Lorsqu'un livre vous a marqué d'une empreinte profonde, lorsqu'il vous a laissé un souvenir inoubliable et que vous continuez d'en recommander la lecture, même dix ou vingt ans après l'avoir lu, c'est toujours avec une certaine excitation que vous vous emparez d'un nouveau roman de son auteur. Une excitation mêlée de crainte : va-t-on retrouver ce qui a fait la saveur de sa première lecture ?
C'est toujours cette inquiétude que j'éprouve lorsque j'ouvre un nouveau livre d'Ammaniti, tant j'avais adoré le magnifique roman
Je n'ai pas peur. Et, pour être tout à fait franche, même si je retrouve toujours sa plume avec plaisir, aucun autre de ses livres n'égale pour moi celui-ci.
Comme dieu le veut ne m'a pas paru être son meilleur crû. Il faut dire qu'Ammaniti s'est attaqué à un sujet qui n'autorise pas beaucoup de lyrisme ni de grâce. Il nous dépeint en effet une Italie vouée à la bêtise et à la médiocrité, au voyeurisme, à «l'abrutissement consumériste», comme l'évoque la quatrième de couverture. Ses héros sont des paumés, chômeurs, incultes, qui voient l'Italie comme un pays décadent auquel il faudrait un nouvel homme fort. Rino Zena dort avec une croix gammée au-dessus de son lit et enseigne à son fils Cristiano, treize ans, à ne compter que sur lui-même. Ses méthodes éducatives sont stupéfiantes qu'expéditives...
Même si Ammaniti parvient à nous faire éprouver une certaine compassion pour ces personnages que la vie n'épargne pas, ceux-ci sont tellement bornés et peu sympathiques que je n'ai pas pu m'y attacher.
Alors évidemment, il y a le talent de l'auteur. Il s'y entend à nouer les fils d'une histoire, avec un sens du rocambolesque absolument inimitable (qui atteint son comble dans
La fête du siècle, peinture bien plus réussie selon moi de l'Italie berlusconienne).
C'est sans doute ce qui m'a permis d'aller au bout de ma lecture, même si je n'étais pas complètement sous le charme.
Vivement son prochain roman...
En attendant, je vous recommande
Je n'ai pas peur, qui est vraiment un très bon livre sur l'enfance et la perte de l'innocence.
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