Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel pour ce livre reçu dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée.
J'ai failli mettre moins de trois étoiles. Qui représentent pour moi le cut pour éditer un texte. Autrement dit : celui-ci passe, mais c'est tout juste.
En effet, si je peux parfaitement comprendre et apprécier et valoriser ces cris d'histoire.s, ces textes qui se veulent témoignages d'histoires bien trop tues, trop longtemps. Pour ne pas dire tuées ou black-listées. Je suis plus que dubitatif et beaucoup moins convaincu par la forme, et même en partie le fond.
Cette typographie avec laquelle on joue, italique, gras, taille des mots... Ce choix de "poèmes" (qui ne riment pas en français. Et qui pour moi ne riment à rien), ces phrases coupées... A quoi cela sert ? J'imagine que le langage originaire est un langage syncopé, chanté, et qu'il ne peut donc pas suffire de compiler ou empiler les phrases de façon standard... J'imagine... Une volonté de poétiser de l'horreur ?
Une volonté de poétiser les émotions... Pour moi ça n'a pas marché. Au contraire, ça complique un peu ma lecture et me fait penser aux arbres qu'on abat pour faire des livres bien trop épais et gros pour ce qu'ils contiennent. Je le vois plus comme un sale jeu marketing qui me gonfle. Le contenu est forcément touchant. Il relate l'histoire d'un jeune homme ou d'un enfant grandissant, dans son ethnie, son pays progressivement envahi par la culture américaine. Envahi et pillé. Cette culture que
Kwame Alexander, je pense, nous fait plutôt bien sentir et bien comprendre. C'est le plus réussi de l'ouvrage. Notamment les combats, les amitiés, les liens entre les divers personnages et leurs rôles...
Les rebonds dramatiques sont là. Enfin, ils sont surlignés sans cesse par la typo etc. (Si jamais on ne comprenait pas...)
Il est vrai aussi que ce livre s'adresse aux jeunes. Mais pas avant 13 ans selon la quatrième de couverture. Je ne dois plus être jeune, je n'ai pas apprécié les formes... Elles m'ont gavé. Et je n'ai pas envie d'être gavé. J'ai envie d'être charmé, séduit, touché par de la subtilité... Ce n'est pas (assez) le cas dans cette Porte de non retour.
Et il s'agirait d'un tome 1. Je ne pense pas retourner vers le tome 2.
Je suis sévère. Car beaucoup apprécieront plus que moi. Beaucoup accoleront beaucoup d'étoiles. Car ils les auront eu dans les yeux. Avec les larmes aussi. Parce que je ne l'ai pas dit, mais ce livre est très triste.
Et je ne l'ai pas assez dit, c'est surtout le livre d'un enfant qui grandit, un livre d'initiation (un peu), d'apprentissage (de la vie) (d'une vie qui est bouleversée par les intrusions)...
C'est amusant que ce livre soit tellement marketé US pour un livre qui se veut défenseur d'une tradition tout autre. Enfin soit. Monde-paradoxe. C'est ainsi.
Pas plus que trois étoiles. Non, certainement pas plus.