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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quel coup de poing ! Ce roman jeunesse bouleverse autant les jeunes que les adultes, surtout s'ils ont en charge des adolescents.

Les vacances de Pâques sont l'occasion pour certains de partir un peu. Mais deux élèves de quinze ans, Othmane et Wassim ne reviendront pas à la rentrée. Au grand étonnement des uns et désarroi des autres, ils sont partis combattre en Syrie. Pourquoi ? Comment ? Qui les a recrutés ? Et comment leurs amis et familles ont-ils pu ne rien soupçonner ?

Alors que chacun accuse le choc, les profs et le directeur se mettent au service des jeunes pour les écouter, laisser sortir les questions et les émotions. D'autant qu'il faut aussi les protéger de la presse qui rode aux abords de l'établissement, harcelant les jeunes afin d'obtenir quelques infos.

Construits sur un schéma répétitif, les chapitres donnent la parole à un jeune garçon via son journal, à Myriam, la meilleure amie de Wassim qui écrit à son professeur de français afin d'exorciser sa douleur, à un élève de la classe et au professeur de français. Quatre points de vue, quatre manières d'analyser les choses, de les vivre. Et combien de questions qui n'ont pas toutes de réponses. Comme celle que se pose le prof « Suis-je quelque part responsable, moi qui propose à mes élèves des textes de Malraux, Eluard... qui mettent en évidence les valeurs de l'engagement ? »

Paru en 2014, ce roman a été remis en lumière suite aux tragiques événements de 2015. Ils ont jeté un éclairage brutal sur ce phénomène qui existe depuis plusieurs années et semblait jusqu'alors n'intéresser personne. Frank Andriat pose de bonnes questions dans ce roman et avance de bonnes pistes de réflexion sans avoir la prétention de détenir la vérité. Il propose plutôt un moyen d'ouvrir à la discussion, à l'esprit critique. La seule chose dont il est sûr (et moi aussi) c'est qu'il faut oser le dialogue avec les jeunes et éviter toute rupture avec eux. Notre rôle d'enseignant est de leur montrer la voie du vivre ensemble, des valeurs communes que nous partageons et qu'il faut absolument mettre en avant fréquemment. Ce n'est qu'avec l'écoute et le respect de tous que nous pourrons éviter le radicalisme, quel qu'il soit. Surtout qu'une fois la rupture enclenchée, le retour en arrière est bien peu probable.

Un roman important, à donner à nos jeunes. Un récit qui défend des valeurs universelles et offre à penser. Des personnages attachants, une histoire très crédible, un style fluide où se mêlent sans artifice les niveaux de langue des jeunes et des adultes. Un livre coup de poing.

Lien : http://argali.eklablog.fr/je..
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"Ils ont quinze ans et n'ont jamais tenu une arme en mains. Sauf, peut-être un revolver en plastique ou une grenade en chocolat."

De retour d'un congé, les élèves d'une école apprennent avec effroi que deux de leurs camarades sont partis en Syrie... Rien ne laissait présager ce départ ! Personne n'a rien vu venir ! Entre colère et incompréhension, tous, Direction, professeurs, parents et élèves, cherchent des réponses... Celles-ci sont loin d'être simples.

Après les événements dramatiques récents qui ont fait sortir des milliers de personnes dans les rues, le temps est venu de se poser les bonnes questions... La tentation est grande de verser dans la peur et d'adhérer les yeux fermés aux mesures sécuritaires qui pleuvent ces derniers jours. Pour ma part, je reste persuadée que la solution vient du dialogue. Qu'il faut encore et toujours tenter de tisser des ponts, de partager nos valeurs communes, de respecter l'autre dans ses coutumes et croyances et, d'ainsi, prévenir un radicalisme de part et d'autre.

Dans ce récit qui multiplie les points de vue, le narrateur principal est confronté à ces questions. Une de ses élèves l'interpelle par lettres sur le départ de son ami. Comment, alors qu'ils partageaient la même vision d'un Dieu-amour, a-t-il pu changer ainsi ? Pourquoi n'a-t-elle rien vu ? Rien pu empêcher ? Elle s'insurge aussi : "le vrai djihad, ce n'est pas ça, le vrai djihad, c'est lutter contre soi-même et de se corriger pour tendre vers Dieu le mieux possible". Elle trouve auprès de son enseignant une oreille attentive. Celui-ci n'a pourtant pas de réponse toute faite, loin de là. Lui-même s'interroge. D'un côté, les lectures qu'il propose à ses élèves prônent un idéal de liberté que ces jeunes recherchent. de l'autre, comment leur faire comprendre qu'ils se fourvoient en prenant le chemin des armes ? Que la liberté se trouve rarement au bout du fusil ?

