S.O.S.

L'Europe en danger

Quand un révolutionnaire affamé se retrouve dans le jardin du tsar, il cueille une pomme sans toucher l'arbre; quand un révolté tout aussi affamé et misérable se retrouve dans le même jardin, il arrache l'arbre entier. (p. 64)

S.O.S

Viens juste voir, et je t'assure que tu seras horrifié, tu maudiras les imposteurs et les menteurs qui ont fait passer cette épouvantable tyrannie pour un élan de tout le peuple russe vers la liberté.
Et toi, l'Italien, et vous, le Japonais, le Suédois, l'Indien, qui que vous soyez ! Il y a dans tous les peuples des gens généreux, et j'en appelle à chaque homme, à chaque homme personnellement. Car le temps est venu où tous les hommes du monde entier doivent se battre, non pour un morceau de terre, non pour le pouvoir et l'argent, mais pour l'être humain , pour sa victoire sur la bête sauvage. Comprenez que ce n'est pas une révolution ce qui se passe en Russie, ce qui a déjà commencé en Allemagne et qui va se répandre plus loin encore ! (p. 54)

Veni creator !

Ne nous promets-tu pas du pain et la paix, nous vendrions nos enfants pour un morceau de pain et pour une journée d'une paix douce, quoique honteuse. Alors en quoi consiste notre malheur ? Mais tu es dur, Lénine, tu es même terrible, Grand Lénine ! (p. 28)

La Censure (mars 2017)

De même que s'atrophient les organes que l'on n'exerce pas, ainsi s'atrophient les idées qui n'ont pas d'issue vers l'extérieur. (...)
Puisque je ne puis être un baobab, je vivrai au moins une existence de bouleau nain. (p. 16)

La Censure (mars 2017)

Quand l'écrivain parle de censure, il entend non seulement les ouvrages interdits (il y en a relativement peu sur terre), mais aussi ce qui aurait pu être écrit et qui est resté enseveli dans son cerveau pour le siècle des siècles.
(p. 11)

Avant-propos de Sophie Benech

Il y a dans ces pages des réflexions sur la liberté et sur l'apprentissage de la liberté qui paraissent étrangement actuelles et rejoignent certaines considérations que l'on trouve entre autres sous la plume de Svletana Alexievitch, prix Nobel de littérature 2015. Andreiev, comme Alexievitch évoque les traces qu'a laissées dans l'esprit et dans l'âme des Russes une vie d'esclave sous un régime liberticide. Alexievitch parle de la tyrannie idéologique du marxisme-léninisme, Andreiev de celle de l'autocratie tsariste. (p. 7)

La Censure (mars 2017)

Nous aimions tous la liberté-quel esclave ne l'aime pas et n'en rêve pas ! Mais c'est une chose d'aimer la liberté, et c'en est une autre de savoir être libre. (p. 18)

La Censure (mars 2017)

Mais la censure de la pensée, la censure qui s'exerce sur ce qui n'est pas exprimé, elle, est terrible. Quand on considère tous les malheurs que l'humanité a rencontrés sur son chemin, je ne vois ni dans la peste, ni dans les guerres, ni dans les fers des esclaves rien qui se puisse comparer, pour ce qui est de l'horreur et du mal infligé, aux hommes, à ces chaînes invisibles qui ont entravé pendant des millénaires le cerveau des penseurs et des artistes. (p. 12)