Les jours sont trop courts quand on a un bon livre entre les mains.
Dès le petit déjeuner, comme si elle avait peur qu'il se rétracte, Marthe entreprit une nouvelle fois de lui vanter son projet de mariage. Énervé, il coupa court ;
- C'est entendu, maman. J'épouserais cette fille mais avons-nous besoin d'un déjeuner ? Pour moi, il ne s'agit que d'un contrat.
- Comment oses-tu dire çà ? Tu vas peut-être tomber amoureux d'elle. C'est une jeune fille droite et sincère.
- Je me suis renseignée, elle n'a aucun charme. Je compte sur vous pour l'habiller et la conseiller. Qu'elle ait au moins bonne allure me semble indispensable pour la présenter. Bien conclut-il, comme j'ai peu de temps devant moi, je vais dans mon bureau, je serais de retour pour midi. Nous prendrons la voiture pour nous rendre chez les Aubier.
Dès le petit déjeuner, comme si elle avait peur qu'il se rétracte, Marthe entreprit une nouvelle fois de lui vanter son projet de mariage. Enervé, il coupa court;
- C'est entendu, maman. J'épouserai cette fille mais avons-nous besoin d'un déjeuner ? Pour moi, il ne s'agit que d'un contrat.
L’étrange impression d’être un objet entre les mains de sa belle-mère surgissait à chacun de ses pas. Il n’y avait pas d’échappatoire, pas d’issue, tant qu’elle serait là, son emprise ne faiblirait pas. Elle le découvrait à ses dépens de jour en jour.
Elle supportait de plus en plus mal le désintérêt de ce mari peu attentionné et ses apartés avec sa mère. Voir sa vie ainsi prise dans un étau de souffrance la plongeait dans des crises de larmes répétitives qu’elle essayait de cacher.
Les jours sont trop courts quand on a un bon livre entre les mains.
À la veille d’une nouvelle vie, il n’avait ni compagne ni enfants. Aucune de ses liaisons féminines n’avait tenu. Comment expliquer qu’encore aujourd’hui il n’éprouvait pas le besoin de se marier ? C’était plus fort que lui, jamais il n’avait trouvé dans ses différentes rencontres l’étincelle magique qui l’aurait séduit de façon durable. Pensif, il sortit l’étui à cigarettes qui avait appartenu à son père puis se mit à fumer. Au bout d’un moment, il chassa ses états d’âme, prêt à repartir.
Elle s’en voulait d’avoir eu des doutes et le couvrait de qualités. Son tact et sa prévenance lui semblaient évidents. Il avait su attendre, ne l’avait pas brusquée, bien au contraire. Dès lors, comment ne pas être attirée par un homme comme lui ? Et surtout comment lui refuser quoi que ce soit ?
La passion qu’elle avait ressentie pour lui resurgissait en force sans qu’elle ait de contrôle sur elle. Les mêmes sensations, la même fascination déferlaient dans son corps. Il n’eut qu’à l’attirer contre lui :
Paul et moi, nous avons été très amoureux l’un de l’autre pendant toute la durée du stage qu’il avait entrepris. Malheureusement, quand je lui ai dit que j’étais enceinte, malgré ses promesses de mariage, il s’est volatilisé du jour au lendemain. Je me suis retrouvée seule avec mon enfant à élever.