Citations sur Moins 18° (19)
– Hein ? Comment ça, il y a deux mois ? Il n’était pas au volant de la voiture ?
– Si, bien sûr que si, mais il était déjà tout congelé quand le véhicule a plongé dans l’eau.
– Congelé…, répéta Fabian comme un perroquet. Qu’est-ce que ça veut dire ?
– Qu’il était aussi froid et dur que des côtelettes d’agneau dans mon congélo.
Sonja n’avait jamais compris qu’on puisse redouter la mort, fin naturelle et inéluctable de la vie, accompagnée, espérait-elle, de quelques étincelles. Mais maintenant qu’elle se trouvait au bord du précipice, elle était terrifiée. Elle se sentait loin d’être prête, elle avait encore tant à faire.
(Albin Michel, p.506)
Il jeta l’éponge et se pencha, mais soudain, il
reçut un coup. Étourdi par la douleur et le son perçant qui hurlait dans son
oreille droite, il manqua s’effondrer par terre.
Que se passait-il ? C’était elle ? Impossible, elle était ligotée. Il porta le
poing à son oreille et se tâta les tempes. Il n’avait pas l’air de saigner, mais
sentait poindre une grosse bosse.
L'homme éclata de rire, puis se tut.
Fabian ne savait pas trop comment commencer l’interrogatoire. Il y avait un milliard de questions à lui poser, des questions auxquelles il était en théorie impossible de répondre sans reconnaitre les faits. Pourtant, l'homme évitait les pièges avec une aisance déconcertante.
Le sourire vissé aux lèvres, il mentait comme un arracheur de dents. Le problème était qu'il était si bon acteur que la question était maintenant de savoir comment le prouver.
p 345
Elle en avait été stupéfaite. Elle se voyait encore figée dans la cuisine, la boîte à café dans une main, ne sachant plus combien de cuillerées elle avait déjà versé dans le filtre.
Quand l'écran devint noir et que les dernières notes retentirent, Dunja resta sans voix. Aucun mot ne convenait pour décrire ce qu'elle éprouvait. Elle n'avait qu'une envie : rentrer chez elle, se cacher sous sa couette et y rester jusque ce que le monde se porte un peu mieux.
Il pénétra dans la buanderie, où il ouvrit le bagage et échangea ses chaussures pour des chaussons jetables, puis s’engagea dans le couloir en direction de la cuisine. Il sortit une bière du frigo, la décapsula et but quelques gorgées tout en parcourant les chansons qu’il avait dans son téléphone.
« Livin’On a Prayer » de Bon Jovi ne tarda pas à résonner dans les enceintes intégrées au plafond. Il monta le volume et se mit à chanter en chœur avec la talkbox de l’introduction, avant d’aller en esquissant quelques pas de danse vers le congélateur qui trônait toujours au milieu de la pièce, branché à la prise.
Trente deux morts, trente et un enfants. Attentat à la voiture piégée. C'est notre quotidien, c'est comme ça, ici. On aurait bien besoin d'une fée, tu vois. Parce qu'il faudrait, en plus, qu’on reste opérationnel, qu'on garde la tête froide. Dès demain, il faudra retourner en patrouille et trouver en soi de bonnes raisons d’être là. Démocratie, maintien de la paix, sauvegarde des droits de l'homme et tout le toutim. Les raisons sont peut être bonnes, mais le contexte, lui, est vicié.
- Moi, j'aimerais bien entendre ce que vous avez à raconter.
- Pas son ton père, Meja, je suis désolé. Tu es trop jeune. Mais peut-être qu'un adulte de ton entourage pourrait t'accompagner ?
- Je suis trop jeune pour avoir perdu ma mère, mais pas pour savoir ce qui lui est arrivé.
Fabian se rassit. La petite fille avait visé juste. Quel droit avait-il de lui refuser de connaître la vérité ?
Essayant de chasser l'envie de lui enfoncer son sourire dans son double menton, elle prit une profonde inspiration et s'efforça de lui rendre son air aimable.