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Critique de paulmaugendre


Trompeuses les aubes ? Oui à en croire Jean-Pierre Andrevon qui dans ce recueil composé de neuf nouvelles, nous propose plutôt des crépuscules.

Neuf nouvelles parues dans des magazines parfois confidentiels, disparues aujourd'hui, ou revues et remaniés, enrichies, et même une inédite.

L'inspiration et l'imagination de Jean-Pierre Andrevon sont sans limites, et s'adaptent au support pour lesquelles ces nouvelles étaient destinées.

Ainsi la nouvelle destinée à Chorus N° 6 de 1998, revue aujourd'hui défunte consacrée à la musique et qui avait été crée et dirigée par Fred Hidalgo, grand amateur de Frédéric Dard, Jean-Pierre Andrevon nous propulse dans un avenir plus vieux de quelques décennies. le jardin extraordinaire est le titre de cette nouvelle dans laquelle le narrateur voit des chanteurs des années cinquante, Jacques Brel, Georges Brassens, Guy Béart, Félix Leclerc et autres auteurs-compositeurs-interprètes sur scène chantant à leurs débuts leurs oeuvres, des chansons à texte qui trifouillent l'âme. Un héritage provenant d'un arrière-grand-oncle et composé de disques vinyles, d'un électrophone, et autres reliques. Des artistes qui viennent en lui, grâce à une morphogénèse presque parfaite. Seulement il y a Clare, qui apparait sous la forme d'un fantôme transparent, perturbe son environnement et dissipe le charme. C'est d'abord un hommage à ces artistes qui ont peiné pour se faire un nom et qui restent les grands maîtres de la chanson francophone auquel Jean-Pierre Andrevon rend. Mais il n'est pas seulement romancier, nouvelliste ou dessinateur, il est également chanteur et a enregistré quelques disques. Voir à ce propos mon article consacré à l'un de ses albums ici .

Némésis, la première des nouvelles du recueil, se décline comme un compte à rebours, dans une Zone où règne la chaleur. Une petite voix s'infiltre dans les neurones du narrateur, implorante. Ne me laisse pas... Ne pars pas... Une voix de femme qui le stigmatise, envahissant son esprit : Alors, tu t'es bien amusé ? Une parabole sur ce que certaines personnes peuvent être amenées à ressentir en s'adonnant inconsidérément à un univers virtuel. Première publication dans Khimaira N° 14, 2008.

Il se sent bien nous entraîne à la suite d'Olivier Charmeyrois dans le TGV de 17h08 en partance de Marseille pour Paris. Il lit en diagonale le Monde, les infos étant répétitives et catastrophiques. Sa voisine est une jeune femme, belle, expansive, et bientôt ils se connaissent comme s'ils avaient toujours voyagé ensemble dans le train de la vie. Soudain un éclair violent et intense se produit et le temps défile à une vitesse incroyable, en faisant marche arrière. Publié dans Bifrost N° 6, 1997 sous le titre plus évocateur de Big Bang.

Je ne mourrai jamais, souhait que beaucoup d'entre nous effectue en regardant tous les livres contenus dans leur bibliothèque et que jamais ils ne pourront lire, Je ne mourrai jamais est une sensation ressentie par un personnage aux multiples identités. Il se balance dans un berceau, se confronte en une joute navale avec un adversaire planté sur un radeau, se retrouve sur une terrasse à l'ombre d'une palmeraie clonée, devient prospecteur de météorites, se débranche puis se rebranche à un jeune homme, à un lion cloné... Une vie interminable. Nouvelle inédite.

Dans Les ailes ne poussent qu'une fois, le narrateur vit avec Béni dans un vaste appartement qui devient bientôt une ruche. Au début naquit Farida, qui eut droit à sa chambre à part, puis vinrent Nahoum suivit de Aïch qui partagèrent une autre pièce. Mais inexorablement les enfants naissent, la famille s'agrandit de plus en plus, et comme dans les autres foyer le phénomène se produit de la même façon, la place vient à manquer dans la ville. Dans les rues il devient difficile de se déplacer et la solution arrive comme par miracle : des ailes leur poussent dans le dos et ils peuvent migrer et trouver un autre endroit où s'installer. Est-ce vraiment la fin d'un périple ? Publié dans la défunte revue Faërie N° 7, 2002.

Aube trompeuse, nouvelle éponyme du recueil, nous propulse dans un monde où pour la première fois depuis longtemps le ciel est vide. Reflétant toutes les nuances ou presque de l'arc-en-ciel sans que l'une empiète vraiment sur l'autre. Hommes et femmes émergent des trous de la montagne, nus et respirant à pleins poumons. Un retour à la nature en foulant l'herbe mouillée mais craquante. Mais la nuit tombe inexorablement. le narrateur retrouve son cher ami Sergio mais ayant aperçu par trois fois une belle jeune fille, il le frappe. le début ou la fin d'un monde, d'un cauchemar ou d'un rêve ? Nouvelle parue dans la défunte et éphémère revue Gandahar N° 2 en 1973 mais dans une mouture inédite.



L'univers fantastique ou science-fictionnesque de Jean-Pierre Andrevon est résolument noir. Catastrophes, cataclysmes parsèment son oeuvre mais en même temps, il se montre onirique. Désabusé, pessimiste sur l'avenir de notre monde, l'auteur le décrit sous formes de paraboles, et il n'est guère d'espoir d'en imaginer une véritable aube radieuse. Il se mue en prophète mais comme l'écrivit Rémy de Gourmont : Il y a deux voies pour le prophète : ou annoncer un avenir conforme au passé, ou se tromper. Dans quelle catégorie ranger Jean-Pierre Andrevon ?
Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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