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Sophie Benech (Traducteur)
EAN : 9782714306524
470 pages
José Corti (30/06/1998)
4.05/5   22 notes
Résumé :
Mieux que quiconque, Andreiev a su incarner l'angoisse inhérente à la fin d'une époque, et prévoir l'avènement d'un temps barbare. Profondément marqué par Schopenhauer, Dostoïevski et Nietzsche, Andreiev est hanté par des thèmes récurrents : l'oppression des villes, l'absurdité d'un monde sans Dieu, la folie, le désespoir, la solitude de l'homme confronté au néant, au gouffre de ténèbres qui le guette de l'intérieur et le menace, alentour.

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Leonid Andreiev raconte dans son journal :
Il est alors avocat, c'est un peu comme Tchéchov qui avait fait des études de médecine qui ne vont pas se montrer une fois en exercice de nature à subvenir aux besoins de la famille. Ce sont les nouvelles plus que tout chez Tchekhov qui vont le faire vivre.Andreiev précise dans une nouvelle de jeunesse que sa voie, il la vit en rêve et se voit chevalier de l'ordre, défenseur des opprimés qui en réalité fit naufrage avec sa première plaidoirie : l'idéaliste dut traiter une affaire terre à terre, fut trompé par son client et reçut un pourboire pour avoir prouvé l'innocence de riches fraudeurs. Ben oui, comme dirait l'autre, ce n'était pas fait pour lui ! Ça me fait penser, toujours, à Tchekhov qui avait du mal à se faire payer ses honoraires. Déçu, Andreiev se tourna vers la chronique judiciaire, c'est elle qui va lui ouvrir la voie littéraire.

Cette histoire me rappelle en outre trait pour trait celle d'un autre écrivain russe célèbre !..

Les premiers écrits de Leonid connaîtront du succès à cause certainement de leur ton erratique, comme celui de Poe ou Baudelaire. Cette carrière dura à peine dix ans pour s'arrêter dans un flop de désintérêt de l'opinion russe pour son oeuvre jugée somme toute sans goût et sans poésie. le néant n'est pas la panacée des russes. Ça sent trop les cadavres dans les placards qui sentent la charogne à l'instar de Poe ou des ossements qui apparaissent au premier coup de pelle dans un sous-sol et qui viennent vous perforer les côtes ! C'est le diable pour le coup qui vient vous mettre en tête des idées suicidaires.

Voilà ce qui se passe à trop forcer la dose quand on veut parler des humiliés et des offensés. « Tu en veux, tu vas en bouffer ! « Non seulement il faut les connaître à bon escient, il faut bien les cerner et tout bien pesé en faire un combat contre tout le système qui les exploite. Il faut en quelque sorte s'en détacher pour voir de plus haut ce qui se voit moins sans doute de ces élites pernicieuses qui se terrent en tirant toutes les ficelles.

Par la suite notre ami Léonid Andréiev , l'âme en peine, déchantera salement et ira (très mal) de Charybde en Scylla !.. Je ne me sens pas une âme à raconter les fins de partie quand elles sont moches..
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Le gouffre (et autres récits) de Leonid Andreïev fait partie de ces rares livres qui viennent à vous sans prévenir et s'impose comme une évidence. Parmi les milliers de propositions de lectures défilant sur Babelio, Dieu seul sait pourquoi je me suis arrêtée net sur cette couverture, le titre, les sonorités russes du nom de l'auteur… Nous sommes à la charnière entre le XIXème et le XXème siècle. Les premières nouvelles de ce volumineux recueil ont été écrites en 1899, les dernières en 1901. Les éditions José Corti ont fait le pari de confier à l'excellente Sophie Benech la traduction de l'oeuvre intégrale du journaliste et écrivain russe.

