Il a dit que si je doutais, si je me demandais pourquoi la violence, pourquoi les sacrifices, pourquoi la guerre, pourquoi Bobby Sands, pourquoi Jim O’Leary, il fallait que je fasse silence.
Et là, comme ça, il a dit que je sentirais sa main sur mon épaule et que tout serait simple. Il a dit qu’alors je saurais qu’il est juste, et normal, et bon que des hommes se battent pour cette terre.
J'ai décidé que la Guinness serait mon eau de vie.
C'est quoi, trahir, Tyrone Meehan ? Comment fait-on après, lorsqu'on est traître, pour effleurer la peau des autres ? Celle de ta femme, de ton fils, de tes camarades, des vieilles dames qui t'applaudissent sous la pluie quand tu honores la République. Ça fait quoi, Tyrone, de tenir une épaule devant un lac noir, de serrer la main que l'on trompe, de vendre l'amitié, l'amour, l'espoir et le respect ?
J'étais entré dans la beauté terrible et c'était sans retour.
Un traître est plus dangereux qu'un fou.
- Ne te trompe pas, Antoine. Je ne les déteste pas parce qu'ils nous combattent. J'en veux à ces salauds pour ce qu'ils ont fait de nous. Je leur en veux parce qu'ils nous ont obligés à tricher, à mentir et à tuer. Je déteste l'homme qu'ils ont fait de moi.
[p94]
Difficile de mettre une blessure en scène. Parce qu'elle vous hante, vous obsède, vous empêche jour et nuit de continuer à espérer.
En acceptant l'adaptation de mon roman en BD, j'ai eu peur. Comment raconter l'émotion de Belfast, les foules silencieuses, les émeutes, les soldats. Comment ne pas se tromper de genre, de gens, de tout? Et comment dessiner mon Traitre? Tyrone? Denis? Et moi?
(Dans la préface de Sorj Chalandon)
Le salaud, c'est parfois un gars formidable qui renonce.
Personne ne naît tout à fait salaud, petit français, mais on en a tous un bien planqué dans le ventre. Le salaud, c'est parfois un gars formidable qui renonce. Et maintenant, il va falloir te battre contre le tien, petit français, celui que nous caches..
(page 133)
Je suis catholique comme ça, par habitude, par lassitude.