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Silvia Baron Supervielle (Traducteur)Claude Couffon (Traducteur)
EAN : 9782742758708
352 pages
Actes Sud (08/11/2005)
4.32/5   22 notes
Résumé :

" Alejandra habitait un appartement minuscule au cœur de Buenos Aires. [...] Près de son bureau, elle avait épinglé une phrase d'Artaud : " Il fallait d'abord avoir envie de vivre. " La chambre était sobrement meublée : le bureau, un lit, quelques livres et un petit tableau noir sur lequel elle ébauchait ses poèmes, à la façon d'un sculpteur, entaillant à petits coups un bloc qu'elle savait receler qu... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Après Texte d'Ombre, je continue la lecture de cette poétesse argentine en empruntant à la bibliothèque ce volume épuisé chez Actes Sud. L'objet livre tout d'abord attire l'attention par le rose de sa couverture et sa forme allongée. Je suis forcée de noter tout de même qu'il n'atteint pas physiquement la qualité des publications d'Ypsilon. Ce premier constat est l'occasion de remarquer le travail des typographes et éditeurs et l'impact qu'il a sur la lecture d'un texte poétique. le livre d'Actes Sud étant plus dense et moins aéré, je perds en confort de lecture et m'attarde moins sur les mêmes mots qui m'avaient bouleversés chez Ypsilon.

La traduction ensuite, ici Silvia Baron Supervielle er Claude Couffon se partage les huit recueils composant l'édition. Je ne m'attarderai pas sur ce point, si ce n'est que quoique ponctuellement différente, la traduction est très globalement similaire, pour un même poème, à celle d'Étienne Dobenesque pour Textes d'Ombre. Je constate également qu'Oeuvre poétique, contrairement à ce que son titre laissait présager n'est pas tout à fait exhaustif. Plusieurs textes inédits ont été intégré dans l'édition d'Ypsilon que je ne retrouve pas ici. Les éditeurs n'ont pas non plus fait les mêmes choix dans l'ordonnancement des poèmes.

Parlons poésie maintenant. Une fois encore, les vers d'Alejandra Pizarnik me saisissent. J'ouvre le livre au hasard :

un trou dans la nuit
soudain envahi par un ange

Et c'est bien ainsi que j'aime lire Pizarnik, au hasard des pages, m'emplir des vers, des mots. du temps suspendu, du temps triste, de l'espace sauvé. Chaque ligne est une surprise, une course arrêtée dans mon quotidien, et chaque fois la même émotion. Presque systématique.

Quelqu'un mesure en sanglotant
l'étendue de l'aube.
Quelqu'un poignarde l'oreiller
en quête de son impossible
place de repos.

A trop lire Alejandra Pizarnik, je suis facilement envahie par une profonde mélancolie, triste et parfois désespérée. A lire quatre vers de manière impromptue, je m'attache d'avantage aux espaces ouverts. Je suis rassérénée.

Tous les recueils n'ont pas la même tonalité, le rapport à l'Autre, s'il est toujours présent n'est jamais autant développé que dans Textes d'Ombre. le vide, l'impossible, l'inaccessible, le « presque là » sont autant de notions récurrentes et justement dites. L'exil, la mort, les fleurs, le vent. A tout lire d'affilée, j'en perd l'empreinte propre à chaque recueil.
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Alejandra Pizarnik est une des voix majeures de la poésie argentine contemporaine. Si dans sa période de formation, Pizarnik a été marquée par le mouvement surréaliste, elle a également été influencée par les néo romantiques et les avant-gardistes argentins de la fin des années cinquante. Son écriture devient par la suite singulière et s'affirme dès son séjour à Paris pour prendre une ampleur et une profondeur remarquables.

