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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Si vous avez envie de lire une bande dessinée ambitieuse, si vous n'avait pas peur des récits d'anticipation, si vous êtes prêt à plonger dans un univers très prenant… Alors Elmer est fait pour vous. Oui, je suis très enthousiaste ! Mais Elmer est un coup de coeur, un vrai, un de ces livres auquels on repense souvent et longtemps après l'avoir refermé.

Le pitch peut paraître légèrement difficile : des poulets qui gagnent tout d'un coup l'intelligence, la parole, voir l'humanité ? le lecteur peut se demander où Gerry Alanguilan peut bien vouloir l'emmener. Surtout n'ayez pas peur, dans cette bande dessinée, il sera surtout question d'humanité, de psychologie et de construction de l'être.

Nous avons beau suivre la vie de poulets, Elmer présente une véritable chronique familiale, qui traite de mémoire, de transmission, de filiation, des sujets que j'affectionne grandement. Les relations entre les différents membres de la famille sont au coeur du récit. Jake se débat avec ses propres difficultés (chomage, peur, haine de l'autre…), mais doit aussi gérer ses relations conflictuelles avec son frère, devenu une star du grand écran, et apprendre à accepter la relation amoureuse de sa soeur avec un homme (par homme, j'entends un membre de l'espèce humaine).

L'autre grand thème du récit est, bien sur, le racisme. Comment deux espèces si différentes, qui historiquement avaient une relation de dominant/dominé, peuvent apprendre à vivre ensemble, à se respecter, à oublier les injustices passées. Il y a donc de véritables parallèles avec notre Histoire, avec les génocides, les guerres, les exclusions qui ont construit l'histoire de l'Homme. Et c'est avec ces événements difficiles que Jake va devoir se construire et apprendre à composer.

A la lecture d'Elmer, j'ai été très émue, certains passages sont durs, d'autres touchants. Gerry Alanguilan nous emporte avec lui dans cet univers différent du notre par certains points et pourtant très proche… C'est la grande réussite de cette bande dessinée, Gerry Alanguilan signe un récit intelligent, un ovni peut-être, mais un petit bijou surtout. Une chose est sure, on ne ressort pas de cette lecture sans en garder quelque chose ! Et j'ai hâte d'être à noël pour en trouver un exemplaire sous le sapin !
Lien : http://calokilit.wordpress.c..
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Je suis très enthousiaste au sortir de cette lecture qui m'a franchement ému. Enfin, j'arrive à lire une oeuvre d'une intensité peu commune et avec une originalité à dépasser les bornes.

En effet, qui pourrait penser un jour que de simples poulets pourraient devenir des citoyens humains avec les mêmes droits que nous ? Attention, je ne fais pas référence aux forces de l'ordre : pas d'amalgame ! Dans la réalité, on se rendra compte que c'est un peu plus compliqué que cela en raison du lourd poids d'un passé meurtrier.

C'est l'idée même qui est intéressant même si elle paraît peu crédible. Pourquoi la race humaine devrait dominer dans le futur la planète et ne pas partager le pouvoir de la civilisation avec une espèce qui se révélerait doter d'une âme et d'une intelligence peu commune ? Les dinosaures ont bien dominé notre monde jusqu'il y a 66 millions d'années. Certes, ils étaient peu intelligents pour la plupart. La planète des singes racontent également l'avènement de la race des singes. Cependant, cette dernière est obligée d'anéantir la race humaine et la réduire en esclavage. Que dire alors d'une invasion extra-terrestre qui nous prendrait pour des termites ?

Là, le concept sera différent puisqu'il s'agit d'une coexistence entre deux espèces différentes. C'est presque une allégorie à construire un monde meilleur en surmontant la haine de l'étranger. Bien des peuples devraient s'inspirer de cette oeuvre étrangement humaniste malgré son inspiration aviaire. Une vraie métaphore sur la différence.

Quand j'ai lu le mot de l'auteur (un philippin), il m'est apparu comme franchement sympathique. On voit qu'il a eu beaucoup de mal à percer sur le marché de la bd. Ceci est sa première oeuvre qui a eu de la chance d'être publiée en France. Je suis généralement touché mais sans plus car je m'intéresse surtout à l'oeuvre. Et celle-ci ne m'a pas déçu bien au contraire. On s'intéressera par conséquent à sa carrière qui ne fait que de débuter à 42 ans mais qui malheureusement s'est terminée tragiquement à 51 ans seulement. le destin peut parfois frapper dramatiquement.

