Miguel, dauphin rebelle

SIMONE — Fais gaffe, Miguel, je la sens pas, cette bouffe providentielle. C’est pas naturel !
Avec tout ce qu’elle a vécu de pas rigolo, je comprends que ma bonne étoile se méfie, mais là, je ne vois vraiment pas d’où pourrait venir le danger.
MOI — Te fais pas de souci, Momone, on est peut-être tombés sur une méga teuf d’anniversaire, genre soirée fruits de mer !

Marmoute-Mémé, quand elle s’énerve, c’est pire qu’un requin-bouledogue affamé.
Elle est couverte de cicatrices et complètement ratatinée, mais c’est la cheffe de notre clan, la matriarche.
La tribu la respecte, parce qu’elle existe depuis tellement longtemps qu’elle sait tout.

Il m'a fallu du temps, mais j'ai enfin pigé un truc : on a besoin de savoir d'où l'on vient pour comprendre qui l'on est.

Je déteste leur humour d'écrevisse décortiquée.

MARMOUTE-MÉMÉ - Simone n’est pas n’importe quelle étoile…
Gloups. C’est quoi, ce plan chelou ?
Marmoute-Mémé se tourne vers Simone. Elle la cueille délicatement et dit, en prenant un ton solennel de cérémonie funèbre :
- Simone, je te nomme bonne étoile de Miguel, et grande chambellante de sa conscience. À partir d’aujourd’hui, tu seras sa guide spirituelle, sa protectrice et son soutien. Je compte sur toi pour l’aider à avancer sur le droit chemin des grands dauphins.

On marmonne « Oui, Marmoute-Mémé » et on s’exécute. Personne n’a l’idée de lui désobéir, excepté cette moule tabarnakée de Daisy qui se croit obligée de jouer sa victime et de me dénoncer.
Je me retourne et je bredouille :
- Euh, non, mais là elle exagère, c’est elle qui a commencé…
Puis je me tais à cause du regard de Marmoute- Mémé qui me cloue sur place.
- Suis-moi, Miguel, me lance-t-elle.
- Khihihihihi ! Bien fait, tu vas souffrir ta race ! me souffle Krass.
D’un coup, j’ai plus du tout envie de faire le malin.
En fait, je me sens carrément au bout de ma life. Elle va m’emmener où, Marmoute-Mémé ?

En plus, ma mère m’a appelé « Mimi ».
Mimi !
Sérieusement ?
Bon, si on m’écoute raconter tous ces trucs pas sympas sur mes parents, on pourrait penser que je ne les aime pas.
Mais si, je les aime.
Sauf quand ils me forcent à me lever aux aurores pour aller apprendre des choses inutiles.
Et sauf quand ils m’obligent à visiter le musée desbouses de baleine fossilisées, le week-end.

Comme l'océan me paraît vide, privé de mon étoile !

Alors pour info, les yeux des étoiles de mer se situent à l’extrémité de leurs cinq bras (branches). Honnêtement, même s’il n’y a pas que le physique dans la vie, cinq neunoeils, c’est vraiment pas glamour.

Mon père est mort de rire et moi, je suis mortifié.
Je déteste leur humour d’écrevisse décortiquée. Je ne sais pas vous, mais je trouve que c’est trop la louze quand les parents se croient drôles, alors que non, pas du tout.