Je ne veux pas que mes mots, désormais, soient les esclaves de ton absence. Je ne veux pas que le silence, de nouveau, me contraigne à n’écrire que dans le deuil impossible d’une mort qui ne cesse jamais d’avoir lieu, d’une mort qui ne cesse jamais de mourir – et de ne pas mourir.
Et l'île devenait mienne, et la nuit m'appartenait. J'avançais dans l'obscurité et je voyais au-delà d'elle. Je n'avais plus peur. Ou plutôt si : j'avais toujours peur mais je n'avais plus peur d'avoir peur. J'avançais dans la nuit et je sentais le monde.
Avancer ne signifie pas forcément progresser : où règne le vide, où se tient l’absence, toute distance est infinie. Comme si souvent dans l’extrême malheur – ou l’extrême bonheur – les jours étaient des semaines, les semaines des heures ; minutes, mois et siècles se confondaient dans ce temps sans temps que nous connaissons tous et dont nous pouvons pourtant à peine parler.
On ne possède éternellement que ce qu’on a perdu.
L’amour est une mer agitée de vagues et de vents, qui n’a port ni rivage.
...Il me demanda comment moi, moi qui avais déjà tant voyagé, je ne savais pas que les merveilles sont uniques, et qu'on ne les reconnaît que dans l'ignorance de ce qui pourrait être comparé.
La volonté de ne plus aimer est encore de l’amour et la volonté d’aimer encore ne l’est déjà plus, le désir de ne plus se souvenir appelle encore la mémoire, alors que le désir de se souvenir encore convoque déjà l’oubli.
N’aimer qu’une seule personne pendant toute sa vie d’un amour partagé peut faire de nous un philosophe, un héros minuscule, postmoderne, humaniste – c’est-à-dire autre chose qu’un homme postmoderne, humaniste mais porté par des forces d’une même qualité. N’aimer que d’un seul amour solitaire, désespéré, pendant toute notre vie peut faire de nous un prophète – ou un poète.
On ne devrait jamais essayer d’écrire son premier amour : même après l’écriture, il reste invivable.
April is the cruellest month, breeding
Lilacs out of the dead land, mixing
Memory and desire...