« Tout est naissance et mort. » (Chap. 2) Telle est la phrase que je retiendrai de ma lecture de la fresque familiale et sociale qu'est
le Dernier des Dulac. Selon moi, elle résume, et en à peine quelques mots, la vision que nous partage
François Antelme de ce qu'est la vie. Et c'est même ainsi qu'il va donner naissance à son oeuvre : le roman commence par la naissance de Marc Dulac et le décès de sa mère Bérengère suite à l'accouchement… C'est alors partagé entre tristesse et soulagement que le lecteur commence à faire connaissance avec les Dulac, riche et puissante famille mauricienne de « Grands Blancs »…
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Ce roman est structurée en deux parties. La première partie, historique, met en scène la jeunesse (de l'enfance à l'âge adulte) des enfants Dulac, c'est-à-dire André,
Marie-Hélène et Marc. A part un première chapitre bouleversant raconté du point de vue du médecin de famille (le Docteur Féraut), tout cette partie est narré au prisme de leur père Eugène Dulac. Homme influent dans l'économie de l'île Maurice des années 1920, sa narration apporte un portrait intéressant de la société mauricienne de l'époque, tandis que nous prenons connaissance de l'histoire de l'île et ses grands thèmes de société (économie sucrière, les dominations anglaises et françaises et l'indépendance, etc…) et de l'histoire familiale bien entendu (depuis l'ancêtre Augustin Dulac arrivé deux siècles auparavant à la fin de la Seconde Guerre Mondiale).
Quant à la seconde partie, plus contemporaine, elle se situe en 1989. Un nouveau narrateur, un journaliste au nom d'Amaury Deveyne, rencontre un homme à l'hôpital et de là va se trouver mêlé à l'histoire de la famille Dulac d'une façon bien étrange (Je n'en dirai pas plus, ce serait trop en dire) tout particulièrement suite à un séjour d'une semaine à Maurice. Il en viendra à enquêter à propos de cette célèbre famille Dulac dont le lecteur en apprendra davantage sur leur histoire après-guerre, et tout particulière celle du « Dernier des Dulac »…
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C'est avec grand intérêt que j'ai suivi l'histoire et la destinée de cette famille et cela bien que ce type de roman n'est pas mon domaine de prédilection. Son écriture en est sa force : simple, fluide et bouleversant. D'autant plus que les personnages sont intéressants, complexes et humains ! Ils sont d'ailleurs particulièrement liés à l'histoire de l'île et sont, sans le paraître, prétexte à évoquer des problèmes de société sous-jacents (racisme, inégalités, etc…). Autant dire que le roman est structurée intelligemment.
Aussi, je tiens remercier Babelio et les éditions Pocket sans qui je n'aurais peut-être jamais découvert ce roman, et sans qui je n'aurais pu sortir un peu plus de ma zone de confort pour découvrir d'autres genres et en devenir une bien meilleure lectrice. Merci !