Elmer est une oeuvre forte qui mêle droits civiques, holocauste et droit à la reconnaissance. A découvrir absolument !
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Jake est un jeune coq vivant dans le monde des humains, ainsi que d'autres poules, poulets et coqs. Comme nous, ils sont doués de paroles. Jake est un jeune écrivain qui retourne dans ses terres natales pour rendre visite à son père Elmer, sa mère et au passage sa soeur et son frère qui ce dernier est dans le cinéma.
Il y a beaucoup de colère en Jake, car il ne supporte pas comment les humains ont traité ses semblables tout ce temps durant, et encore actuellement. Ce traumatisme omniprésent que certains ne veulent pas admettre. Il apprendra la vérité grâce aux notes autobiographiques de son père et de son meilleur ami humain : Fermier Ben, ce qu'ils ont subis, leur résistance, et résilience.

Une très bonne idée mise en page pour le plaidoyer du respect de la condition de vie animal de Gerry Alanguilan (et superbement dessinée), qu'il m'est déjà arrivé de penser, et d'en discuter.
> Et si une espèce animale, (surtout d'élevage) du jour au lendemain se mettait à parler... Comment réagirions-nous ?
Beaucoup ne voudraient rien entendre, comme les trois singes qui nient le problème en se bouchant les oreilles, la vue, la bouche, et se diraient que ça n'existe pas et qu'ils continueraient à manger des êtres qui parlent comme nous. D'autres se remettraient en question. Et une minorité qui déjà en avance sur ce plan-là, ont déjà arrêté de consommer des êtres vivants.
Mais au-delà de cela, comme l'ont vécu, le vive, et vivront encore les animaux de bétails : ils sont concentrés dans des mêmes lieux, puis voués à l'extermination, au génocide, après avoir été maltraités, torturés... ça ne vous rappelle rien ces conditions d'existence ?



Petite note trouvé récemment :
L'abattage des animaux pour fournir de la viande représente plus de 2000 animaux par seconde (compteur) soit 65 milliards d'animaux tués chaque année selon la FAO. Les estimations hautes sont de 150 milliards d'animaux en comptant toutes les espèces (poissons, oiseaux, etc)

https://www.planetoscope.com/elevage-viande/1172-nombre-d-animaux-tues-pour-fournir-de-la-viande-dans-le-monde.html
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En cette fin d'année 2003, Jake Gallo a les nerfs à vif. Il vient encore de rater un entretien d'embauche, son père a fait une attaque, son frère, star du cinéma, ne prend plus le temps de lui parler et sa soeur May va épouser un humain, ce qui, pour lui, est totalement impensable. Et oui, un humain ! Il faut dire que chez les Gallo, on est poulet de père en fils. Depuis l'événement qui s'est déroulé le 3 février 1979, toutes les poules et tous les coqs de la planète sont doués de raison et capables de parler. Après bien des combats, les gallinacés sont aujourd'hui considérés comme appartenant au genre humain. Dans les faits, les différences de traitement continuent d'exister mais l'intégration des poulets dans la société est devenue la norme.

Jake va opérer un retour aux sources en se rendant dans la maison familiale pour assister aux derniers instants de son père. Après l'enterrement, sa mère lui donne le journal intime du défunt et Jake y découvre un témoignage bouleversant sur les premiers mois qui ont suivi la transformation des poulets...

Elmer est un OVNI complet. Déjà, il me semble que c'est la seule et unique bande dessinée Philippine jamais publiée en France. Et que dire de l'intrigue imaginée par l'auteur ? Dans une interview de janvier 2011, il explique d'où lui est venue l'idée : « Un jour, assis devant ma maison, je me suis demandé : Et si les poulets parlaient ? Que feraient-ils ? Que diraient-ils ? Seraient-ils en colère ? ». Les choses auraient pu en rester là où tourner à la série Z de science fiction (L'attaque des poulets mutants !) mais Gerry Alanguillan a réussi le tour de force de créer une oeuvre tout en finesse. En faisant de la famille de Jake l'épine dorsale de son intrigue, il recentré le récit sur des thèmes intimistes tels que la perte d'un proche et les liens familiaux. Entremêlant sans cesse la petite et la grande histoire, il déroule une partition sans faute où les événements s'enchaînent naturellement malgré les nombreux flashbacks.