Et quel poids peuvent avoir les beaux discours face au travail de sape mené dans l'ombre par d'autres ? Ce travail de manipulation, on le découvre au travers des réflexions d'un jeune qui se radicalise. Les extraits de son journal, qui figurent en épigraphe de chaque chapitre, permettent au lecteur d'entrer dans sa tête et d'assister, impuissant, à la modification de sa personnalité.

Pour ce jeune, utilisé comme rabatteur, comme pour ces jeunes déjà partis combattre, un retour en arrière est-il possible ? Que faire pour empêcher que d'autres suivent leur voie ?
"Dans les situations difficiles, l'humain prend le pas sur le reste et c'est bien !"
C'est ce que vivent les membres de cette communauté. Entre profs, élèves ; jeunes, adultes, ... le dialogue se renoue... Les mots s'échangent, chacun gardant sa liberté de penser. Et si c'était le début de la solution ?

Tout au long du récit, on sent l'émoi transparaître entre les lignes. Et pour cause, l'auteur a vécu pareille drame dans son école. Aussi, même si les personnages font partie du domaine de la fiction, les ressentis des uns et des autres sonnent particulièrement juste.

J'ai particulièrement été touchée par ce prof d'histoire, musulman, qui s'en veut lui aussi de n'avoir rien vu et qui s'interroge sur l'impact de ses messages de tolérance et d'amour face aux "harangues réductrices de quelques intégristes". Il nous renvoie à notre propre impuissance et, pourtant, d'un autre côté, je ne peux m'empêcher de penser que ce qu'il a raté là, il l'a sans doute réussi avec tous les autres...

Là aussi, nous tenons certainement un autre bout de la solution. Plus que jamais, notre rôle d'éducateur est crucial ! Remettre sans cesse cette vérité sur le tapis : il n'y a pas qu'une vérité !

A ce propos, Myriam, l'étudiante qui crie sa peine et sa colère dans ses courriers, cite une phrase particulièrement parlante de Marc-Alain Ouaknin :

"Dès lors que quelqu'un revendique comme seule vérité la sienne, on entre dans une violence infinie, et le dialogue, à supposer qu'il ait lieu, ne peut mener qu'au meurtre. Il faut refuser absolument les guerres de religion, le djihad et autres guerres "saintes" : il n'y a de sainteté que dans le respect d'autrui !"

Dans ce texte, il est donc aussi question de liberté d'expression et le débat est ouvert. Peut-on tout laisser dire ? Où s'arrête cette liberté ? Des questions brûlantes d'actualité si ce n'est qu'ici la question se pose davantage à propos de ceux qui promettent le paradis à des jeunes transformés en chair à canon...

Enfin, ce texte est aussi un plaidoyer pour l'expression - ici l'écriture. C'est notamment par ce biais que la jeune élève marquée par le départ de son ami surmonte tant bien que mal ce séisme. Une troisième piste de solution ?

Bref, un récit choral dense qui nourrit la réflexion sur un sujet qui interpelle...
Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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LE DJIHADISME EXPLIQUE AUX ADOLESCENTS. SENSIBLE. EFFICACE. SANS PARTI PRIS
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Ce que j'ai bien aimé dans ce livre c'est comment les sentiments, émotions sont retranscrits. Surtout ceux de Myriam. L'auteur a tellement réussi à nous transmettre ce qu'elle ressent que dès le départ on se met a la place de Myriam et on comprend directement ce qu'elle ressent. Durant tout le livre j'ai eu l'impression de vivre l'histoire à ses côtés. de plus ce livre parle d'un sujet actuel et c'est ce qui le rend très facile à lire. On rentre directement dans l'histoire on se mettant à la place des personnages car nous savons que cela peut arriver en ce moment même et n'importe où. L'histoire que le livre a raconté m'a complètement bouleversé et m'a fait comprendre des choses ce que j'ai aimé. Il y a aussi les extraits qui figurent au début de chaque chapitre. Ce sont des extraits du journal de Youssef. L'auteur a eu une bonne idée car en plus de voir comment Youssef change. On assiste a sa modification de personnalité, on veut l'aider mais on est impuissant.
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Ce livre m'a beaucoup émue, le ressenti de Myriam face au départ de son ami Wassim et d'un autre camarade de classe, parti combattre en Syrie.


