L'histoire du Grand-Guignol - Théâtre de l'épouvante et du rire

Comme la leçon d'anatomie de Rembrandt appartient à la peinture, le Grand-Guignol appartient au théâtre.
Longtemps, dans le même temps d'ailleurs qu'elle remportait un grand succès, la petite scène de la rue Chaptal a été villipendée, déconsidérée et méprisée.
Puis, l'on s'est aperçu qu'elle avait résonné de grands textes finement littéraires.
Le Grand-Guignol est un petit théâtre de genre mêlant le rire aux larmes.
Son histoire est ici racontée.
Le livre de Camillo Antona-Traversi est celui sur lequel repose bon nombre d'études ultérieures, la plus complète de celles-ci étant certainement "le théâtre des peurs de la belle-époque" d'Agnès Pierron, parue en 1995 dans la collection "Bouquins" chez Robert Laffont.
Qui nous rendra la peur ?
L'homme de tous temps a été hanté par la peur !
La peur est un levier qui soulève les idées.
Au Grand-Guignol, les leviers, au nombre de trois, étaient le mysticisme, le réalisme brutal et le merveilleux scientifique.
Camillo Anton-Traversi était un dramaturge italien, critique littéraire et librettiste.
Il a offert au Grand-Guignol quelques représentations avec "la fiancée", "en bordée", "la Vénus masquée" et "la pieuvre".
Mais surtout, sous la direction de Camille Choisy, il en a été le secrétaire général durant les quatre années tragiques de la première guerre mondiale.
Son "histoire du grand-Guignol", parue en 1933, n'est donc pas un ouvrage réchauffé.
Il restitue avec bonheur ambiance et anecdotes.
Et, il est disponible gratuitement sur Gallica, le fond d'archives de la Bibliothèque Nationale Française.
Depuis la révolution, la littérature avait jeté sur la peur le discrédit du roman puéril.
Le Grand-Guignol, sous l'influence d'Edgar Allan Poe* qui pourtant n'a rien donné au théâtre, nous a rendu cette peur.
Il a aussi longtemps soutenu la pièce en un acte, respectant les trois fameuses unités - de temps, de lieu et d'action.
Il est, aujourd'hui, notamment dans les vieux numéros de "La Petite Illustration", devenu un véritable plaisir ancien de lecture ...

*"Une nuit d'Edgar Poë" cauchemar en un acte d'André de Lorde créé en février 1929 sur la scène du théâtre Saint-Georges - dispo sur Gallica -