Jake Gallo est un personnage touchant sous ses airs d'écorché vif. Un individu en colère, en conflit perpétuel, persuadé que tous les humains sont des racistes anti-poulet. En plongeant dans les souvenirs de son père, il découvre que les choses ont progressé en à peine quelques années et que les combats menés pour l'égalité entre humains et poulets ont été aussi douloureux que salutaires.

Concernant les relations père/fils, l'auteur avoue qu'il s'est inspiré de son histoire personnelle : « Pendant des années, j'ai vécu dans la crainte de perdre mes parents, d'un âge avancé. Dans ce bouquin, on trouve beaucoup de mes souvenirs. [...] Mon père et moi n'étions pas si proches. Après sa mort, je me revois fouiller dans des vieilles boîtes pour trouver son journal... ». Un point de départ totalement irrationnel, un développement centré sur la cellule familiale et la mise en perspective de son propre vécu : avec ces ingrédients pas forcément évidents à accommoder Gerry Alanguilan a concocté une recette délicieuse.

Si je devais concéder un très léger défaut, je dirais que le dessin n'est pas le point fort du recueil. Un noir et blanc par moment assez maladroit mais qui reste suffisamment efficace pour ne pas desservir le propos. L'influence des auteurs de comics indépendants saute aux yeux. Personnellement, le trait d'Alanguilan m'a rappelé celui de Terry Moore, l'auteur de la série Strangers in Paradise.

Une superbe découverte (une de plus !) des éditions ça et là. Publié il y a tout juste un an, Elmer a déjà reçu la reconnaissance du public et de la critique, remportant notamment le prix Asie-ACBD 2011. A découvrir d'urgence pour les amateurs de BD atypique et de grande qualité.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Jake Gallo est un écrivain en panne d'inspiration, au chômage de surcroit. Il mène une vie on ne peut plus banale jusqu'à ce qu'il apprenne qu'Elmer, son père, a fait une crise cardiaque. Il se rend chez ses parents, son père est très affaibli… il décède quinze jours plus tard, en octobre 2003. Jake décide alors de rester auprès de sa mère pour la soutenir dans cette épreuve. C'est aussi pour lui l'occasion de retisser des liens avec son frère et d'apprendre les fiançailles de sa soeur avec un humain. Jake est indigné ! Sa soeur va se marier avec un humain ! Oui, Jake est un coq. Chaque jour, il se sent victime de l'hypocrisie des hommes, du racisme ou de la discrimination à l'embauche. Il se sent méprisé et ses difficultés à retrouver un emploi que font qu'entretenir sa haine à l'égard des humains.

Quelques jours après l'enterrement d'Elmer, sa mère le prend en aparté pour lui remettre le journal intime du défunt. Ce sont-là les dernières volontés du paternel : que son « enfant préféré » soit le premier dépositaire de son témoignage et de la mémoire de leur famille. Jake remonte ainsi en 1979 et revit les événements tels qu'ils ont été vécus par ses parents. A commencer par cette nuit où, durant quelques secondes, un grand halo de lumière a éclairé la nuit. le lendemain, les gallinacées étaient dotées d'une âme, d'une conscience et du langage. Jake va donc découvrir les conséquences de cette révolution et l'histoire de tout un peuple.

" Merci d'avoir pris cette bande dessinée. Que vous l'ayez achetée ou empruntée à quelqu'un, merci de me donner l'opportunité de partager mes histoires. (…) pour une raison quelconque, mon voisin de classe voulait lire cette histoire, et il pleura après l'avoir lue. Ça a été une surprise pour moi d'obtenir ce genre de réaction. Je trouvais ça bien. Non, je trouvais ça génial de voir qu'une de mes histoires semblait suffisamment réelle pour susciter une émotion. Et puis une autre surprise : mon camarade m'a donné 10 pesos pour écrire le prochain chapitre. Ouah ! "

Voici les premiers mots de la préface de Gerry Alanguilan. L'auteur revient sur une passion qu'il nourrit depuis qu'il est enfant : dessiner. Il explique son rapport au monde imaginaire, le besoin de le mettre en image, l'importance qu'il consacre à ce partage. le ton est chaleureux, l'auteur est humble, il ne m'en fallait pas plus pour accepter son invitation à le lire et m'enfoncer confiante dans cette lecture. Cet artiste s'est fait connaitre aux États-Unis via son travail de colorisation sur des albums de chez DC et Marvel. En parallèle, il réalisait déjà ses propres albums aux Philippines (depuis 1992) où il a très largement contribué à l'essor de la bande dessinée dans son pays. Son premier ouvrage (Wasted) est auto-édité puis, en 2004, Gerry Alanguilan crée sa propre Maison d'Edition (Komikero Publishing) qui lui permet notamment de publier Elmer (2006).

