Troisième volume des nouvelles, et toujours aussi passionnant. La continuité dans la qualité de l'écriture , mais en même temps un déplacement peut être dans les thèmes, moins de fantastique, et plus de quelque chose qui en apparence pourrait être plus politique et en prise avec le monde du temps de l'auteur (l'échec de la révolution de 1905), même si en réalité sa vision du monde et sa sensibilité sont identiques à elles-mêmes. Les textes ont aussi tendance à s'allonger.
Ma préférence va à Histoire de sept pendus, la peine de mort, évidemment, mais aussi tellement d'autres choses, l'irrémédiable solitude de l'individu, quelle que soit la force qui le pousse à essayer de s'intégrer, se perdre dans un groupe ; la difficulté des relations familiales....Les portraits des sept personnages sont vraiment étonnants.
Mais chaque récit a ses qualités et beautés, et l'auteur joue d'une palette variée, plus métaphysique, ou ironique, ou lyrique. Cette variété rend cette lecture forte et difficile à oublier.
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Ce livre m'a été suggérer lors d'une séance de club de lecture par un ami. C'est surtout le titre qui m'a intriguée; je ne suis pas religieuse mais j'ai tout de même eue des notions de catholicisme à l'école pour connaitre l'histoire. Ont m'avait dit de commencer par L'histoire des sept pendus, je ne me suis pas rendu au milieu tellement j'ai détestée! J'ai aimée la majorité des autres nouvelles, ont y voit vraiment tout le talent de Andreïev et je suis très contente d'avoir découvert cet auteur méconnu.
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Mais Jésus se taisait, et les disciples considéraient le traître avec épouvante, ne comprenant pas comment l'âme d'un homme pouvait contenir autant de mal. L'Iscariote embrassa d'un coup d'oeil leurs rangs plongés dans le désarroi, remarqua leurs frissons prêts à se muer en tremblements de peur et en claquements de dents, il remarqua leur pâleur, leurs sourires ineptes, les faibles mouvements de leurs bras, comme serrés dans un étau de fer à la hauteur des épaules, et son coeur s'embrasa d'une affliction mortelle, pareille à celle que le Christ avait éprouvée un peu plus tôt. De tout son corps tendu à craquer en une centaines de cordes gémissantes et sanglotantes, il se précipita sur Jésus et baisa Sa joue froide. Avec tant de douceur et tant de tendresse, avec une tristesse et un amour si poignants, que si Jésus avait été une fleur au bout d'une tige fragile, elle n'aurait pas oscillé sous ce baiser, et pas une perle de rosée ne serait tombée de ses pétales immaculés.
Extrait de "Judas Iscariote"
A l'époque, je ne comprenais pas encore que, par hasard, j'avais découvert la grande loi sur laquelle est fondée toute l'histoire de la pensée humaine, laquelle recherche, non la vérité, mais la vraisemblance, c'est-à-dire l'harmonie entre le visible et le concevable, fondée sur les lois rigoureuses d'une pensée logique. Et, au lieu de me réjouir, je me suis écrié, avec un désespoir naïf et juvénile : "Où donc est la vérité? Où est la vérité dans ce monde de faux-semblants et de mensonges?" (Cf mon Journal d'un prisonnier du 29 juin 18..)
(P.371, Mes Carnets)
Le Mur, fable symbolique, fait frissonner : un mur inébranlable se dresse avec cruauté devant des lépreux et des affamés se pressant à ses pieds et leur interdit l’accès à une vie heureuse. Ils représentent l’humanité dans sa lutte pour le bonheur et la liberté.
Lecture de Judith Beuret.