Oeuvre poétique n'est pas un ouvrage exhaustif de sa production mais contient huit recueils essentiels de son art poétique. D'une très forte densité expressive et émotionnelle, l'écriture d'Alejandra Pizarnik est travaillée avec une exigence inouïe et une sincérité absolue, constamment traversée par un questionnement de la création et la quête d'un langage idéal, interrogeant le pouvoir des mots et de la langue, sorte de recherche d'écriture totale empreinte autant de musicalité que de fécond silence. Pour Pizarnik, seuls le poème et le langage ont une réalité.
Toujours à la frontière de la prose et du vers, condensée, souvent furtive, sa poésie douloureuse et très personnelle se met parfois en danger, joue avec la folie et le mal de vivre mais reste aussi vive qu'intelligemment pure, construite d'ellipses et d'allégories puissantes, où dominent le style fragmentaire et des poèmes formellement brefs.
De même que l'enfance perdue, l'innocence et la magie des mots sont des thèmes récurrents, le dénuement existentiel, la solitude, l'absence de l'être aimé et la mort sont également présents, comme les voix multiples et les jeux de miroirs qui diffractent un moi poétique qui se voudrait très concentré et en recherche d'identité.
Si Alejandra Pizarnik a interrogé l'écriture poétique comme possible refuge et instant de félicité, finalement rien dans son expérience esthétique n'a pu la sauver. Elle nous laisse en héritage une oeuvre poétique extrêmement talentueuse et incroyablement bouleversante.
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Silvia Baron Supervielle écrit dans la préface de ce livre: « Quelqu'un se lance dans le vide, fait des tours sur soi-même et retombe dans un lieu ignoré, mais reconnaissable, qui est un centre absolu. le poème exécute une voltige et se pose sur la terre, y créant un nouveau battement.

(…) Ce qui s'offrait à mes yeux oeuvrait sur un champ intact que seules les forces et la fureur de l'innocence étaient capables d'atteindre.(...) très jeune, penchée sur ses écrits, Alejandra brave déjà le danger imminent, mortel, prend des risques, s'expose en se lançant toujours plus haut et plus loin dans le vide. Ses signes recréent les blancs, les retiennent, les libèrent, recréent les mots qui se plantent comme des couteaux dans le papier. La résonance du silence y reste suspendue. Mais malgré la mort qu'elle défie sans désemparer, elle hésite, elle a encore un léger espoir. C'est un espoir extra-lucide dépourvu d'illusion. »
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Pizarnik c'est le modèle de la poésie féminine moderne.
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Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
VERT PARADIS
étrange que je fus
lorsque voisine de lointaines lumières
j'accumulais des paroles très pures
pour créer des silences nouveaux
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Rien que la soif
et le silence
nulle rencontre

prends garde mon amour prends garde
à la silencieuse dans le désert
la voyageuse au verre vide
prends garde à l'ombre de son ombre


sólo la sed
el silencio
ningún encuentro
cuídate de mí amor mío
cuídate de la silenciosa en el desierto
de la viajera con el vaso vacío
y de la sombra de su sombra
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ARBRE DE DIANE
(29) à André Pieyre de Mandiargues
Nous vivons ici-bas une main serrée sur la gorge.
Que rien ne soit possible était chose connue de ceux qui inventaient des pluies et tissaient des mots avec la torture de l'absence. C'est pourquoi il y avait dans leurs prières un son de mains éprises du brouillard.

(30) dans l'hiver fabuleux
la complainte des ailes sous la pluie
dans la mémoire de l'eau des doigts de brouillard.
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Sans toi
le soleil s'abat comme un mort délaissé
Sans toi
je me prends dans mes bras
et je me porte vers la vie
afin d'y mendier la ferveur
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J'ai sauté de moi jusqu'à l'aube
J'ai laissé mon corps près de la clarté
et j'ai chanté la tristesse de ce qui naît

He dado el salto de mí al alba.
He dejado mi cuerpo junto a la luz
y he cantado la tristeza de lo que nace.
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Videos de Alejandra Pizarnik (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alejandra Pizarnik
« […] « La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […] […] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux, sans cesse il allait et venait. Son regard était si profond qu'on le pouvait à peine voir. Quand il parlait, il avait un accent timide et hautain. Et l'on voyait presque toujours brûler le feu de ses pensées. Il était lumineux, profond, car il était de bonne foi. Il aurait pu être berger de mille lions et d'agneaux à la fois. Il eût gouverné les tempêtes ou porté un rayon de miel. Il chantait en des vers profonds, dont il possédait le secret, les merveilles de la vie ou de l'amour ou du plaisir. Monté sur un Pégase étrange il partit un jour en quête d'impossible. Je prie mes dieux pour Antonio, qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre 0:06 - Solitudes, VI 3:52 - du chemin, XXII 4:38 - Chanson, XLI 5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX 7:06 - Galeries, LXXVIII 7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains 9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX 10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII 10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille » 12:17 - Générique
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