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Critique de Baldrico


Chef-d'oeuvre?
Monument?
Classique contemporain?
Sans doute un peu de tout cela.
Et en même temps ces qualificatifs sont impropres
Car avant tout la poésie d'Anna Akhmatova parle directement au coeur, avec sobriété, avec grandeur,avec simplicité, avec vérité.
Et pourtant, l'auteure n'a presque jamais pu écrire et surtout publier comme elle l'aurait souhaité. Elle a vécu les pires heures de la terreur bolchévique puis stalinienne.
Elle a été interdite de publication, son fils, Lev Goumilev, a été arrêté et a passé dix-huit ans dans les camps.
Certains de ses poèmes ont été mis par écrit des dizaines d'années après leur composition. Auparavant, ils étaient conservés dans sa mémoire et dans celle de quelques amis sûrs.
Ces conditions étaient aussi peu propices que possible à l'élaboration progressive et organique d'une oeuvre. Beaucoup de ses recueils projetés ne virent jamais le jour et leur composition varia en fonction des circonstances ou des autorisations.
Alors chef-d'oeuvre oui, mais aux parties disparates.
Monument dont les pierres sont disjointes et dont plusieurs manquent.
Mais un classique certainement, par l'unité de ton, et dans la forme, qui vise à la limpidité, dans l'érudition qui intègre ses vers aux courants de la littérature russe et mondiale. Les références et les épigrammes sont nombreuses et invitent à aller voir plus loin: Mandelstam, Blok, Annenski, Lozinski, Tsvetaieva, et les autres.
Sa poésie est debout, droite, indépendante.
Malgré les ruses avec l'imbécillité criminelle, elle dit clairement et à voix haute ce qu'elle a à dire.
Et elle parle pour toutes celles et tous ceux qui ont été brisés, engloutis, mais sans emphase. Pas de militantisme, mais une réponse aux visites de la Muse.
Anna est restée en Russie, quand tant d'autres ont émigré. Elle a voulu partager le destin du peuple russe, et de sa ville Léningrad, Saint-Pétersbourg ou comme on voudra appeler la ville de Pierre le Grand.
Alors chaque vers est évocateur, depuis les émois amoureux de la jeunesse, jusqu'aux derniers poèmes peuplés de fantômes.
Et l'on ne peut qu'admirer et remercier Jean-Louis Backès, le traducteur, de nous avoir offert la possibilité de cette rencontre rare et par ses notes et son introduction de nous en avoir livré quelques clés.
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