Bien que cet album parte d'un postulat de départ totalement fou, la découverte de ce monde se fait naturellement. Les premières planches montrent le quotidien d'un personnage (que l'on ne voit pas de suite) : entre réveil matinal, préparation pour un entretien d'embauche et petite scéance de surf sur Internet. Il fantasme au passage sur les photos d'une star de cinéma, une belle humaine… Son comportement m'a semblé si familier que je pensais que le narrateur était un homme. du coup, l'acceptation de cet anti-héros et des quelques éléments sur sa personnalité est déjà amorcée lorsqu'on découvre que c'est un coq.

Le scénario est fluide, le ton est juste et le personnage principal est honnête envers lui-même. Je lui ais emboité le pas grâce à ses bulles de pensées. Rapidement, j'étais dans sa tête à partager avec lui les joies, les peines, les sentiments de haine ou d'amour. Avec Jake, j'ai haïs les hommes pour leurs folies meurtrières et lorsque Gerry Alanguilan revient sur la peur panique suscitée (chez l'homme) par la grippe aviaire… rien n'y a fait ! Je me suis identifiée à Jake et à sa famille. La manière dont leurs émotions et leurs inquiétudes sont retranscrites m'a émue, j'ai eu de l'empathie pour cette espèce. Gerry Alanguilan a placé son album sur une fine frontière entre « fable » et réalité, il maîtrise parfaitement son univers. L'auteur ne nous fait rien découvrir car ce monde est le nôtre au quotidien : entre haines raciales, génocides, discriminations… ce sont autant d'aspects qui nous sont familiers. le scénario est d'une richesse et d'une technicité certaines ; il dispose du recul nécessaire (la voix de son père vient du passé) tout en laissant une grande place à l'affect. Les nombreuses allées-venues passé/présent donnent un rythme agréable à la narration. Enfin, l'auteur se repose sur la cohabitation forcée entre hommes et volailles (où les Gallinacées représentent tous les peuples opprimés, symbolisent toutes les différences qu'elles soient raciales, ethniques, religieuses, intellectuelles…) pour introduire une réflexion sur les notions de tolérance, d'égalité, d'entraide… Il a créé un album troublant et émouvant. Beaucoup d'humour et de dérision permettent à l'auteur de faire passer un message fort : Alanguilan ne heurte pas le lecteur, il l'émeut.

L'utilisation du noir et blanc sert réellement le récit, laissant à chacun la possibilité d'y injecter ses propres couleurs. le graphisme est plus convenu, il m'a dérangé sur certains passages, parfois cru et maladroit, souvent figé. La qualité de la narration contrebalance largement cette gêne d'autant que les dessins d'Alanguilan sont détaillés, expressifs et véhiculent quantité d'émotions. J'ai encore en mémoire ces pupilles dilatées des coqs décapités semblables à des gouffres d'angoisse dans lesquels j'ai eu peur de plonger.

Nouveau coup de coeur de lecture pour ce mois de mai. Ce petit album a tout d'une grande oeuvre. Il traite intelligemment de sujets douloureux et mêle avec ingéniosité humour et émotions. Une lecture que je vous recommande.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Un jour de l'an 1979, les poulets, ont évolué en pseudo-humains.
Pseudo sans connotation négative : ils sont doués de raison, ils savent lire, écrire, parler et, comme les hommes, ils habitent dans des maisons…
Physiquement cependant, ils ont toujours l'apparence de volatiles.


Dans ce monde nouveau, les hommes et les poulets disposent des mêmes droits et cohabitent. Certains, fort rares, envisagent même le mariage mixte poulet/humain.
Mais ce n'est quand même pas le meilleur des mondes, comme nous le raconte le « personnage » principal, Jake Gallo, qui désespère de trouver un job en raison justement de son état de poulet.
A travers le journal de son père, Elmer, récemment décédé, Jake va nous faire revivre l'avant et l'après :
les conditions d'élevage des poulets de batterie, les atroces séances d'abattage (les dessins sont parfois très durs), le destin des volailles à la rôtisserie… puis les batailles que se livrent poulets et hommes, à la vie à la mort.
Et l'après n'est pas tout rose donc, avec une ségrégation d'un côté comme de l'autre.

