Citations sur Les poésies d'amour (20)
« Je bois à la maison en feu,
A ma vie aux abois,
Et à la solitude à deux »
“Chaque jour il est un instant
Et trouble et chargé de menace.
A voix haute, les yeux somnolents,
je bavarde avec mon angoisse.”
« notre séparation, je la supporterai
mais sans doute pas nos retrouvailles. »
À l'aube être réveillée
Par une joie qui t’étouffe
Et voir derrière un hublot
Ondoyer la vague verte,
Ou par grand vent sur le pont,
Emmitouflée de fourrure,
Écouter vibrer les soutes
Et ne penser à rien d’autre,
Mais pressentant la rencontre
Avec ma nouvelle étoile,
D’heure en heure rajeunir
Sous le fouet d’embruns salés.
1917
Tes paroles tranchées, glaçantes…
Tes paroles tranchées, glaçantes
Et tes yeux comme fous…
L’aveu de ton amour avant
Le premier rendez-vous.
Mais je t’avais été promise
En un siècle lointain,
Vers toi je franchissais les mers,
Poussée par le destin.
Et sans savoir ton nom, ni même
À quoi tu ressemblais,
Comme l’aube surgie de la nuit
Je te reconnaîtrais.
Nuit blanche
Le ciel est blanc d'une blancheur terrible,
Et au granit, au charbon la terre est livrée.
Sous cette lune exsangue et invisible
Plus rien jamais ne pourra scintiller.
Fougueusement rauque, une voix de femme
Ne chante pas mais ne fait que crier.
Au-dessus de moi un peuplier noir
Par aucune feuille ne peut me murmurer.
Fallait-il que passionnée je t'embrasse,
Fallait-il que t'aimant je souffre tant de fois
Pour devoir aujourd'hui, calme et si lasse,
Avec dégoût me souvenir de toi ?
(Juin 1914)
À l'aube être réveillée
Par une joie qui t'étouffe
Et voir derrière un hublot
Ondoyer la vague verte,
Ou par un grand vent sur le pont,
Emmitouflés de fourrure,
Écouter vibrer les soutes
Et ne penser à rien d'autre,
Mais pressentant la rencontre
Avec ma nouvelle étoile,
D'heure en heure rajeunir
Sous le fouet d'embruns salés.
L’amour subjugue par son chant…
L’amour subjugue par son chant
Simple et naïvement trompeur.
Il y a peu, étrangement,
Si jeune et gai était ton cœur,
Et quand tu la voyais sourire
Dans tes jardins, dans la maison,
Tu croyais partout être libre
Comme sont libres les saisons.
Tu rayonnais, buvant les philtres
Dont l’amour empoisonne.
Car les étoiles étaient plus vives
Et autre aussi l’odeur des herbes,
Des herbes de l’automne.
/Traduction Henri Abril
Comme avec une paille…
Comme avec une paille tu bois mon âme,
Elle a un goût d’amertume et d’ivresse,
Mais tu sais que sans limites est mon calme
Et je ne prierai pas pour que le supplice cesse.
Dis-moi quand tu en auras fini, peu importe
Que mon âme ne doive plus exister ;
j’irai plus loin, là où mes pas me portent,
Pour voir seulement les enfants jouer.
Le groseillier en grappes se répand,
Le briquetier ne fait qu’aller et venir…
J’oublie – es-tu mon frère ou mon amant,
Et je ne veux plus même m’en souvenir.
Le corps épuisé repose un instant
Dans ce monde hostile et pourtant si clair,
Et les passants songent confusément :
Vrai, son veuvage ne date que d’hier.
/Traduction Henri Abril
L'amour
Soit tel un serpent qui s’enroule
dans le cœur, il joue au sorcier,
soit des jours entiers il roucoule
à la fenêtre haut perché.
Parfois il brille dans le givre
ou dort avec les giroflées…
Mais sans faillir il nous délivre
et de la joie et de la paix.
Comme il sanglote avec douceur
dans la supplique d’un violon,
mais comme aussi il nous fait peur
dans un sourire encore sans nom.
24 novembre 1911
Tsarskoïé Sélo