L'originalité de cette histoire est qu'elle nous est contée par les élèves de la classe et des professeurs de ces deux élèves que rien ne pouvait laisser entendre qu'ils quitteraient la France pour faire le djihad en Syrie.


On y trouve les sentiments de Myriam et de son professeur de français à qui elle se confiera sur ce qui la tourmente face à la décision de son ami.  


Une jolie narration sur un sujet qui reste d'actualité, une bonne appréciation pour ce format de lecture sur l'enrôlement des jeunes à partir vers un pays en conflit et sur la différence de perception de la religion musulmane par ses adeptes.

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Avant de commencer à le lire, j'avais beaucoup d'à priori par rapport au thème et à la couverture du livre mais finalement je l'ai beaucoup apprécié, malgré un point que je n'ai pas trop aimé.
J'ai su et j'ai adoré me mettre aux côtés des personnages. Ils sont dans le même environnement que nous, ce sont des élèves, même s'ils sont au collège et nous au lycée, j'ai pu m'identifier à eux, j'ai l'impression de vivre la même situation. Cela m'a fait prendre conscience qu'il pourrait nous arriver
les mêmes incidents puisque nous sommes dans un contexte semblable et de plus, c'est un sujet d'actualité.

Ce qui m'a plu, c'est aussi la façon d'écrire de l'auteur, qui change fréquemment de forme d'écriture, il varie entre lettre, narration et dialogue. Celle que j'ai préférée est la lettre, car grâce à cela, on comprend mieux les émotions et ressentis des personnages notamment ceux de l'élève Myriam et du professeur de français, qui s'expriment plus à l'écrit. Cela leur permet de montrer leur sensibilité, leurs sentiments et on en apprend plus sur eux, leur caractère et leur personnalité.

Par contre, dans ce livre, un élément m'a déplu, l'auteur, c'est que l'auteur changeait souvent de narrateur et à chaque fois que cela se produisait, je devais retourner de quelques pages en arrière pour savoir qui était le narrateur (Myriam, le professeur de français ou encore l'auteur lui-même)

La page que j'ai choisie est la numéro 56, à ce moment-là c'était le professeur de français qui racontait l'histoire. Il essayait d'écrire une lettre à Myriam mais il ne trouvait pas les mots. Dans ce passage, il avoue être un peu comme impressionné par sa maturité. Ses élèves lui apportent donc du positif à sa vie. J'ai beaucoup aimé ce passage car il prouve que ce n'est pas l'âge qui fait la maturité mais bien l'attitude et le comportement de la personne.
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Roman choral humaniste, sensible, écrit avec une grande justesse. Les différents récits s'articulent autour de l'absence de deux collégiens, partir combattre en Syrie au nom de Dieu. L'auteur évoque les ravages provoqués dans leur entourage proche (famille, professeurs, amis) par ce départ que personne n'a vu venir. Les amis de Wassim et Othmane se sentent abandonnés et font part de leur incompréhension, de leur révolte, de leur impuissance et de leur culpabilité. Les ficelles de la manipulation, de l'endoctrinement sont démontées avec efficacité. La démonstration est accompagnée de quelques rappels historiques de sinistre mémoire et d'une réflexion sur la religion, la foi et la liberté. Lecture indispensable pour éclairer les ados sur ce sujet complexe.
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Ce roman exprime le ressenti de collégiens, de professeurs, de parents après le départ de deux jeunes de 15 ans en Syrie pour le djihad.
Rien ne laissait supposer que Wassim et Othmane étaient prêts à risquer leur vie pour lutter aux côtés d'intégristes, même leurs amis intimes n'ont rien vu venir.
Tous leurs proches voient donc leur vie chavirer subitement, après les vacances de printemps, quand ils apprennent que les deux adolescents ont décidé de quitter leur pays pour aller se battre contre le tyran Bachar El Assad.
Myriam, la meilleure amie de Wassim, est touchée au plus haut point : son adoré l'appelle mais elle ne le reconnaît plus. Sa vision de l'islam est devenue extrémiste, ce n'est plus un musulman bienveillant et idéaliste mais un fou de Dieu qui envie ceux qui sont blessés au combat et jure de lui envoyer des fleurs de Damas, « des roses rouge sang pour [qu'elle comprenne] mieux [son] sacrifice ».
L'originalité du livre résulte de l'entremêlement de plusieurs voix narratives : celle des amis de Wassim et Othmane, celle de Myriam à travers les missives qu'elle écrit à son professeur de français et celle de ce dernier qui lui aussi est interpellé et torturé par ce qui arrive à ses élèves.
Le roman est en outre intéressant parce qu'il ne verse pas dans les clichés -Wassim et Othmane ne sont pas issus de familles intégristes, bien au contraire, leurs parents, universitaires défendent un islam généreux et pacifique- et n'est pas simpliste : l'enseignant de lettres, au contact de la foi musulmane intense et vertueuse de Myriam, s'interroge sur son propre athéisme. Sont-ce les religions qui occasionnent de nombreuses atrocités ou l'interprétation qu'en font certains hommes pour servir leur soif de pouvoir, leur démence personnelle?
Ce livre a donc le mérite de poser de vraies questions et met habilement en avant la souffrance des proches et des enseignants devant l'inattendu. Personne n'est préparé à l'impensable et quand il faut faire face à une vocation djihadiste invraisemblable, c'est la douleur et l'incompréhension qui unissent ceux qui, impuissants, sont condamnés à souffrir le martyre à cause de la mission religieuse dont deux collégiens se sont crus investis.
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Cet histoire m'a vraiment fait froid dans le dos! Je crois qu'il a le pouvoir de bouleverser tous ceux qui le lis, car il nous montre un perspective alternatif sur la guerre en Syrie. Même si nous connaissons plus ou moins la situation là-bas, le roman nous montre une façon de notre monde que nous oublions la majorité du temps, et pourtant nous ne sommes pas très conscientes des conséquences terribles que millions de personnes vivent toujours.

