Frank Andriat, voilà un auteur que j'apprécie énormément. Premièrement pour une raison un peu chauvine, c'est un compatriote! Deuxièmement parce qu'il croque avec beaucoup de justesse, d'humour et de réalisme l'univers de l'adolescence et, en arrière plan, le microcosme de l'école. Il faut dire qu'il est enseignant lui-même et qu'il vit au coeur de ce petit monde particulier. Ce sont d'ailleurs les thèmes récurrents de nombreux de ses romans: "
La remplaçante", "
Monsieur Bonheur", "
L'amour à boire", "Le
journal de Jamila", etc.
Dans ce livre "Je voudr@ais que tu...", il met les jeunes en garde contre les dangers liés à l'utilisation des réseaux sociaux et les exhorte à avoir de vraies relations "en chair et en os". Son épigraphe est d'ailleurs très explicite:
"Il y a autour de vous des personnes qui ont besoin que se renouent les fils d'une solidarité perdue"
Vincent Engel,
Oubliez Adam Weinberger.
La narration se partage entre les pages du journal intime de Salomé, qui veut devenir écrivain et qui y révèle ses vrais secrets, et les échanges de la bande d'amis sur leur "chat d'or". Cette alternance rend le récit vivant et actuel. Bien sûr, la partie "chat" semblera très certainement artificielle puisque nos héros ont décidé d'écrire sans faute ce qui, on le sait tous, est une fameuse gageure sur le net. Néanmoins, cette façon de procéder - un récit pour les jeunes, vécu et raconté par d'autres jeunes - risque bien de toucher la cible, nos adolescents, qui accepteront par ce biais bien plus facilement la leçon de morale qui sous-tend cette histoire.
Au-delà du message de prévention,
Frank Andriat fait également ici une critique du système scolaire et de deux visions qui s'opposent encore parfois (souvent ?) dans nos écoles, "la pédagogie de l'épanouissement" versus "la pédagogie de la soumission". Je ne peux que me sentir proche de Mme Laurent, l'ancienne prof de français de Salomé et de ses amis qui mélangeait auteurs classiques et auteurs de la jeunesse contemporains afin de stimuler leur enthousiasme pour la lecture et leur intérêt pour l'écriture.
Autre point soulevé, la banalisation de la sexualité chez les jeunes. Il évoque la réalité d'enfants qui "à force de mater des films pornos confondent leur coeur avec leur cul". Cette réalité de jeunes qui trimballent des scènes X sur leur GSM et les exhibent sous le nez des élèves plus naïfs est loin d'être marginale. Je l'ai moi-même vécue dans mon école.
Bref, en tant que maman et enseignante, j'ai beaucoup apprécié ce récit. Il permet d'ouvrir le débat d'une manière concrète, saine et constructive sur un thème brulant d'actualité: internet et ses dérives...