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Citations sur Un lit d'aubépine (8)

- C’est un cercueil. Pour un vieux qui a cassé sa pipe hier soir. J’y ai travaillé une partie de la nuit. Je ne veux pas le faire attendre.
- Est-ce que vous ne pourriez pas en avoir deux d’avance ? Trois d’avance ?
- A Non, parce que je livre toujours de l’ouvrage sur mesure. Comme Garachon le tailleur d’habits. Sauf que le dernier pardessus, c’est moi qui le coupe.
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Le paysan remonta sur son siège. Non sans peine : il devenait de plus en plus obèse. Et de plus en plus jaune. Sa femme lui disait : - Tu me fais honte. Ah ! Si je devais t’éplucher, me faudrait un moment avant d’arriver au trognon ! 145
- Vous voulez en mariage et sans dot ma Étiennette ? Tope là ! Vous l’avez !
Il tendit sa main ouverte dans laquelle Pancrace fit claquer la sienne. Ainsi, il cédait sa fille, non pas comme un champ de blé, mais comme une vache à la foire de Craponne. / ...Pancrace écrivit à ses parents corses qu’il allait épouser une Auvergnate s’ils n’y voyaient pas d’inconvénient….. L’aubergiste de Speloncato fit répondre qu’il était satisfait de sa lettre ; qu’il lui donnait l’autorisation d’épouser cette étrangère, malgré le proverbe qui conseille « ta femme et tes bœufs, pas à plus d’une lieue » 60
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La terre grasse et rétive collait à ses semelles et à l'outil comme si elle se plaisait à le salir, à l'humilier. Il ressentait pour elle une aversion qui allait croissant. Il faut être auvergnat pour l'aimer, alors qu'elle te casse les reins, les bras et les genoux. Ingrate et ladre, elle n'accorde ses dons qu'au prix d'efforts inhumains. Elle sait que dans ce corps à corps, elle aura le dernier mot en recevant ta dépouille. Elle perpétue une malédiction originelle: tu gagneras ton pain en le suant du front et de toute ta personne. Pour s'en exonérer les Corses employaient cent autres occupations moins sudoripares : l'élevage, la pêche, l'artisanat, la prêtrises, le commerce, l'administration civile et militaire, le banditisme. Y déployant des trésors de courage et d'ingéniosité. Traçant chaque matin le signe de croix corse sur leur front, leur ventre, leurs épaules en prononçant: "Que celui-ci nourrisse celui-là, sans le secours de ces deux-là".
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Dans ce désastre, tout n'était pas négatif. Les maladies de foie disparurent presque entièrement. La paysannerie, longtemps méprisée par les seigneurs, les bourgeois, les citadins, les intellectuels, releva la tête puisqu'elle avait le privilège de pouvoir remplir les estomacs. Les humbles suppliants de Saint-Etienne, de Firminy, de Montbrison qui venaient se ravitailler clandestinement à la campagne devaient décliner des recommandations. De préférence en patois.
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 _ Pourquoi qu'on les chasse ?
_ Sans doute parce qu'ils sont très intelligents, très actifs, très audacieux. Ils occupent les meilleures places partout où ils s'installent. Ils se soutiennent entre eux. Ils gagnent beaucoup d'argent dans le commerce, dans la banque, dans la politique, dans les arts ?
_ Les arts, qu'est-ce que c'est ?
_ Ils se font écrivains, peintres, musiciens. Alors les autres, les moins intelligents, les crétins sont jaloux de leur prospérité. Comme les crétins sont beaucoup plus nombreux, ils leur font des misères. Cela se voit souvent. Ainsi, en Allemagne.
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_ Détrompe-toi, la corrigea-t-il. Là-bas tout ce qui est au-dessus des yeux est admirable en effet. Mais affreux tout ce qui est au-dessous.
_ C'est à dire ?
_ Au-dessus : le ciel, les montagnes, les mosquées, les orangers, les oliviers, les palmiers, les dromadaires. Au-dessous : les hommes, guenilleux, crasseux, ignorants, paresseux, les enfants pleins de poux, les yeux mangés par les mouches, les femmes enfermées dans leurs voiles, les ânes maigres, les chemins déplorables, les mendiants à tous les coins de rue, qui jouent du galoubet, les frères aînés qui pincent les cadets pour qu'ils pleurent et apitoient les passants européens ; des étrons partout, faute de cabinets. Je ne crois pas que le paradis terrestre ait de telles odeurs.
_ Alors que faîtes-vous là-bas, vous les Français ?
_ Nous apportons la civilisation. Mais ils la refusent. Il faudra bien deux ou trois siècles pour qu'ils l'acceptent.
Elle considéra avec inquiétude ce fils civilisateur. 
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Le nez dans leur assiette, les petits séminaristes s'efforçaient de consommer par l'esprit ces textes édifiants en même temps qu'ils consommaient par la bouche leur purée de pois cassés. Faisaient exception les individus en état de faute ou de péché, qui subissaient les punitions alimentaires. Elles étaient de trois espèces, de la plus légère à la plus grave. La première consistait à manger debout, derrière le chef de table, en se penchant, en picorant dans l'assiette comme la cigogne invitée par le renard. La seconde était le pain sec, mouillé d'eau claire tout au plus. La pire était « la table de pénitence » : le coupable se tenait au garde à vous près du pupitre lectoral et regardait manger les autres sans manger lui-même.
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Sensible à ces attentions, elle finit par éprouver pour son mari une amitié sincère. Mais ses sentiments n'allèrent pas plus loin. A cause sans doute de mauvaises habitudes qu'il avait prises dans les bordels d'Afrique et de Savoie, il ne sut point la conquérir par les sens. Antoinette avait averti sa fille des exigences maritales :
_ Cela fera partie de tes obligations et c'est indispensable pour avoir des enfants. Paraît que certaines femmes sont friandes de ces exercices. Des femmes sans honte. Pas moi, grâce à Dieu. Alors, pendant que la chose se produisait avec ton père, je pensais à ce que j'aurais à faire le lendemain, aux chaussettes à repriser, au linge à repasser. Ca m'occupait l'esprit. Je te conseille d'en faire autant. 
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