La maximalisation du négatif et la minimalisation du positif sont des erreurs fréquemment mises en évidence chez l'anxieux social.
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Voir tout en noir ou blanc, en ignorant tous les dégradés de gris, caractérise certains anxieux sociaux. Ils ne sont pas capables, à la différence du poète qui effeuille la marguerite, de jouer sur les un peu, les beaucoup, les passionnément et les pas du tout...
Yasmine, 22 ans, étudiante :
"Mon problème, c'est que je ne suis pas celle que les autres imaginent. S'ils savaient que derrière ma froideur, je suis une hypersensible, que derrière mes excuses et mes refus pour ne pas me rendre à leurs invitations, il y a la peur de ne pas être à ma place, que derrière mes accès de mauvaise humeur, il y a la crainte de ne pas être aimée et respectée... Mais c'est plus fort que moi, je ne me comporte jamais simplement, comme il le faudrait. Avec moi, rien de spontané. Tout est une histoire, une complication..."
Dans le langage des artistes, on appelle ça le trac. Les chocottes, les jetons, la pétoche, si vous préférez. Qui vous transforme les rotules en pâte à guimauve, le cerveau en yaourt scandinave, et le coeur comme un solo de Ringo Starr.
"En fait, j'ai toujours évité ce qui m'attirait et tourné le dos au point où j'aurais secrètement voulu aller." - Amiel, écrivain suisse
Nombre de phobiques sociaux donnent l'impression d'être froids et distants. Cela s'explique par la tension anxieuse qu'ils ressentent dans les situations d'échange et par le désir qu'ils ont de tenir autrui à distance, afin de ne pas révéler leur vulnérabilité. Le stress intense peut figer et empêcher d'exprimer toute émotion, donnant l'impression d'une grande froideur ou d'une indifférence à l'autre, très éloignées du ressenti réel de la personne !
En utilisant des logiciels de transformation des visages sur des photos (morphing), et notamment de l'expression des yeux, des chercheurs ont montré que les personnes ayant un niveau élevé d'anxiété sociale détectent plus rapidement une expression négative, même très discrète, dans le regard des autres. Les recherches confirment également que toute situation sociale ambiguë sera négativement interprétée par les anxieux sociaux : si par exemple on leur demande d'imaginer que, lors d'une soirée qu'ils donnent, des amis partent plus tôt que prévu, ils penseront tout de suite que ces derniers se sont atrocement ennuyés, plutôt que se dire qu'ils étaient fatigués ce soir là.
Voir tout en noir ou blanc, en ignorant tous les dégradés de gris, caractérise certains anxieux sociaux. Ils ne sont pas capables, à la différence du poète qui effeuille la marguerite, de jouer sur les un peu, les beaucoup, les passionnément et les pas du tout...
Le stress prépare notre corps à fuir ou à combattre. Il n'est donc guère étonnant que, dans toutes les situations où apparaît l'anxiété sociale, notre tendance spontanée nous pousse à nous inhiber ou à agresser.