Cette harmonie vraiment ténue va voler en éclat avec l'annonce de l'épidémie de grippe aviaire en 1987. A nouveau, c'est le règne de la terreur, la communauté de poulets est massacrée, exterminée, tente de se défendre en entamant des actions commandos également meurtrières.
L'auteur Gerry Alanguilan brosse le tableau d'une société éclatée, rongée par l'instinct de supériorité des uns et leur haine vis-à-vis des autres. Passée l'épisode de la grippe aviaire, c'est un apaisement qui se profile, emmené par des personnages aussi tolérants que Ben le fermier.

J'ai de suite pensé à la bande dessinée "MAUS" d'Art Spiegelman, où les personnages revêtent les traits de souris, et qui dépeint la Shoah et l'exil douloureux de survivants à New York et la relation particulière d'un père et de son fils.

Ces deux BD sont dessinées en noir et blanc. Pour en revenir à « Elmer », j'ai trouvé les dessins très bien faits, et les représentations de la maisonnette, du jardin, des paysages magnifiques : cela donnait envie de sortir ses crayons et se mettre à les colorier. (Du reste, la mode est aux coloriages pour se "déstresser"... je pourrais commencer par cette BD).

Une bande dessinée qui n'est pas dénuée d'humour ou d'un brin d'ironie : ainsi, le plat préféré de la famille poulet, c'est le... canard rôti !

NB : Gerry Alanguilan est un dessinateur philippin, « encreur » qui a participé à plusieurs comics fameux.

Une très bonne découverte.

Et j'ai honteusement repensé aux scènes de OSS 117 dans l'élevage avicole, avec Jean Dujardin s'amusant à éteindre/rallumer la lumière pour entendre/cesser d'entendre les poulets. Voui, j'avoue que ce genre de scènes (et ce genre de films !) me font bien rire !!!
Lien : http://coquelicoquillages.bl..
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Les éditions Ca et La savent vraiment trouver des albums originaux et marquant. Ce récit qui commence comme une farce, prend vite une tournure plus engagée et dramatique.
Jake se sent mésestimé par la société. victime de sa différence. Jake est un poulet et comme ses congénères, il est doué d'intelligence. Intégré à la société, il se sent pourtant rejeté voir haï, par ses désormais égaux: les hommes.
A la mort de son père, il hérite de son journal. Commence alors pour lui la découverte du passé. La violence qu'a engendré cette transformation des poulets n'est pas sans rappeler de nombreux épisodes qui noircissent notre Histoire.
Cet album met en exergue ce que l'humanité a de plus sale, sa peur de l'inconnu et sa virulence extrême. J'ai été touché, parce que partant d'une situation invraisemblable, l'auteur réussi à la rendre plausible. Dans ce sens que l'histoire que l'on lit ne nos étonne même plus. Elle s'encre dans notre réalité. Les réactions, pour ou contre, sont plus que vraisemblables. Les poulets eux-mêmes ne sont pas d'innocentes victimes, comme si être un être pensant faisait de nous des boules de haine.
Au delà de la critique sociale, le récit met en scène les liens familiaux, le poids du passé dans les relations, et malgré cette ambiance très noire, il reste toujours une lueur d'espoir, nous ne sommes pas tous des imbéciles apeurés... et les mentalités finissent par évoluer.
Le récit est vif, bien construit avec un dessin fin qui transmet l'émotion autant que la fureur d'un combat.
L'album traite avec brio du genre humain dans toute sa complexité. A découvrir..
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Jake Gallo doit rentrer de toute urgence dans la maison familiale. Son père est souffrant, victime d'une attaque cardiaque. Sur place, il retrouvera sa soeur May, son frère Freddy, et sa mère. Il y aura aussi Ben, le fermier.
Un rassemblement dans la tristesse mais qui amènera une véritable introspection pour toute la famille...
Une histoire qui se passe environ 25 ans après une incroyable révolution qui a vu les poules élevées au statut d'humain à part entière.

