Mon peuple, cette immense image, cette icône aux milles visages, mon peuple !… Je ne suis qu'un garçon, comme vous en trouverez beaucoup chez nous, mais je suis le seul à pouvoir les enserrer de mes bras,tous. La paysanne en fichu rouge, l'homme qui s'arrête un instant au bout de son sillon, le petit qui sort, tenant à la main sa tartine de confiture ; ceux qui sont heureux et dont je sois ressentir en moi la joie, ceux qui pleurent et dont, mystérieusement, la douleur doit me parvenir… Ils sont « mon peuple, » ils ont tous les droits, et peuvent tout réclamer… Je dois être le lien qui les noue, celui vers qui ils peuvent toujours crier.
Nous vivons tous sous le même ciel de Dieu ; nous avons — ou nous avions, rectifia-t-il — tous un père et une mère que nous chérissons, et dans un nombre d'années que seul connaît le Créateur nous reviendrons, étrangers ou non, à la poussière.
Vous êtes libre d'aller de venir, de sortir si vous le désirez, d'aller acheter une glace si l'envie vous en prend. Vous retrouvez vos Éclaireurs… Moi, je suis prisonnier de ma destinée : on m'a dès mon enfance retiré de droit d'avoir mon âge.
Pour toi, Patrie si chère
Toi si douce à mon cœur
Je donnerais ma vie
Pour toi et mon seigneur.
Ils ont gardé naguère
L'honneur et la fierté,
La Liberté première
Et la fidélité.
Tous exprimaient l'humilité, un respect un peu servile. Pas un cependant, ne parut soucieux de rencontrer le regard du prince.