individus ou les êtres humains."
Le fiqh. "Le fiqh a anéanti les droits de l'individu par le recours à l'idée du licite et de l'illicite, délimitant l'idée même de liberté et traçant les conditions pour la connaissance. (…) La vie en elle-même est réduite à un monde de prohibition et d'interdits. Or on ne peut pas se libérer dans le monde arabe que si nous rompons avec le fiqh. Ce dernier a créé au sein de l'islam une vision extrêmement étroite et pauvre, liée historiquement à l'exercice du pouvoir. le fiqh n'était ni une libération ni une exploration d'horizons philosophiques et scientifiques."
Féminité. "La féminité est devenue un objet de licite et de l'illicite, à savoir un objet codifié. C'est le sommet de la déformation et de la négation du féminin, de la femme et du désir. La religion a déformé le désir. Elle a déformé la sexualité et l'amour. Je peux même dire qu'elle a annulé l'amour". Plus loin Adonis ajoute : "Quand nous disons : «la femme en islam», la pensée va automatiquement à son organe sexuel. La femme est un sexe. L'islam a tué la femme. Il n'y a plus de femme, seulement un sexe ou un fantôme qui s'appelle «la femme». Il en a fait un instrument pour le désir et le plaisir de l'homme."
Les Arabes. "Daech extermine chiites, yazidites, sunnites… C'est une histoire de boue. Je n'ai pas envie de parler de ce que l'on appelle l'histoire arabe. Je n'arrive plus à parler des Arabes excepté dans le domaine de la poésie. Les Arabes n'ont pas réussi à créer un Etat ou à instaurer une citoyenneté."
Après ce réquisitoire, le poète syrien en appelle à une nouvelle lecture du Coran, à reconsidérer la question des interdits notamment à la lumière moderne. En conclusion, Adonis estime que "la conception qui règne actuellement requiert une nouvelle lecture de l'islam et des cultures des peuples qui ont vécu sous l'égide du pouvoir islamique".
Ce livre entretien apporte un témoignage rare, courageux et lumineux sur le monde dit arabo-musulman. Considéré comme l'un des plus illustres poètes vivants en langue arabe, Adonis veut sans nul doute que son analyse soit cathartique et ouvre la voie pour qu'enfin la société dite musulmane s'affranchisse de la camisole religieuse.

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Une critique un peu trop linéaire à mon goût, sans doute surtout écrite pour provoquer des réactions politiques. Et dans ce cas, le pamphlet ne peut intéresser que les personnes concernées et susceptibles de s'organiser pour formuler des réponses plus nuancées que celles proposées ici.
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Lire Violence et Islam après la polémique suscitée par la pétition signée par les 250 intellectuels français est étrangement inquiétant. Adonis comme Houria Abdelouahed n'espèrent pas autre chose dans leur livre que ce que demandent ces signataires dans leur pétition, en l'occurrence, que « les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés d'obsolescence par les autorités théologiques… ».
Par exemple, lorsque Adonis dit : (« (le Coran) c'est un texte extrêmement violent », il ne fait que constater et dire le danger de certains versets inflammables et dangereux pour l'étranger comme pour la pensée critique au sein du monde arabo-musulman où la poésie, l'art et la création sont condamnés au profit d'une culture fondée sur l'imitation du passé. En clair, ce livre est inquiétant car il nous apprend qu'il n'y a pas de subjectivité en Islam, ni de changement possible ; que Dieu a dit son dernier mot au dernier Prophète. Et d'après le poète et la psychanalyste, lecteurs et commentateurs du Coran, des hadiths et de la poésie préislamique arabe, ce dernier mot est particulièrement violent.
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Entretien d'Adonis sur les liens entre l'islam et la violence, tant physique que symbolique. L'entretien explore surtout les thèmes de la psyché du musulman, et de la relation entre l'islam dominant historique et la minorité poéte, philosophique, mystique de l'islam, qui selon l'auteur a toujours été minoritaire bien que réhabilitée et considérée comme la plus grande source culturelle du monde arabo-musulman. Adonis parait quand même un peu extrême dans ses positions - contre l'islam évidemment -, même s'il n'a généralement pas tort sur le fond.
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Un "outil" indispensable pour comprendre et approfondir.
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