Adonis reprend le mythe du déluge et quelques grandes villes mondiales (Londres, Paris...) pour évoquer l'impression de catastrophe qui menace le monde, alors que la nature demeure, fragile, en témoin. La mot et l'amour sont parmi les thèmes abordés, l'un et l'autre liés un fois de plus dans la violence et le mystère.
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Ponts
qui ne sont ni d'eau ni de fruit
que d'erreurs au nom de l'architecture
à chaque erreur l'accès impossible
ouvert au seul soleil et à l'air
écoutant le chant répétitif de l'oiseau dont je ne connais pas le nom
je me demande :
Sa voix vient-elle de sa gorge
ou de ses ailes ?
qui suis-je
pour savoir comment comprendre le jour
quand il se sépare de lui-même
pour s'habituer à devenir nuit ?
qu'il est doux de regarder
la branche faire la cour à une autre branche
et comment dort la rose
sur le cou d'une autre rose
Le poème dit : « la guerre à l'extérieur a lieu dans mes entrailles »
Ne te cache pas lecteur derrière la langue, cache-toi en elle et n'aie pas peur, la peur est mépris de ce que tu es
le poète ferait bien de conquérir ses forteresses, d'attaquer ses rêves.
C'est comme si j'entendais un homme crier : non je n'ai nul besoin d'être un humain
Le poème allume chaque jour sa lampe pour lire ses souffrances et noter ce que ses souffrances ont lu
Une enfant essuie la neige sur le visage d'un ours
Une lune froide offre une allumette à la nuit
Une rue apprend l'art de construire dans une tranchée
tu ne sentiras tes pieds qu'en errant lorsqu'ils troublent les villes et les lointains
murmure Shanghai à mon oreille
J'attends que la lune se déchire
dans le ventre d'une femme amoureuse
d'après le calendrier et le hasard qui régit le beau temps la pluie et le vent
nous sortirons à la rencontre de l'avenir
dans des habits que je décrirai plus tard
même si j'ai déjà prévu leur couleur
Peut-être ne suis-je pas encore né
et que ma vie n'est qu'un exercice de naissance ?
L'enfant qui continue à vivre en moi
n'a de place que dans ma mémoire
tel un voleur
le matin y entre chaque jour
un foulard autour du cou pour son père le soleil
et sur sa joue droite un grain de beauté comme la nuit
Hier par hasard
Je l'ai rencontré
Sur le rivage du lac Occam sous un arbre qui portait un chapeau de nuages
http://le-semaphore.blogspot.fr/2015/...
Lors de l'émission “Cultures d'Islam” diffusée sur France Culture le 04 avril 2014, Abdelwahab Meddeb s'entretenait avec le poète et critique littéraire syrien, Adonis. Adonis (en arabe : أدونيس) est le pseudonyme d'Ali Ahmed Saïd Esber (علي أحمد سعيد), poète et critique littéraire syrien d'expression arabe et française né le 1er janvier 1930. Son pseudonyme se réfère au dieu d'origine phénicienne, symbole du renouveau cyclique. À 84 ans, le doyen des poètes arabes, qui publie depuis 1947, continue de cheminer sur la voie de la rébellion et de la radicalité fondatrices de son œuvre.
Bibliographie
Adonis : “Printemps arabes, Religion et Révolution”, La Différence, 2014
“Le Livre”, tome I et II, Le Seuil éd., 2010 et 2013
(ces deux oeuvres sont traduites de l'arabe)
Invité :
Adonis, poète
“Cultures d’Islam” participe à la levée d’une méconnaissance pour que les références islamiques circulent dans le sens commun et, d’une façon plus ouverte, moderne et polyphonique, approche l’Islam en tant que phénomène de civilisation.
Abdelwahab Meddeb, le producteur de “Cultures d'Islam”, s'est éteint dans la nuit du 5 au 6 novembre 2014. Abdelwahab Meddeb était romancier, essayiste, scénariste, traducteur et poète, et il était devenu au fil des années l'une des voix marquantes de France Culture.
Thèmes : Idées| Civilisation| Poésie| Religion| Société| Printemps Arabe| Adonis
Sources : France Culture et Wikipédia
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