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Critique de Pasoa


La lecture d'un recueil de poésie agit toujours comme une parenthèse placée au coeur du temps, ouverte sur le seul instant et les résonances secrètes que portent en eux les mots. J'ai particulièrement éprouvé cette impression à la lecture du livre de Jacques Ancet, le Jour commence.

Je connaissais déjà la poésie de Jacques Ancet au travers de plusieurs de ses recueils mais aussi de ses traductions faites de l'espagnol des oeuvres de Saint-Jean-de-la Croix, de Roberto Juarroz ou encore de Jorge-Luis Borges et d'Alejandra Pizarnik.
Le jour commence est le premier volume d'une série d'ouvrages consacrés à l'oeuvre poétique de Jacques Ancet. Il regroupe des poèmes écrits de 1966 à 1976

La durée et le rythme sont des composantes importantes de son écriture. Chacun accentue le sens et la tonalité des mots et fait naître des images évanescentes au charme envoûtant.

« souvenons-nous toujours de la lumière
sur les fleurs roses du pêcher
de la lenteur des gestes
une main sur un front
de la lenteur des choses
cette lenteur terrible de la vie
comme une boucle qu'on dénoue »

Pris séparément, chaque vers porte en lui une image, une sensation. Accolé progressivement à d'autres, il créé un récit d'une troublante beauté, comme un sens qui se démultiplie et fait naître le poème.

Dans des textes de longueur variable, le poète s'enquiert de l'intime, du temps passager, d'un geste simple, d'un jeu d'ombres et de lumière, des rumeurs du dehors, de la présence d'un objet pour faire advenir les mots, les sonorités les plus sensibles.
Le corps, les mains, les yeux, le son d'une voix, un paysage lointain ou encore un arbre dans le jardin, une saison finissante, le vol d'un oiseau, sont quelques-uns des réceptacles les plus utilisés par Jacques Ancet pour rendre compte des nuances, des changements, des surgissements de couleurs, de temps et de silences.

« et chaque fois que nous posons les yeux
sur la page quelque chose
se dérobe à nous
de l'incroyable beauté des choses
le temps à peine de le dire
la montagne brûle et s'éteint
la rose dans la haie retient le silence
comme la lèvre son haleine
les oiseaux dans leurs cris
semblent se disputer
ce que le vent en passant a laissé
de l'éphémère parfum d'un monde qui s'en va »

Même si les textes de la fin du recueil tendent vers l'abstraction, où les vers semblent se désagréger, les mots se séparer les uns des autres, ils restent tous empreints de nostalgie, de fatalité mais aussi et surtout d'émerveillement, et rendent compte d'un précieux rapport au monde.

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