Toutes ces nouvelles n'ont qu'un objectif : décrire l'angoisse, la solitude, l'absurdité des existences. Chaque portrait d'enfant, d'homme, de femme, de prêtre, de chien, de couple, de famille, de lépreux et autres fous ou naïfs est l'occasion de saisir un moment de vie quotidienne de la société russe, qu'elle soit bourgeoise ou miséreuse. Tous sont égaux devant leurs gouffres : absence, deuil, haine intériorisée, vide inommable, abandon, et autres néants. Et pourtant, le génie d'Andreïev réside dans sa capacité à illuminer ces noirceurs par de tendres détails. Chaque nouvelle est l'occasion de craquer une allumette, fragile, persistante, de suite étouffée, ou vivement embrasée, cassée ou vivifiante, et toujours trop vite éteinte. Seule le gouffre, situé parmi les derniers récits du recueil, inverse la tendance. Il ne s'agit plus d'une douleur latente dont les protagonistes seraient un instant sauvés, le bonheur idéal est offert gratuitement jusqu'à ce qu'une main de fer sombre et froide s'en saisisse et l'étrangle sans faiblir.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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Ce volume est sensé être le premier d'une édition complète de nouvelles, j'espère que l'éditeur a poursuivi ce projet.

34 nouvelles et presque toutes exceptionnelles. L'écriture remarquable est le premier élément qui frappe. Ensuite, presque chaque nouvelle est le portrait d'un personnage, en général tout à fait médiocre, mais que l'auteur arrive à nous rendre d'une façon saisissante, dans un moment significatif, qui nous permet de le voir dans sa spécificité, avec tout l'environnement humain qui constitue le contexte dans lequel il vit. On voit vraiment une personne en train de vivre, plus exactement en train de se débattre, dans le quotidien, l'insatisfaisant, le vide et le manque, tout en étant incapable de dire en manque de quoi. C'est très sombre, les rayons de lumière sont très rares, mais l'auteur regarde ses pauvres personnages avec attention, sans les juger, même s'ils sont par moments veules et lâches. Et surtout toujours tellement solitaires. D'autant plus que le groupe sait se montrer terriblement cruel pour l'individu isolé qui n'est pas exactement comme les autres.
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Le choix des éditions José Corti de consacrer 5 volumes de presque 500 pages chacun à un auteur russe du début XXème totalement oublié en ce début de XXIème siècle est étonnant. Corti n'est pas spécialisé dans la littérature russe, loin de là, et j'imagine que c'est un coup de coeur.
L'éditeur nous annonce sur son site web "la publication, par ordre chronologique de la totalité de ses récits dans une nouvelle traduction".
Gros bémol sur cette publication "par ordre chronologique" : peu de repères chronologiques, ni biographie de l'auteur (hormis intégrée à la préface générale, préface rapide en 4 pages; on lira par comparaison, la préface de 26 pages du recueil Nouvelles publiée en 1904 chez Edition du Monde illustrée qui donne une idée de la passion qui anime Serge Persky lorsqu'il la rédige), ni surtout de la période à laquelle correspond ce tome 1! Quand on sait l'importance des événements sur la vie des gens, et dans une période aussi dense que les années 1900-1917 où l'histoire s'accèlère, c'est un manque. Bon, certaines nouvelles (pas toutes) sont datées, on peut donc estimer qu'il s'agit ici de 1899-1902.
Reste que beaucoup de ces nouvelles n'ont jamais été traduites précédemment. C'est toujours un régal de lire Andreiev, un auteur majeur du début du siècle.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
A présent, ils parlaient de ces pensées et de ces impressions terribles qui visitent les hommes la nuit, quand ils ne dorment pas, qu'ils ne sont distraits ni par des bruits, ni par des paroles, et que cette chose aux innombrables yeux, énorme et obscure, qu'est la vie, vient se coller contre leur visage.
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Video de Leonid Andreïev (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Leonid Andreïev
Le Mur, fable symbolique, fait frissonner : un mur inébranlable se dresse avec cruauté devant des lépreux et des affamés se pressant à ses pieds et leur interdit l’accès à une vie heureuse. Ils représentent l’humanité dans sa lutte pour le bonheur et la liberté. Lecture de Judith Beuret.
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