Les états d'âme : Un apprentissage de la sérénité

Mais les hypersensibles disposent surtout d'une vie intérieure très riche, de mondes imaginaires intenses, depuis l'enfance. Ils ont plus que les autres besoin de moments de calme pour se reconnecter à eux-mêmes, sinon ils éprouvent un sentiment d'aliénation et d'épuisement rapide. Ils ont du mal à supporter en permanence des situations de groupe, et le besoin de se mettre régulièrement à l'écart : lors de vacances en famille, ils aspirent régulièrement à se retrouver tout seuls pour aller se balader, ou lire tranquillement dans leur coin. D'où la fréquence dans leurs rangs d'artistes et de poètes, qui sont à peu près tous des hypersensibles. Ce qui en induit quelques-uns jusqu'à la maladie psychique. Car il existe aussi une face sombre à l'hypersensibilité : le sur-risque anxieux et dépressif.

Marchons en bavardant avec Cioran rue de l'Amertume, pour nous rendre place de la Déception, et finir ensuite dans le jardin de la Tristesse. Là, ça ira mieux : on pourra commencer à vraiment comprendre ce qui nous arrive, et passer à autre chose : emprunter le passage de l'Acceptation, nous balader avenue de l'Action.

Car ce qui fait un être , ce sont peut-être moins ses actes publics que ses habitudes secrètes, moins ses intentions planifiées que ses rêveries floues. Ce sont nos états d’âme, cette part la plus secrète de nous-même, qui en est aussi la plus révélatrice.

Nos états d'âme, c'est ce qui reste en nous après que le train de la vie est passé.

En thérapie , je blague souvent avec mes patients à ce propos : " J'ai une bonne nouvelle : le monde sans soucis dont vous rêvez existe. Et une mauvaise : ça s'appelle le paradis et ce n'est pas pour tout de suite. En attendant, on va essayer avec ce monde-ci, qui s'appelle la Vie..."

La sérénité est une tranquillité actuelle, mais aussi un vécu de paix avec son passé, et une confiance dans les instants à venir ; d'où le fort sentiment de cohérence qui en découle, d'acceptation et de force pour affronter ce qui viendra.

Être toujours prêt à reconnaitre ses limites.
Un homme sage dit un jour que la conclusion vient simplement parce qu’on commence à être fatigué de réfléchir.

" La joie nous rend plus vifs dans un plus vaste monde". Il nous rappelle que " dés que la joie se lève, tout s'élargit", et propose cette belle image de " la joie en crue" [...]
" C'est seulement quand l'espace s'approfondit que le cœur se renforce, et c'est seulement quand le cœur se renforce que l’approfondissement de l'espace nous est donné à voir et à vivre."

Jean-Louis chrétien, philosophe, "la joie spacieuse"

Attention extrême aux détails de l'instant présent, subtile conscience des moindres mouvements de son esprit: Proust reste l'explorateur insurpassé des états d'âme. Les écrivains ont tout compris et tout décrit bien avant les psys.... Freud disait à ce propos: " Partout où je suis allé, un poète était allé avant moi."

Besoin de prendre le temps de réfléchir à notre vie au lieu de passer de toute allure d'une activité à l' autre, besoin d'habiter notre existence au lieu de la remplir.