'Je t'enverrai des fleurs de Damas' est un roman épistolaire à plusieurs voix où Frank Andriat nous raconte le choc soulevé dans une école en France après que deux élèves, Wassim et Othmane, sont partis combattre avec l'État Islamique en Syrie sans rien dire à personne.
Le roman nous raconte, á travers des témoignages de personnages parmi lesquels il convient mentionner Myriam, le prof de français et Youssef, comme des jeunes en France se sont fait tourner la tête par l'Islam radical a tel point qu'ils sont prets à tout laisser tomber pour donner leur vie pour Dieu. Myriam exprime ses sentiments dans les lettres qu'elle écrit au prof, qui n'en revient pas comme des jeunes “ordinaires” se sont trouvés dans une telle situation. Andriat nous montre comme le départ de ces garçons a fait que l'école prend un coup dans l'aile, car tous se posent les mêmes questions Pourquoi sont-ils partis? Pourquoi personne n'a rien vu? Aurait-on pu empêcher cela?

Le roman aborde des thèmes comme la différence culturelle, l'amour, l'endoctrinemenet, le racisme en France et les traumatismes liés à la guerre.
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"Et n'oublie pas, Myriam ! Je t'enverrai des fleurs de Damas ! Des rouges pour te dire la violence de mon amour. Des blanches pour t'en raconter la pureté."
Cette citation donne le titre au livre, et il reflète le paradoxe entre le jeune amour adolescent et la violence de la guerre, qui nous montre comme il est vraiment étonnant que des jeunes doivent se confronter à une situation si dure.

J'ai beaucoup aimé la structure de ce livre, car le fait d'avoir beaucoup de narrateurs qui peuvent exprimer son point de vue m'a vraiment donné une bonne idée de comment ils doivent se sentir, et j'adore que l'information clé s'est dévoilé petit à petit avec des différents témoignages. Cependant, la seule chose qui m'a empêché de lui donner 5 étoiles, c'est que je trouve que le roman est un peu trop répétitif, surtout au milieu du livre, car il n'y a pas beaucoup d'action, mais trop de description.
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Un récit que j'ai lu d'une traite, en 1 heure ou 2.
Le thème est d'actualité après les attentats de Paris par Daech.
Le livre relate pudiquement l'engagement de jeunes personnes pour l'Islam du fanatisme jusqu'à la fuite en Syrie.
La naïveté, les convictions aisément suggérées pour des jeunes facilement influençables, les cibles premières des fanatiques de Dieu.
Et surtout, l'incompréhension, le désespoir pour ceux qui restent derrière: comment cela a t-il pu arriver? Et toute les questions qui en découlent, pourquoi?
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