Audrina,
première du nom, la meilleure, m’avait volé mon enfance et tout le monde
parlait tant d’elle que je n’avais plus de souvenirs à moi. C’était sa faute si
j’avais tous ces trous de mémoire.
Elle n’arrêtait pas de me dire que j’étais
née d’un œuf d’autruche dont j’avais brisé la coquille tout à trac à l’âge de
sept ans. Du célèbre oiseau j’avais hérité la manie d’enfouir la tête dans le
sable et de prétendre que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Elle ne savait rien de mes rêves, ni de toute la boue qu’ils charriaient en moi.