J'avais vu de très bonnes critiques de cet album, ce qui m'avait décidé à me le procurer. Pourtant, je ne l'ai pas lu de suite, j'avais besoin de me sentir prêt pour ça, afin de me trouver dans les meilleures dispositions pour l'apprécier à sa juste valeur. Car je savais que j'allais retrouver dans cette histoire quelque chose de bien plus profond qu'une simple aventure avec des poules.

La suite à lire sur BenDis...
Lien : http://bendis.uldosphere.org..
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Quelle étrange BD ! Gerry Alanguilan, auteur Philippin jusque là inconnu chez nous imagine qu'un inexplicable phénomène dote les poulets, poules et autres coqs de basse-cour de la parole... Essayez d'imaginer l'effet que ça vous ferait d'entendre hurler à l'aide le poulet du fermier d'à côté que vous vous régaler de manger dimanche ! Dis comme cela, on frole le grotesque, au mieux ça à l'air d'une bonne farce absurde à la Monty Python. Mais à travers cette histoire déjantée, l'auteur va bien au-delà de la farce et nous offre là une oeuvre dénonciatrice des oppressions des peuples sur d'autres peuples et une oeuvre sur la tolérance. On ne peut s'empêcher d'y voir des parallèles avec les moments les plus noirs de l'histoire mondiale... A découvrir absolument !
Ajouter à cela une géniale ambiance de film noir des années 50 et vous obtenez une oeuvre très originale qui récolte de nombreux prix sur son passage :
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Ce qui m'a tout d'abord plu, c'est le petit texte d'introduction de Gerry Anlanguilan où il explique son parcours dans le monde de la BD et ce qui lui a donné envie de faire ce métier. le ton est sympathique et la simplicité de l'auteur m'a séduite. Cela m'a donné davantage envie de m'aventurer dans la lecture de cette bande dessinée.

Avec Elmer, il nous offre un monde fantasque dont il est pourtant aisé de plonger. Après tout, il est celui de notre quotidien à un détail près : les Gallinacées se sont éveillés et comme les hommes, ils ont désormais une conscience mais aussi la capacité de parler. Et c'est sur cette trame originale que le scénariste va aborder de nombreux thèmes dont certains sont d'actualité : racisme, intégration, violence, entraide, acceptation, tolérance et amitié. Gerry Anlanguilan, le fait avec beaucoup de justesse et d'émotions.

Les personnages sont également un point fort de cette bande dessinée. Je n'ai pu m'empêcher de m'y attacher. Tout d'abord, par une habile manoeuvre, le scénariste nous aide à nous identifier au personnage principal. Jake Gallo est un coq en colère qui ne trouve pas sa place dans la société des hommes. Son côté agressif parfois exaspérant n'est pas non plus compris par sa fratrie. Contrairement à leur frère, Freddie et May ne portent aucun ressentiment en eux et sont totalement intégrés. May s'apprête à épouser un homme et Freddie est une star du cinéma adulé par les foules humaines et gallinacéennes. Helen, leur mère, porte en elle une profonde tristesse et de la douceur. Et le père Elmer, très présent à travers son journal, possède un esprit plein de curiosité et ouvert. Courageux, il se distingue également par sa soif de connaissance. Parmi les Anciens, il sera celui qui s'intégrera le mieux. Il y sera aidé par Ben, humain repentant, qui sera sans cesse le soutien de la famille Gallo.

La dynamique de la famille est bien restituée entre les non-dits, les secrets et les liens fraternels. L'amitié unique entre le fermier Ben et Elmer Gallo est aussi une belle découverte.

L'histoire se raconte à deux voix créant ainsi un dynamisme intéressant : celle de Jake Gallo puis à la lecture du journal, celle de son père. D'abord hésitante avec quelques mots, il s'exprime de manière plus fluide et ferme au fur et à mesure qu'il apprend à parler et à écrire. Deux voix pour deux temps : celle du passé et celle du présent qui s'alternent pour narrer la vie d'une famille dans les moments difficiles de l'Histoire mais qui se mêlent aussi pour un ultime dialogue entre un père et son fils.

Le dessin a été plus difficile à apprivoiser. En noir et blanc, le trait est dur et marqué. Plein de réalisme et fourmillant de détails, ils ne nous épargnent rien : ni la violence, ni le sang. Cependant, ils s'accordent avec cette histoire touchante et fantasque, bouleversante de réalité et d'émotions.

Gerry Alanguilan nous offre ici une BD étonnante, pleine de profondeur et d'humanité. Un coup de coeur.
Lien : http://antredelivres.free.fr..
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